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Après Lyon, la grève chez Téléperformance gagne Paris
Publie le mardi 28 décembre 2004 par Open-PublishingLes salariés du centre d’appel dénoncent les délocalisations et la précarisation des conditions de travail.
Par Sonya FAURE
ls sont une trentaine de salariés du centre d’appels Téléperformance à faire le pied de grue devant le site du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). A ressasser leurs conditions de travail toujours plus précaires et les menaces répétées de délocalisation vers le Maghreb. « La direction se croit en Tunisie... Elle ne respecte rien : toutes les occasions sont bonnes pour tirer nos droits vers le bas », explique un militant de SUD.
Le mouvement est parti de Lyon : la semaine dernière, une centaine de salariés s’étaient mis en grève. Ils ont repris le travail hier, avec la promesse de rencontrer, cet après-midi, le vice-président-directeur général de Téléperformance France, qui s’affiche comme le premier prestataire français de centres d’appels et emploie 4 000 personnes sur quinze sites. Hier, des employés du Kremlin-Bicêtre ont décidé de débrayer à leur tour. La direction, pour sa part, restait injoignable hier soir.
Précarisation. « On a commencé à sérieusement s’inquiéter quand un collègue d’origine tunisienne est revenu d’un séjour à Tunis en nous racontant que Téléperformance ouvrait un troisième site dans ce pays », explique Karim Belmahjoub, délégué CGT à Lyon. En août, les salariés lyonnais s’aperçoivent que des confrères tunisiens répondent également aux appels des clients de Cegetel, dont Téléperformance est le prestataire. « Ça s’est passé de la même manière pour la délocalisation des activités Wanadoo, analyse le syndicaliste. La première année, ils n’ont délocalisé que 20 % de l’activité. Trois ans plus tard, tous les appels étaient traités en Tunisie. »
Devant le centre du Kremlin-Bicêtre, on se compte. Une trentaine seulement sur les 250 présents sur le site, selon SUD... « C’est déjà beaucoup pour nous, lâche l’un d’entre eux. Ils ont peur... » Les salariés en CDI de Téléperformance, seuls à participer au débrayage, sont pris en tenaille entre les menaces de délocalisation et l’extrême précarisation des emplois. SUD estime que les intérimaires représentent 70 % des salariés des sites du Kremlin-Bicêtre et de la rue Firmin-Gillot à Paris. « Ils ont même nommé des superviseurs intérimaires !, s’insurge une gréviste. Une manière de rabaisser encore les CDI, de les pousser à la démission... » Selon SUD, Téléperformance France a licencié 430 CDI en 2003.
Plannings. « Nous connaissons parfois nos plannings le jeudi pour la semaine suivante, nous enchaînons les appels sans souffler, explique une autre. Tout ça pour 1 050 euros par mois, après trois ans de maison. » Outre des revendications salariales, les grévistes demandent un treizième mois, la garantie de ne pas excéder 35 heures par semaine (certains sites atteignent les 44 heures, en fonction de l’activité) et de ne pas travailler plus d’un samedi sur deux. Ils veulent également que leur emploi du temps soit établi un mois à l’avance et réclament des garanties sur le logiciel d’écoute téléphonique « Nice » : « La direction avait déjà détourné un précédent logiciel, qu’elle n’avait pas déclaré à la Commission nationale informatique et libertés, pour justifier de sanctions ou de licenciements de salariés, témoigne Karim Belmahjoub. Ce qui est illégal. »