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Annick Coupé :"Pour un processus de mobilisation prolongée"

Publie le dimanche 2 octobre 2005 par Open-Publishing

Entretien réalisé par Paule Masson

Rencontre avec Annick Coupé, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires.

Tous les syndicats appellent à participer à la mobilisation.

Pourquoi insistez-vous sur le besoin de se mettre en grève le 4 octobre ?

Annick Coupé. Depuis le référendum du 29 mai, le gouvernement est largement délégitimé dans l’opinion publique et chez les salariés. Il a pourtant fait le choix d’une accélération débridée des politiques libérales. L’enjeu du 4 octobre est de permettre au mécontentement social de se faire entendre. Un mot d’ordre unitaire des organisations syndicales sur l’emploi et salaires y contribue grandement. Le fait que les collectifs locaux du 29 mai ou de défense des services publics se joignent aux manifestations est un signe - encourageant. Pour notre part, nous ajoutons aux mots d’ordre la défense des services publics car la politique gouvernementale forme un tout.

Les choix gouvernementaux sont en train de se dessiner dans le budget 2006. Comment réagissez-vous à l’annonce de nouvelles exonérations de charges patronales ?

Annick Coupé. Cette logique, on la connaît bien. Elle dure depuis vingt ans mais n’a jamais produit de résultats probants sur le chômage. Le gouvernement veut exonérer tous les emplois du niveau du SMIC d’ici 2008. Il multiplie les cadeaux aux entreprises, et c’est la collectivité qui doit compenser les pertes de recettes pour la Sécurité sociale ! De son côté, le patronat remplace de plus en plus les augmentations de salaires par l’octroi de primes individuelles, qui sont ponctuelles et échappent elles aussi aux cotisations sociales. Pourtant, le moins que l’on puisse dire, c’est que les bénéfices se portent bien. Inverser les logiques globales de précarité renvoie au partage de la valeur ajoutée.

Que faudrait-il faire pour sortir l’emploi de la spirale de la précarité ?

Annick Coupé. Abroger le contrat « nouvelles embauches ». L’immédiat passe par là, mais ne suffit pas. Il ne faut pas laisser la précarité devenir la normalité mais au contraire décider de mesures qui l’encadrent, la limitent et la placent sous contrôle des élus du personnel. Des mesures fiscales, de surcotisation, par exemple, devraient inciter les entreprises à limiter le recours aux contrats précaires. Il est aussi nécessaire de s’attaquer sérieusement au problème de la sous-traitance, notamment la sous-traitance en cascade, dont les emplois sont le plus souvent précaires, insalubres et dangereux. Enfin, alors que le patronat réclame une mise en insécurité toujours plus poussée des salariés, il devient fondamental de mettre en avant un maximum de garanties en termes de continuité de revenu, continuité des prestations sociales, de cotisations retraites, d’accès à des formations qualifiantes.

Cela passe-t-il aussi par des revalorisations salariales ?

Annick Coupé. De ce point de vue, l’État pourrait émettre un premier signe positif en rouvrant les négociations salariales dans la fonction publique. Même s’il n’y a pas d’automatisme, une progression des rémunérations des fonctionnaires est une incitation à faire de même dans le secteur privé.

Face à l’intransigeance du gouvernement, pensez-vous utile de donner des suites au 4 octobre ?

Annick Coupé. Il y a déjà des rendez-vous inscrits au - calendrier. La fédération Convergence des collectifs services publics, qui s’est constituée à Angoulême, appelle à manifester 19 novembre à Paris. Pour nous, il s’agit d’une continuité même si le mouvement syndical n’est pas à l’origine de cette décision. Ces collectifs, qui rassemblent des syndicats, des citoyens, des élus locaux, contribuent à poser le problème des services publics comme un bien commun nécessaire à tous. Il faut donc travailler des articulations avec le mouvement syndical. Le 4 octobre est une occasion de remobiliser. Cette journée est très importante mais risque de ne pas suffire à faire céder le gouvernement. On manifeste tous ensemble. Pouvons-nous tous ensemble engager un processus de mobilisation prolongée ?

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