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Appel en défense de la gauche irakienne

Publie le jeudi 1er juillet 2004 par Open-Publishing

Voici un appel en défense de la gauche irakienne, qui se trouve actuellement
dans une situation difficile du fait de l’occupation coalisée et des
exactions des milices islamistes et nationalistes. Nous souhaitons le faire
signer à des personnalités intelectuelles, artistiques, syndicales, etc...
pour faire connaître cette situation et surtout appeler à developper des
formes concrètes de solidarité. Vous pouvez trouver plus d’information sur
le site http://www.solidariteirak.org/

Si vous accepter de faire partie de la liste des premiers signataires, vous
pouvez me le faire savoir, en rappelant votre nom et votre qualité. Je reste
à votre disposition pour toute information complémentaire.

premières signatures reçues :

Coordination Lesbienne en France - Ligue des Droits de l’Homme - Les Pénélopes -
Jean-Marc Adolphe (rédacteur en chef revue Mouvement) - Catherine Berthet-Cahuzac (maître de conférences, Espagnol, Paul Valéry - Montpellier III) - Régis Blanchot (secrétaire fédéral de Sud-PTT) - Sonia Bressler (philosophe et journaliste) - Christophe Caillé (syndicaliste CGT) - Daniel Calin (philosophe, formateur d’enseignants spécialisés) - Vincent Charbonnier (ingénieur d’études) - Jean-Christophe Chaumeron (syndicaliste CGT) - Yves Coleman (traducteur) - Franck Cuvillier (rédacteur, Solidarité Irak) - Jean-Claude Delaunay (économiste) - Xavier Decrock (militant syndical CGT) - Nicolas Dessaux (archéologue, président de Solidarité Irak) - Chantal Enguehard (maître de conférences en informatique, Nantes) - Vincent Faure (professeur des écoles) - Fabrice Flipo (maître de conférences) - Robin Foot (sociologue) - Emanuel Angelo da Rocha Fragoso (Professeur de Philosophie, Brasil) - Marc Frey (Sud Education 91) - Isabelle Garo (enseignante) - Jean-Luc Gautero (maître de conférences 72e section (philosophie des sciences-histoire des sciences-logique), Nice) - Charlotte Girard (juriste) - Jimmy Gladiator (instituteur retraité, écrivain, éditeur) - Philippe Gottraux (enseignant en science politique, Lausanne) - Georges Grbic (comédien) - Anne Jolet (historienne) - Geneviève Koubi (professeure de droit public) - Georges Labica, (philosophe, professeur émérite des universités, Comité de Résistance Démocratique Internationale et de soutien à la résistance irakienne) - Jean-Loic Le Quellec (ethnologue) - Spyros Marchetos (historien) - Christian Mahieux (secrétaire fédéral SUD-rail) - Isabelle Mathieu (journaliste) - Fabienne Messica (sociologue, Cedetim et Ligue des Droits de l’Homme) - Francis Mizio (écrivain) - Franck Nadaud (économiste) - Jérôme-Alexandre Nielsberg (journaliste) - Claude Patriat (professeur de Science politique à l’Université de Bourgogne) - Céline Pauvros (chômeuse, Solidarité Irak) - Eva Rachele Grassi ( sociologue/poète) - Rachel de Rancourt (enseignante) - Nathalie Rey (Maître de Conférences en Economie) - Christèle Rocher (ingénieure d’études) - Angelo Ermanno Senatore (professeur/artiste) - Edith Soboul (Alternative Libertaire) - Maxime Vivas (écrivain)

Cordialement,
Nicolas Dessaux
Archéologue, président de Solidarité Irak

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L’étau se resserre autour de la société irakienne

Parce que nous nous sommes opposés à la guerre, il y a un an. Parce que
depuis lors, l’Irak vit un cauchemar aggravé, il est hors de question, par
notre silence, d’être complices d’un l’écrasement : celui de la gauche
irakienne.

« Père sunnite, mère chiite, moi athée, tendance John Lennon » répond Oday
Rasheed, un jeune réalisateur, lorsqu’on lui demande son origine ethnique et
religieuse. De générations en générations, l’Irak est un pays qui jouit
d’une longue tradition d’écriture, de création et de savoir. Il n’est pas ce
pays dont on nous dresse le portrait, qui, pour sortir de la barbarie d’une
occupation militaire, se précipite avec enthousiasme dans la barbarie d’un
régime fondamentaliste.

Les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis. Rejeter
l’occupation coalisée et son conseil de gouvernement fantoche, surtout sous
couvert d’ « anti-impérialisme », n’implique pas le soutien aux forces
réactionnaires, nationalistes et religieuses, c’est-à-dire aux pires ennemis
de la liberté et de l’égalité. « Après avoir été débarrassé de Saddam,
l’Irak doit être débarrassé de ses idées ! », proclame Yanar Mohammed, de
l’Organisation pour la liberté des femmes, menacée de mort en raison de son
combat contre la charia. Au contraire, les USA favorisent le retour des
dirigeants baasistes au gouvernement, dans l’administration et dans l’armée.

Il existe aujourd’hui, en Irak, des organisations de gauche, un mouvement
social qui exprime une alternative sociale et féministe, et qui,
souverainement, rejette à la fois l’occupation militaire et la réaction
nationaliste, ethniciste ou religieuse. Des chômeurs et des chômeuses qui
organisent quarante-cinq jours de sit-in devant le bureau de Paul Bremer,
représentant civil de la coalition ; des femmes qui appellent à manifester
tête nue contre la charia ; des grévistes qui n’hésitent pas à mettre dehors
la direction corrompue de leur usine ; des réfugiés qui luttent pour un
logement digne, pour le simple droit de vivre ; des ouvriers qui empêchent
aux milices d’Al-Sadr’ de s’emparer de leur usine : voilà l’autre visage de
l’Irak, celui qu’on nous montre le moins souvent. Chaque jour, des luttes,
des grèves et des manifestations expriment le désir radical de vivre et non
de survivre. Et face à elles ? les baïonnettes, les milices, les fatwa, la
torture...

Au-delà des slogans anti-guerre, il est urgent de développer une solidarité
concrète avec le mouvement progressiste, laïque, social et féministe en
Irak. Les syndicats, les associations de femmes, de chômeurs, manquent de
moyens pour s’organiser efficacement, pour diffuser leurs idées dans le pays
et se faire connaître à l’étranger, pour mettre en place les moyens de
subsistance les plus élémentaires. Notre solidarité internationaliste peut
les aider à distribuer de la nourriture ou des médicaments aux réfugiés, aux
sans-toits, aux plus pauvres ; à disposer de locaux, de moyens de
communication et de défense ; à organiser leurs luttes et à porter leurs
revendications.

L’étau se resserre autour de la société irakienne. Le mouvement social,
seul, le brisera !