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Appel des étudiants de 67 universités, réunis en Coordination nationale les 24-25 nov. 2007 à Lille
Publie le dimanche 25 novembre 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Nous, étudiants de 67 universités, réunis en Coordination nationale les 24-25 novembre 2007 à Lille, adoptons l’appel suivant.
Plus de la moitié des universités sont en blocage total ou partiel et plus de 60 universités sont touchées par la mobilisation.
Nous rejetons la LRU parce qu’elle signifie la privatisation de l’enseignement supérieur. L’introduction de financements privés va renforcer les inégalités entre universités et filières et va permettre une mainmise du patronat sur le contenu des formations. L’université n’est pas responsable du chômage, et adapter l’université aux exigences du "monde du travail" ne rapprochera pas les étudiant-e-s de l’emploi : la professionnalisation est au contraire le plus court chemin vers la déqualification et vers la précarité. La LRU implique aussi la précarisation des statuts des enseignants et personnels, et la transformation des présidents d’université en véritables managers.
Nous refusons la logique d’autonomie financière, qui implique le désengagement financier de l’État, et donc l’augmentation à terme des frais d’inscription. Nous refusons également l’instauration d’une présélection à l’entrée de l’université, qui remet en cause l’accès de tous à l’université.
La ministre Pécresse a récemment annoncé le déblocage de moyens pour les étudiants en 1er cycle (réorientation, tutorat), ainsi que la suppression des cautions pour le logement... en échange d’un « retour au calme » sur les campus. Cela prouve que le gouvernement voit bien qu’il y a un problème dans les universités, et qu’il a peur du mouvement étudiant. Mais ces annonces ne répondent pas au problème central : la LRU, et les dangers qu’elle nous promet. C’est pourquoi nous demandons au bureau national de l’UNEF de prendre clairement position pour l’abrogation de la loi Pécresse, et de cesser toute négociation jusqu’au retrait de cette loi.
La LRU n’est ni amendable, ni négociable, que ce soit sur un plan local ou national. Depuis le début de la lutte, c’est la position de toutes les assemblées générales et de la coordination nationale, seules instances représentatives des étudiant-e-s mobilisé-e-s.
Si nous nous battons pour l’abrogation de la LRU, c’est parce que nous nous battons pour le droit à l’éducation pour tous, et contre la destruction du service public. Étudiants et lycéens, avec la LRU et les 11 500 suppressions de postes dans l’éducation, c’est notre avenir qui est menacé. Exiger l’abrogation implique donc de lutter pour une augmentation massive du budget de l’enseignement supérieur, pour la création des milliers de postes dont il y a besoin, pour de vrais diplômes nationaux reconnus dans les conventions collectives, pour l’égalité entre Français-e-s et Étranger-e-s dans l’accès aux études. Cela implique aussi de lutter pour une augmentation massive des aides sociales, et d’être solidaires des salarié-e-s qui luttent en ce moment pour une amélioration de leur pouvoir d’achat.
Il est possible de gagner, de faire reculer le gouvernement sur nos revendications. SNCF et RATP, Air France, EDF-GDF, avocats, salariés de la fonction publique... Sarkozy a beau dire qu’il ne reculera pas face à nous, lui et son gouvernement ont été affaiblis par les grèves. La réussite de la journée de grève du 20 novembre a montré qu’il existait une volonté de lutte dans de larges secteurs de la jeunesse et du monde du travail. Les cheminots en particulier ont montré que lutter contre Sarkozy et sa politique était possible.
En effet, la LRU n’est pas une loi isolée mais fait partie d’un contexte de casse généralisée du service public dû à une libéralisation grandissante de la société et de l’économie française, ce que nous condamnons.
Pour cela, la coordination nationale appelle les étudiant-e-s à approfondir et amplifier la mobilisation dans les campus, à renforcer les liens entre personnels, enseignants et étudiants. Les lycéens doivent se mobiliser encore plus massivement. Et lycéens et étudiants doivent chercher la convergence avec les travailleurs, en premier lieu ceux de l’Éducation Nationale, notamment dans les universités et dans les lycées.
La plupart des présidents d’université étant en faveur de la LRU, ils n’hésitent pas à recourir à la répression pour briser la mobilisation. Les fermetures administratives, les interventions policières... ne répondent pas à de prétendus « problèmes de sécurité » : elles visent à nous empêcher de nous mobiliser, c’est-à-dire nous priver de notre droit de nous révolter. Nous condamnons toutes les interventions policières et les arrestations. Nous exigeons l’amnistie de tous les inculpés des mouvements sociaux, y compris ceux du mouvement cheminot. Nous exigeons la réouverture de toutes les universités fermées administrativement, et le retrait de toutes les forces de police qui occupent actuellement des universités.
Nous réclamons la démission des présidents d’universités ayant fait appel à la répression et collaboré à l’expulsion de sans-papiers.
Suspendre les cours est le seul moyen efficace pour que tous les étudiant-e-s, notamment les boursiers, puissent se réunir et décider ensemble de se mobiliser. Sans blocages votés dans des Assemblées Générales massives, les étudiants ne disposent pas réellement de droit de grève. Sans occupation des locaux, ils ne disposent pas véritablement du droit de se réunir. Face aux tentatives de faire reprendre les cours par l’intermédiaire des référendums, nous réaffirmons la seule légitimité des Assemblées Générales pour décider des suites du mouvement : c’est dans les AG que les informations, les différents points de vue peuvent être échangés et que les étudiant-e-s peuvent voter en connaissance de cause. C’est aux grévistes d’organiser eux-mêmes la prise de décision et non aux présidences d’université, qui pour la plupart soutiennent la réforme.
Nous appelons donc au boycott des votes organisés par les administrations universitaires.
Nous exigeons la réouverture de toutes les universités fermées administrativement, et le retrait de toutes les forces répressives (polices, vigiles privés...) qui occupent actuellement les universités.
Leur projet est de détruire l’ensemble des acquis sociaux. Face à ce projet, c’est ensemble que nous gagnerons : nous devons construire un mouvement d’ensemble des jeunes et des salariés pour riposter à l’offensive du gouvernement.
Nous appelons à un véritable service public dans tous les domaines : éducation, santé, transports, protection sociale ce qui implique un réengagement massif de l’État dans le financements de l’enseignement supérieur et la recherche, la titularisation des précaires, l’augmentation des salaires et du point d’indice dans la fonction publique....
Nous reprenons l’appel de la coordination de Tours à la journée de mobilisation 27 novembre.
Nous appelons à faire du 29 novembre une manifestation nationale étudiants/lycéens.
Nous appelons à une journée nationale de solidarité avec les sans-papiers le 3 décembre.
Nous proposons une prochaine journée de mobilisation interprofessionnelle le 4 décembre.
Nous rejoindrons toute initiative proposée par les salariés en grève : leur combat est aussi le nôtre.
Nous appelons tous les jeunes et les salariés à se saisir de ces dates pour nous rejoindre dans la grève.
Nous appelons à la tenue de réunions interprofessionnelles dans toutes les villes.
Commentaire d’un militant snesup présent comme témoin :
Le Monde et Libération reprennent un communiqué de l’AFP, qui ne présente que partiellement et très tendancieusement les faits.
Une partie de la presse nationale, vexée de la méfiance dont elle est l’objet de la part de nombreuses AG et de la coordination nationale, a, en effet, décidé de les "punir" en quittant les lieux sans couvrir l’évènement. A quoi ressemble, de la part de journalistes professionnels, le fait de ne citer que l’un des protagonistes (les militants UNEF qui sont partis) et "une étudiante proche de la coordination" ? Pas besoin d’être présent à Lille pour constater la caractère partisan de ce communiqué. Solidarité entre soi-disant « exclus » par cette méchante et injuste coordination composée de sales gauchistes ?
Il est exact que le bureau de la coordination n’a pas laissé entrer la presse en début de séance, certains délégués ayant demandé un vote sur ce point. Il est encore exact que les journalistes ont dû attendre plusieurs heures (la présence de la « commission cinéma » des AG de Lille 1 et 3 a elle-même été soumise au vote de la coordination).. Mais ce délai n’était pas délibéré : l’assemblée n’a commencé que vers 13h30, et elle a consacré trois heures à arrêter son ordre du jour, ne suspendant cette discussion que pour entendre, successivement, un représentant des cheminots et une délégation des personnels universitaires (lesquels ont dû aussi faire le pied de grue à l’extérieur pendant quelques heures mais ne se sont pas plaints), et à examiner les mandats litigieux.
Les seuls délégués reconnus par la coordination sont ceux qui ont été valablement désignés par les AG, quelle que soit par ailleurs leur éventuelle appartenance ou non à une organisation étudiante. La question de la revendication d’abrogation étant évidemment cruciale, l’importance de la validation des mandats par la coordination n’échappe à personne. Il importe de confirmer que c’est la coordination dans son ensemble en formation plénière et par vote à mains levée après débats, qui a procédé, au cas par cas, à l’examen des cas litigieux. Mais la position des délégués litigieux quant à l’abrogation n’a pas constitué un critère officiel de validation de leurs mandats.
Une partie de la délégation des personnels, composée de militants SNESUP et CGT de Lille, se trouvait encore dans l’amphi lorsque cet examen a commencé. J’ai entendu une partie du débat sur le cas de cette étudiante mandatée par une AG d’un autre établissement que celui où elle est inscrite.
Il est vrai que les débats étaient vifs, mais n’est-ce pas toujours le cas dans ce type d’assemblée, et est-ce anormal ? Oui, ce processus de validation des mandats a été tendu, mais en quoi cela est-il répréhensible ?
Une partie de la délégation de l’UNEF a décidé de quitter la coordination par solidarité avec les délégués non validés (je n’ai pas le nombre exact, mais il ne dépasse pas la dizaine, sur 222 délégués, chiffre fourni par le bureau de la coordination). Alors que j’étais sorti de l’amphi avec une camarade, nous avons vu une quinzaine d’étudiants quitter l’assemblée (à ma connaissance à cette heure, il n’y en a pas eu d’autre), et nous avons eu un bref échange avec eux. Les déclarations de l’UNEF (50 délégués sur 150).telles que rapportées par l’AFP semblent donc inexactes. Je laisse à ces militants UNEF dissidents la responsabilité de leur interprétation de l’incident telle que l’AFP la rapporte.
Au moins un militant UNEF était au bureau de la coordination, et c’est lui qui présidait la séance samedi après-midi.
A suivre.
Amicalement,
Philippe Enclos
Messages
1. Appel des étudiants de 67 universités, réunis en Coordination nationale les 24-25 nov. 2007 à Lille, 25 novembre 2007, 22:41
Comme Pécresse a décidé d’augmenter le nombre de bénéficiaires de bourses d’études, le portant à 100 000, cela traduit bien dans les faits que la pauvreté gagne du terrain dans les familles. Ca veut donc dire que les familles de la classe moyenne sont en train de dégringoler vers la pauvreté.
Il y a de quoi s’alarmer sérieusement de la situation en France. Je commence à avoir peur du devenir des salariés et de leurs enfants, sans oublier les retraités, les chômeurs, les rmistes et les handicapés. 80 % des français sont en train de s’appauvrir à vitesse grand V et le pouvoir d’affirmer qu’il appliquera sans faiblir ses réformes. Le Sarko a des oeillères béton, qu’à la fin ça lui pètera aux yeux !!!
2. Appel des étudiants de 67 universités, réunis en Coordination nationale les 24-25 nov. 2007 à Lille, 25 novembre 2007, 23:36
Très bien les jeunes, mais faite attention à la manipulation de toute sorte. Courage, c’est vous l’avenir de ce pays.