Allumons le feu, à retardement...

de Fabien Piasecki

Dans une ambiance proche du jamboree ou d’une grand-messe papale aux Journées mondiales de la jeunesse, Nicolas Sárközy de Nagy-Bócsa s’est acharné, suant sang et eau, à offrir à ses militants et aux journalistes à sa solde "l’envie d’avoir envie" au nom d’une rupture prétendument nécessaire, et justifiée à grands coups de talon sur la gauche héritière de mai 68.

En tentant d’exhorter la jeunesse, le Narcisse matutinal de la politique française s’est enfoncé dans le sol meuble de l’inconséquence et des injonctions de la communication. Autrement dit, à vouloir ratisser trop large, Nicolas Sarkozy a montré une nouvelle fois qu’il n’avait ni les pouces verts, ni un enracinement profond.

En voici quelques exemples, omis par la presse jusque maintenant, sur fond de pierre qui roule - d’éboulis, devrait-on dire - et d’opportunisme malencontreux. "Ne pas aimer la France quand on est Français, c’est se renier soi-même" crie-t-il à la jeunesse.

Pourquoi alors prendre pour modèle un sexagénaire dont le vœu a été en novembre dernier de prendre la nationalité belge ? "La France est votre pays, c’est votre nation, c’est votre patrie et vous n’en avez pas d’autre, même si vos parents ou vos grands-parents sont venus d’ailleurs" lance le président de l’U.M.P. au public de son université d’été, au premier rang duquel on a placé l’idole des jeunes - de mai 68 - qui avouait quelques mois plus tôt, vouloir changer de patrie pour retrouver "une partie de ses racines".

Quelle cohérence ? Quelle identification possible pour la jeune génération ? Comme on pouvait le lire sur une des manchettes du Canard Enchaîné du 6 septembre, c’est Sarko, Optique 2007 (Johnny Hallyday ne manquant pas d’ôter ses lunettes de soleil au moment de l’accolade avec Nicolas le Petit).

Dans la même veine, Nicolas Sarkozy a du mal à rompre avec ses frères de sang que sont Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin même s’il s’échine à prétendre le contraire. Nous en appelons une nouvelle fois à celui qui a quelque chose de teigne & cie. Le 31 juillet dernier sur RTL, Jean-Pierre Raffarin jouait une nouvelle fois le "fan de", "Johnny est un personnage d’exception. Je l’aime beaucoup, je l’aime tout court. ‘Que je t’aime’, c’est le plus grand de tous les messages, au fond, la politique ne parle pas assez d’amour, de cette relation avec les autres qui est au coeur même de notre société".

On se souvient également le concert exceptionnel dudit Johnny durant l’été 2005 sur les terres de Bernadette. Et le président de l’U.M.P. de nous annoncer à l’envi - d’avoir envie - qu’il va casser la baraque et renouveler la politique alors qu’il est aux affaires depuis 2002 avec les tubes qu’on lui connaît. À d’autres...

Faisant sienne une phrase de Michel-Ange (à faire des discours trop longs, on en facilite la critique), "Seigneur accordez-moi la grâce de toujours désirer plus que je ne peux accomplir", Nicolas Sarkozy met un nouveau bât entre les mains de la France du même nom : souhaitons lui pour 2007 des désirs qu’il n’accomplira jamais.