Accueil > Ami DALE, as-tu les boules ?
Trouvé sur un site de directeurs en colère
Retrouvez d’autres articles des "RévoltéES de l’ANPE" sur le site d’AC !
Collègue DALE /(Directeur d’Agence Locale pour l’Emploi)/, jeune recruté(e) ou issu(e) de l’interne, as-tu parfois du mal à te regarder dans la glace ? As-tu du mal à regarder tes agents en face ?
Eh bien, MOI OUI. Et de plus en plus.
Parce que nous avons ordonné, suscité, accepté ou au mieux refusé de voir des comportements déviants pour réaliser l’impossible que l’on attend de nous.
Car les objectifs à atteindre étant surréalistes, des "solutions" sont trouvées :
• 50% minimum d’offres en niveau C ? Il suffit de trafiquer : saisir des offres en A, les passer en C le 29 du mois, les remettre en A le 1er du mois suivant. Saisir en C toutes les régularisations de mesures.
• Augmenter les MER + ? Pas compliqué : on saisit les régularisations de CAE ou de CIE (au hasard !) comme une offre normale, on fait une MER et une MER +. Ou bien on pourvoit des offres qui n’en sont pas, à partir des listes d’embauche d’une entreprise « amie » par exemple.
• Faire baisser les DELD de plus de deux ans ? Hémorragie en catégorie 1 ! On transfère les DE en catégorie 2 ou 3 pour peu qu’ils travaillent deux heures par semaine ou qu’ils acceptent la moindre offre d’intérim. On oublie la gestion de la liste.
• Faire des CAE, des Contrats d’Avenir, encore plus, encore plus vite ? On signe n’importe quoi, un CAE de psychologue, un CAV d’infirmière, on renouvelle n’importe qui, on ne se préoccupe pas de l’accompagnement, ni de la formation...
• Réaliser des centaines de visites entreprises ? On transforme une relation téléphonique en visite, puis une autre, puis dix autres. On saisit une visite à chaque prise d’offre, voire à chaque conclusion d’offre.
• Réussir le PAP ? Quelques questionnaires, quelques informations collectives, des entretiens téléphoniques, des entretiens libellés « RAS ». Pas grave si le compte est bon.
Et pour cela, nous ne voulons plus rien savoir de la vie de nos agents :
• Refus de temps partiel : comment faire autrement, ça ne passe pas !
• Parts variables dénaturées : celui-ci en aura quatre, il n’a pas d’états d’âme, c’est un bon agent. Celui-là se pose trop de questions, il demande quel est le sens de son boulot, il a une décharge syndicale, ou il est souvent malade et hop ! zéro pointé !
• Refus de mutation : on ne peut pas se permettre d’avoir un poste vacant en ce moment !
• Et par-dessus tout : refus d’écouter, d’entendre leur souffrance, leurs questions, leur surcharge de travail.
Car nous ne disons rien :
• En EDD ; silence ! La solidarité, connais pas. On se tire dans les pattes, même...
• En réunion de l’encadrement : pas une question, pas une protestation, pas une remarque autre que politiquement correcte.
• En entretien de progrès : pas une remise en cause, pas une question sur le sens de notre action.
• Devant les media, les partenaires : nous sourions, nous défendons des options indéfendables, nous nous vendons à bas prix.
ET MAINTENANT ?
Voilà qu’arrive le SMP /(suivi mensuel personnalisé)/. En ce printemps 2006, ce n’est que le début d’un processus qui déjà, nous asphyxie. Et pendant ce temps-là, aucune tâche n’a été retirée :
• Le rapprochement et le suivi des offres : de plus en plus long avec l’augmentation des offres en C.
• La relation entreprise : visites, toujours visites, alors que les autres « relations » ne sont jamais comptées.
• La saisie des AIS : OFAA a multiplié le temps nécessaire par deux.
• Le suivi qualité des prestations : les nouvelles habilitations ont complexifié le suivi.
• La gestion et le suivi des mesures du PCS : retiré à la DDTE, ajouté à l’ANPE.
• L’accompagnement interne : en groupe, s’il vous plaît...
Je passe sur les versions GIDE truffées de bugs, sur le délai de réception des PPAE à 5 jours (ça, c’est le pompon !), sur la mise en œuvre kafkaïenne des « parcours » et autres joyeusetés...
Et au lieu de dire « basta ! », au lieu de dire que c’est impossible, comme nous le savons tous, nous continuons à chercher des solutions tordues. L’Etablissement panique complètement, et nos « hiérarques » savent que nous allons droit dans le mur.
Alors ils génèrent eux-mêmes la triche organisée :
• Création de portefeuilles bidons pour les saisonniers, les assistantes maternelles...
• Apparition de fausses « structures de suivi » pour sortir du SMP les jeunes CIVIS, les TH...
• Entretiens mensuels factices pour éviter de recevoir les DE dangereux, énervés, relevant de suivis psychologiques...
• Commissions de « suspension temporaire du SMP »...
Mais nous faisons tout ça pour quoi ?
• Pour échapper à la pression du DDA qui téléphone quatre fois par jour, du Préfet qui veut des chiffres, du DDTE qui demande où en sont les mesures...
• Pour toucher une prime opaque qui entretient la concurrence entre nous et pousse encore à la triche.
• Pour une carrière, une promo, ou un espoir d’être un jour CM, loin de toutes ces galères...
Alors ? ALORS, AMIS DALES...
À ce stade, un tiers d’entre vous a mis ce texte à la poubelle dès les premiers mots. Grand bien leur fasse. Et ceux qui l’ont lu jusqu’ici se disent : C’est bien joli, mais que faire ?
ET SI ON FAISAIT NOTRE RÉVOLUTION A NOUS ? (rien que ça ?)
Si on se parlait ?
Si on faisait ce qu’on nous demande dans le respect des textes, des notes, de la gestion de la liste ?
Et si on arrêtait cette course sans fin après des chiffres de plus en plus faux ?
C’est si simple, au fond, d’appliquer EXACTEMENT les textes, et c’est INATTAQUABLE !
• On ne saisirait que des vraies offres.
• On ne ferait que de vraies E36.
• On ne ferait que des vraies MER +.
• On ne changerait pas les D.E. de catégorie sans leur accord.
• On réfléchirait avant de radier des gens qui perdent ainsi tous leurs moyens de subsistance...
Oui, nos résultats baisseraient et... Non, nos objectifs ne seraient pas atteints.
Mais au moins, nos chiffres seraient JUSTES.
Et si on le faisait tous ensemble, on ne risquerait rien du tout.
Et nous pourrions garder la tête haute, devant nos agents, devant l’externe et face à nous-mêmes. Et nous dormirions mieux la nuit.
Le 8 mai 2006
Messages
1. Ami DALE, as-tu les boules ? , 21 décembre 2006, 19:03
Chapeau, le DALE !
Merci à AC ! de relayer ce témoignage.
Il est à la une d’actuchomage.org, à visiter si vous voulez décrypter les sigles et autres charabias contenus dans ce coup de gueule.
Petit papa noël, donne-moi un DALE comme ça dans mon ANPE.
Rose
conseillère ANPE de base
2. Ami DALE, as-tu les boules ? , 21 décembre 2006, 23:52
J’en veux un aussi comme celui-ci...a-ton cassé le moule ?
Un agent Lambda
3. Ami DALE, as-tu les boules ? , 23 décembre 2006, 08:22
Tentative de décryptage des sigles et autres vocables obscurs :
OFFRES DE NIVEAU C : offres d’emploi pour lesquelles l’entreprise a un conseiller attitré, dit « garant », qui reçoit les candidatures et fait une pré-sélection sur CV. Offre anonyme, le nom de l’entreprise n’est pas diffusé. L’engagement-qualité de l’ANPE comporte l’obligation de traiter en niveau C 50 % au moins des offres enregistrées.
OFFRES DE NIVEAU A : offre nominative, les personnes intéressées peuvent s’adresser directement à l’employeur.
MER+ : trrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrèèèèèèèèèèèèèèèèèèzzzzzzzzzzz-important, les mères-plus. Mises en Relation positive (ayant aboutit à une embauche), c’est le nec plus ultra des performances de l’ANPE, c’est le cœur du métier, c’est le PLA-CE-MENT.
DE : demandeur d’emploi
DELD : Demandeurs d’Emploi de Longue Durée (12 mois d’inscription dans les 18 derniers mois).
Catégorie 1 : seule comptabilisée, elle concerne les DE cherchant un emploi durable et à plein temps. Cat. 2 : DE cherchant un temps partiel, cat. 3, DE cherchant un CDD ou de l’intérim.
GESTION DE LA LISTE : l’une des principales missions de l’ANPE, la Gestion de la Liste des Demandeurs d’Emploi, d’où sont issus tous les « chiffres du chômage ».
CAE : Contrat d’Accompagnement à l’Emploi, réservé aux publics prioritaires, « éloignés de l’emploi », taillables et corvéables.
CAV : idem, pour les « minima sociaux » (RMI, ASS, API, AAH)
Emplois à temps partiels (sauf rares exceptions), limités dans le temps et largement financés par des fonds publics et des exonérations.
PAP : Projet d’action personnalisé. Dans le cadre du PARE (plan d’action de retour à l’emploi) mis en place en 2001, chaque DE est « bénéficiaire » d’un PAP qui doit être actualisé tous les 6 mois. Le PAP est actuellement en voie de disparition au profit du PPAE (voir plus loin).
EDD : Equipe départementale de direction = DDA + DALE + adjoints aux DALE
AIS : Attestation d’inscription à un stage de la paperasserie que devrait faire l’ASSEDIC. OFAA (?) un logiciel de gestion des formations ?
PCS : Plan de coercition sociale, le zinzin à Borloo
GIDE : outil informatique qui permet la gestion de la liste des demandeurs d’emploi.
PPAE : Projet personnalisé d’accès à l’emploi. Elaboré en principe lors de l’entretien d’inscription. Remplace le PAP. S’actualise tous les mois.
CIVIS Contrat d’insertion dans la vie sociale, destiné aux jeunes les moins qualifiés. Contrat d’accompagnement (et non pas contrat de travail !) avec des partenaires (missions locales…)
TH : Travailleur handicapés (reconnus par la COTOREP)
DDA : Directeur délégué de l’ANPE. Un délégation représente l’équivalent d’un ou deux départements.
DDTE : Direction départementale du travail.
CM : chargé de mission. Un poste envié, loin du front, et souvent placard doré.