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Après les sifflets contre la Marseillaise, un regard sur la presse tunisienne

Publie le samedi 18 octobre 2008 par Open-Publishing
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Après les sifflets contre la Marseillaise, un regard sur la presse tunisienne
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samedi 18 octobre 2008

Le salut au drapeau et l’hymne national dans les établissements scolaires
Quelle part du sacré ; quelle part du sacrilège ?

C’est en Septembre 1989 que le salut au drapeau national est décrété obligatoire dans les établissements scolaires tunisiens. Une telle mesure date déjà comme on le voit de bientôt vingt ans ; mais avec ce qui s’est passé tout récemment au Stade de France (sifflements contre La Marseillaise), le sujet retrouve toute son actualité, d’autant plus que ceux qui sont désignés du doigt comme les auteurs de ce comportement indigne sont des Français d’origine maghrébine. Le 20 heures de France 2 du mercredi 15 octobre alla même jusqu’à interroger deux jeunes Tunisiens naturalisés Français qui reconnaissaient avoir, le soir du match France-Tunisie, hué l’hymne national français.

Nous avons trouvé intéressant de voir comment, chez nous, les jeunes se comportent face aux symboles sacrés que représentent le drapeau national et l’hymne du pays. C’est pour cette raison que nous nous sommes rendus dans trois établissements scolaires : un lycée étatique, un autre privé et une école primaire. Nous avons été très bien reçus par les responsables des trois établissements. Le proviseur du premier lycée nous a même invités à assister à la cérémonie solennelle du salut du drapeau. Invitation que nous ne pûmes décliner surtout qu’elle nous permettait de juger de la place que tient une telle tradition dans la vie de nos lycées et écoles qui, faut-il le rappeler, accueillent surtout des adolescents en période de rébellion contre les symboles de la société des adultes.

Où sont les professeurs ?

Il était presque huit heures quand le haut-parleur du lycée étatique entonna l’hymne national tunisien. Des élèves de quatre classes différentes étaient déjà rangés en face du drapeau que l’un de leurs camarades se chargeait de hisser lentement. Au même moment, des fonctionnaires et quelques ouvriers de l’établissement observaient aussi le silence symbolique digne de telles circonstances. Nous ne vîmes cependant que quelques rares enseignants dans la cour de l’établissement ; la salle des professeurs grouillait de monde pourtant à notre arrivée et à notre départ. Peut-être préféraient-ils saluer le drapeau de loin, ou évitaient-ils de s’afficher aux côtés de leur directeur ! Renseignement pris auprès d’autres chefs d’établissements du secondaire et de professeurs, une telle attitude est une exception et ne peut valoir de référence. Certes, nous dit-on, les enseignants se tiennent un peu à l’écart mais ils accomplissent le devoir avec beaucoup de ferveur et de sens des valeurs. Après tout, ce sont des enseignants qui, selon un calendrier préétabli et à tour de rôle, supervisent la cérémonie et veillent à son bon déroulement.

Du côté des élèves, on nous confie qu’il faut beaucoup de temps pour leur faire saisir la haute valeur symbolique de ce geste : le proviseur reconnaît que son administration a été amenée parfois à sanctionner certains élèves qui s’absentent sans raison quand vient leur tour de saluer ou de hisser le drapeau. Nous avons interrogé quelques jeunes du lycée qui ont tous exprimé leur profond respect de tous les symboles patriotiques et ont fustigé l’attitude de certains supporters qui, dans les stades, font preuve d’inconscience et de légèreté pendant le salut du drapeau. Ces élèves avaient cours à 8 heures mais étaient tous restés dehors à l’heure de l’hymne !

Pas de sanction mais de la diplomatie

Leurs camarades du lycée privé arrivaient presque tous avec du retard par rapport à l’heure du salut du drapeau et chacun avait son prétexte. M.Samir Chaâbane, directeur de l’établissement reconnaît que pour certains élèves, la cérémonie relève d’un protocole désuet et sans réelle efficacité. « Il est inutile de sanctionner de tels élèves, aucune mesure ne leur apprendra le sentiment patriotique ; au contraire les sanctions peuvent avoir dans ce cas l’effet inverse. Le patriotisme et les valeurs nationales s’apprennent dès l’enfance ; oui dès la crèche et le jardin d’enfants. A la maison aussi les parents sont appelés à nous faciliter la tâche. Personnellement, je m’y prends avec diplomatie : sans l’intimider vraiment, je fais sentir à l’élève réticent que c’est un devoir sacré qu’on lui demande d’accomplir et je le « harcèle » un peu pour finir par le convaincre ; je fais appel aussi à l’expérience pédagogique des enseignants pour enraciner petit à petit les hautes valeurs patriotiques dans l’esprit des jeunes dont nous avons la responsabilité au sein de notre école. »

A propos des professeurs qui ne saluent pas le drapeau, notre interlocuteur se demande s’il ne s’agirait pas de personnes qui ne font pas la part des choses. Certains parmi eux croient d’après M. Chaâbane, qu’en saluant le drapeau, ils font allégeance au parti ! Il reproche en même temps aux proviseurs des lycées où de tels comportements sont enregistrés de ne pas exercer assez de pouvoir sur leurs administrés. D’un autre côté, il nous concède que ses prérogatives ne sont pas assez claires à ce sujet bien précis : un directeur a-t-il le droit, s’interroge M.Chaâbane, d’obliger ses professeurs à sortir dans la cour saluer le drapeau et honorer l’hymne. Ce point n’est pas expressément mentionné dans les règlements fixés par le ministère. Donc, conclut-il, il vaut mieux s’en remettre à son savoir faire en matière de rapports humains pour ne pas envenimer les relations entre les enseignants et leur administration.

Vous n’entendez pas une mouche voler

A l’école primaire où nous nous sommes rendus, les élèves avaient déjà accompli « leur devoir patriotique quotidien », quand nous sommes arrivés. Le directeur de cet établissement situé au cœur d’un quartier jugé difficile s’est dit très content de ses enfants comme de leurs maîtres. Ce sont surtout les élèves des classes « supérieures » qui sont le plus souvent désignés pour saluer le drapeau et aussi chanter l’hymne national. Dans cette école, on a choisi de ne pas utiliser de haut-parleur pour permettre aux écoliers de mieux apprendre les paroles de ce chant et de mieux éprouver son caractère sacré. « Vous n’entendez pas une mouche voler lorsque la cérémonie est commencée. Je ferme toutes les portes ; tant pis pour les retardataires et pour les parents qui accompagnent leurs petits. C’est un instant solennel et lui conférer la vénération qu’il mérite importe plus que tout à mes yeux. J’ai la conviction intime que si nos élèves parviennent à considérer dans toute sa solennité et sa majesté ce moment sacré, nous pouvons dire que la mesure prise en 1989 a atteint pleinement son objectif », souligne le directeur de l’école.

Notre interlocuteur n’en veut pas aux jeunes adolescents qui en débarquant dans les collèges ou les lycées oublient tout ce qu’ils ont appris à l’école. « Ils passent par une période de remise en question mais un jour ils mûriront et comprendront à quel point il est important d’aimer son pays à travers tous ses symboles ! ».

Une pratique à bannir

Nous voudrions avant de terminer dénoncer certaines pratiques adoptées dans plusieurs collèges et lycées du pays. Il s’agit de ces interludes musicaux pendant les récréations : les D.J. de fortune qu’on désigne pour sélectionner les titres à faire jouer choisissent souvent des tubes occidentaux qui sous prétexte de détendre les lycéens les déracinent un peu plus. L’hymne national à 8 heures et Sean Paul, ou Beyonce ou Shakira à 10 heures, ce n’est peut-être pas la meilleure recette pour renforcer le sentiment patriotique et l’identité nationale !

Badreddine BEN HENDA

Messages

  • De la Tunisie, La Marseillaise chantée à capella est un chant de guerre
    « Le jour de gloire est arrivé... », « aux armes citoyens... ». Siffler l’hymne Français lors d’un match "amical" a été vraisemblablement une atteinte à la nation, mais si l’on s’y résout à saisir ses paroles, bien sonnante à capella, on s’apercevra que c’est un chant de guerre. Allez expliquez alors que c’est un symbole d’état...
    Nous étions devant notre télé à la maison en Tunisie pour suivre ce match. C’était la première fois que ma fille s’intéresse au foot, mais comme elle venait d’apprendre le Français, elle s’était vraiment concentrée.
    Ah ! tiens on chante au stade de France, sans musique et en arabe. Bravo FFF.
    Papa : "Eh oui ma fille il y a des gens qui comprennent l’arabe en France".
    Amina, disait (traduction) : "...si un peuple voulait vivre un jour en paix, il se doit de se faire respecter..." C’est un beau message de paix.
    Papa : "Maintenant tu vas écouter l’hymne Français ma fille".
    Le second hymne, chanté par Laam dans la langue de Molière disait : "Aux armes citoyens ... un sang impur abreuve nos sillons...". Et quelle fut la réaction de ma gamine ? Je suis sur que vous l’avez compris. Je dois expliquer des paroles d’un autre temps : ... Aux armes citoyens..., ... etc, prononcées lors d’un match de foot !
    Et j’avais donc du répondre à cette question :
    La fille : "A qui donc appartient ce sang impur dans un stade ?"
    Je m’étais résilié alors à tirer de la bibliothèque l’encyclopédie qui retrace l’épopée Napoléonienne pour lui expliquer que la France a hérité ce documents depuis plus de deux siècle et qu’elle n’envisageait pas le changer même s’il est porteur d’idées agressives.
    Dommage que ces phrases soient encore prononcées au cours d’un match "amical".

  • Savoir écouter un chant pour lui donner son sens historique juste :

    Chant révolutionnaire d’une époque où pouvait être français tout peuple qui désirait l’être : même un Alsacien parlait un dialecte germanique...

    Nous n’étions pas à une époque haineuse et xénophobe jetant des gens dans des avions...

    Alors que la France était en guerre contre les souverains d’Europe

    Non pas de son fait mais de celui des tyrans alors écoutez,
    lisez le cinquième couplet

    Français, en guerriers magnanimes

    Portez ou retenez vos coups !

    Épargnez ces tristes victimes

    À regret s’armant contre nous

    Mais ces despotes sanguinaires

    Mais ces complices de Bouillé

    Tous ces tigres qui, sans pitié

    Déchirent le sein de leur mère !