Accueil > Arrêtez le massacre à Gaza !
À un peu plus d’un mois des élections législatives, le gouvernement israélien renoue avec les pires méthodes coloniales et lance sa plus grande attaque depuis 60 ans contre le peuple palestinien. En une journée, plus de 280 personnes ont été tuées par des bombardements massifs à Gaza. Ce massacre suscite la condamnation unanime de tous les pays voisins et des protestations dans le monde entier.
ALORS que partout dans le monde, la fin du mois de décembre est souvent une période de fêtes, marquée notamment par le passage vers la nouvelle année, une tragédie est en train de se dérouler à quelques milliers de kilomètres de La Réunion. Depuis samedi, l’armée israélienne a lancé une attaque massive contre 1,5 million de Palestiniens vivant dans les 362 km carrés de la bande de Gaza.
Pour de nombreux observateurs, cette attaque est sans précédent depuis 60 ans, date du début de la colonisation massive de la Palestine par le gouvernement israélien. Cette offensive meurtrière se situe dans le prolongement de cette guerre de conquête coloniale qui dure depuis 60 ans.
Dès la proclamation de l’État d’Israël, des centaines de milliers de Palestiniens ont été chassés de leurs maisons et de leurs terres. Ils sont depuis condamnés à vivre dans la promiscuité de camps de réfugiés, et cela depuis plusieurs générations.
Peuplée de 1,5 millions d’habitants, la Bande de Gaza - 36 km de long, sur 10 km de large - concentre sur une faible superficie près d’un million de réfugiés et de descendants de réfugiés. Ce nombre a doublé par rapport à 1993. Dépossédé de sa terre, cette population nombreuse vit dans une véritable prison à ciel ouvert, cernée par l’armée israélienne, qui en a pris le contrôle depuis 41 ans.
Saisissant le moindre prétexte, le gouvernement israélien n’hésite pas à imposer le blocus à Gaza. Résultat : plus rien ne peut rentrer, et ceux qui doivent sortir pour travailler sont bloqués chez eux.
Plus d’un million de Palestiniens pris en otages
Plus de la moitié de la population de Gaza vivait en 2007 en dessous du seuil de pauvreté palestinien, et le taux de chômage était d’au moins 45%. Cela s’est encore aggravé.
Cette situation économique extrêmement difficile, conjuguée à la difficulté de concevoir un retour au pays fait le lit de l’extrémisme. Cette tentation a été encore favorisée par la politique menée par le gouvernement israélien. Ce dernier n’a eu de cesse d’affaiblir l’Autorité palestinienne, alors dirigée par Yasser Arafat. Sans aucun moyen pour agir, cette Autorité, élue par le peuple palestinien, a été discréditée.
Ce facteur, conjugué à la poursuite de la colonisation israélienne, a conduit des Palestiniens toujours plus nombreux à se tourner vers des mouvements plus intransigeants que le Fatah de Yasser Arafat. Cela a débouché sur la victoire du Hamas aux élections. Alors que la politique du gouvernement israélien avait tout fait pour favoriser cette issue, la répression s’est intensifiée, visant particulièrement la bande de Gaza.
En juin 2007, le Hamas devient la première force palestinienne à Gaza en s’imposant au Fatah à la suite de combats meurtriers entre Palestiniens. Depuis cette date, Tel-Aviv impose un blocus total à Gaza. Les conséquences sont dramatiques. Même le blé ne passe plus, ce qui prive les habitants de Gaza de pain. Sans compter les pénuries de médicaments et de carburants utilisés pour produire de l’électricité. Les seuls ravitaillements possibles sont de rares convois organisés au bon vouloir de la puissance occupante.
À un mois des élections
La situation sociale et économique s’est donc aggravée depuis ces dix-huit derniers mois. 80% de la population vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, et le taux de chômage atteint 65%. De telles conditions ouvrent la porte à des manifestations de désespoir, et à des actes de vengeance aveugle, comme celui de tirer des roquettes qui peuvent malheureusement blesser ou tuer parfois. Mais ces actes désespérés de résistance sont savamment utilisés par les colonialistes pour justifier leurs exactions et faire monter la pression auprès de l’opinion publique israélienne. Et les prochaines élections doivent avoir lieu le 10 février...
Saisissant ce nouveau prétexte, le gouvernement israélien a donc décidé de frapper fort à un peu plus d’un mois des élections. Et depuis samedi, une des zones les plus densément peuplée du monde est frappée par des bombardements aériens. C’est une attaque sans précédent depuis 60 ans. Mais c’est un épisode de plus dans la colonisation de la Palestine, un crime qui se pérpétue dans l’impunité depuis 60 ans.
Manuel Marchal
Bilan du blocus de Gaza : 80% des habitants sous le seuil de pauvreté
Ziad Medoukh est enseignant à l’université Al-Aqsa de Gaza, et fondateur du Centre de la Paix. En octobre dernier, il a résumé les conséquences du blocus. Voici quelques extraits d’un article paru sur le site "Infos Palestine".
« Les pertes directes causées par le blocus s’élèvent à plus de 640 millions de dollars depuis le début de ce blocus jusqu’à la fin de ce mois d’octobre.
Le revenu par habitant et par jour est de 2 dollars seulement et 80% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le blocus a engendré des dégâts considérables dans tous les domaines économiques et sociaux, ce qui a fait de Gaza une zone sinistrée. Il paralyse la libre circulation des biens et des personnes de Gaza vers l’extérieur et vice versa, il entrave tous les échanges commerciaux contrairement à tous les accords et toutes les conventions dans lesquels l’Etat israélien s’engageait devant les organisations internationales ; lesquelles préconisent de faciliter la libre circulation des bien et des personnes conformément à trois accords dont le dernier portait sur les points de passage en novembre 2005, malgré le respect palestinien de la trêve.
Les rapports ont aussi indiqué que le pourcentage de ceux qui vivent en dessous de seuil de pauvreté s’est élevé atteignant 80% .
Économie anéantie
Selon la Banque mondiale, le taux du chômage atteint 65% entraînant un bas de niveau de vie des Gazaouis qui n’arrivent plus à subvenir aux besoins essentiels de la vie sachant que le revenu annuel est de moins de 650 dollars soit environ deux dollars par jour.
On note que 97% des 3 900 usines ont été fermées mettant au chômage plus de 35 500 ouvriers, et ceux qui ont gardé leur emploi ne dépassent que 1 500 ouvriers.
Il faut mentionner aussi que depuis le début du blocus, les pertes mensuelles sont de l’ordre de 15 millions de dollars. Les bénéfices nets du secteur à Gaza atteignaient 800 000 de dollars par jour en 2006, c’est-à-dire 97,5 millions de dollars jusqu’à la mi-octobre 2008.
Le manque d’exportation de produits a causé des pertes s’élevant à plus de 320 millions de dollars.
Le nombre des établissements industriels est passé de 600 à 30 seulement causant des pertes de plus de 120 millions de dollars et envoyant 6 500 ouvriers au chômage.
Plus de 960 usines produisant 5 millions pièces de vêtements par an dont on exporte 95% en Israël ont été fermées et 25 000 ouvriers ont perdu leur poste.
Les dégâts à cause de l’arrêt des exportations ont dépassé 40 millions dollars, on estime que les véhicules dont on a besoin pour l’exportation sont d’environ environ 245 véhicules par mois.
Agriculture sinistrée
On a 70.000 hectares de terres agricoles avec 280.000 à 300.000 tonnes de capacité productive de l’ensemble des produits agricoles par an. Et le tiers de ces produits sont pour l’exportation.
Le secteur agricole permet à plus de 40.000 citoyens de Gaza - c’est-à-dire 12,7% de la population active - de trouver un emploi permanent ou partiel et il fournit la nourriture pour le quart des habitants.
Depuis le blocus imposé sur la bande de Gaza, l’occupation israélienne a interdit l’exportation de n’importe quel produit y compris les produits agricoles à l’extérieur. Aussi elle ne fait pas entrer les semences, les engrais et les autres équipements agricoles causant de grands dégâts qui ont dépassé 135 millions de dollars depuis mi-juin jusqu’à mi-octobre 2008.
Pénurie de médicaments
Selon les rapports du ministère de la Santé, on estime qu’il y a un manque crucial de médicaments essentiels qui dépasse 160 types. Et plus de 120 types vont s’épuiser dans les jours qui viennent.
Aussi il y a plus que 90 appareils médicaux qui sont en panne et on ne peut pas les réparer par manque de pièces de rechange.
Selon l’Organisation Mondiale de la santé, des centaines de malades ne peuvent pas voyager pour se soigner à l’extérieur bien qu’ils ont besoin de faire des opérations et des chirurgies spéciales.
L’O.M.S affirme que l’occupation a interdit à plus de 1.150 malades de sortir afin de se soigner depuis le début de blocus jusqu’à la fin de juin. On estime que plus de 1.300 malades ont besoin de se soigner à l’extérieur dont 210 cas délicats. Alors, 259 malades ont trouvé la mort parce qu’ils n’ont pas pu voyager .
L’Union française juive pour la Paix appelle à la mobilisation contre les exactions coloniales
L’armée israélienne a attaqué Gaza cette nuit avec des moyens militaires énormes. Le premier bilan fait état de 150 morts, civils pour la plupart. Ce massacre était annoncé, envisagé et commenté ces derniers jours dans la presse israélienne, après la fin de la trêve respectée par le Hamas et rompue sans arrêt par l’armée israélienne. (...) Il n’y a aucun statu quo possible, aucune perpétuation envisageable de ce siège impitoyable et criminel. Tout peuple assiégé a le droit de résister à l’oppression.
Aucune symétrie ne peut être établie avec les quelques missiles qui sont tombées sur des villes israéliennes. Il n’y aura pas de sécurité pour les Israéliens sans sécurité pour la population de Gaza. Les politiques européenne et américaine depuis Annapolis, en évitant d’affronter la réalité de l’occupation, aboutissent à l’impasse attendue dont encore une fois le peuple palestinien paie tout le prix.
L’Union Juive Française pour la Paix dénonce le crime qui se déroule contre la population de Gaza. Elle appelle à manifester partout contre cette nouvelle agression. L’UJFP exige une réaction immédiate du gouvernement français, de la Communauté Européenne et de l’ONU pour faire cesser l’agression et pour mettre un terme au blocus de Gaza.
L’ONU renvoie colonisés et colonisateurs dos à dos
Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé dimanche à la fin immédiate de toutes les activités militaires dans la bande de Gaza, dans une déclaration non contraignante.
Le texte lu par le président en exercice du Conseil de sécurité, l’ambassadeur de Croatie Neven Jurica, à l’issue d’une réunion d’urgence, "appelle à l’arrêt immédiat de toute violence" et appelle les parties au conflit "à arrêter immédiatement toutes leurs activités militaires".
Le texte ne mentionne nommément ni Israël ni le mouvement islamiste Hamas.
Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a condamné l’utilisation excessive de la force par Israël qui cause des pertes civiles. Il a aussi condamné les attaques à la roquette par les militants palestiniens sur le territoire israélien. Il a appelé aux Israéliens et aux Palestiniens à mettre fin aux violences contre la bande de Gaza et le sud d’Israël.
Les pays arabes condamnent les raids israéliens
Face à l’escalade des violences autour de la bande de Gaza, notamment les bombardements israéliens depuis samedi, la Ligue arabe a annoncé que les ministres arabes des Affaires étrangères tiendraient une réunion d’urgence au plus tard aujourd’hui.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a aussi demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de se réunir rapidement pour adopter une position face aux raids israéliens sur Gaza.
Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui s’exprimait à Amman, a fermement condamné les attaques israéliennes sur la bande de Gaza, a déclaré son porte-parole Nabil Abu Ereinah dans un communiqué.
Le roi Mohammed VI du Maroc a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU et au Quartette international d’intervenir pour faire cesser les violences. Il a dénoncé avec fermeté l’usage disproportionné de la force par Israël.
L’Algérie a déclaré qu’elle "condamne et dénonce avec vigueur cet acte criminel abjecte", exhorte la communauté internationale à oeuvrer rapidement à mettre un terme à ces "agressions".
Le président syrien Bachar al-Assad a appelé à la tenue d’un sommet arabe d’urgence pour étudier des actions à engager devant cette situation. M. Assad, actuellement président du sommet arabe, s’est entretenu par téléphone avec les dirigeants du Qatar, de la Libye,du Soudan, du Yémen et de l’Algérie, selon la chaîne de télévision satellitaire syrienne.
Le président soudanais Omar al-Béshir, qui s’exprimait samedi à la chaîne de télévision al-Jazeera, a demandé que les pays arabes tiennent un sommet, fassent une déclaration ferme et adoptent une position unie face aux opérations israéliennes à Gaza. Il a aussi appelé les pays arabes cherchant à normaliser leurs relations avec Israël à arrêter le processus. Il a par ailleurs proposé que les pays arabes révisent leurs relations avec les Etats-Unis.
L’Occident condamne Israël... et les Palestiniens
Du côté des occidentaux, les condamnations ne visent pas seulement les méthodes coloniales de l’armée israélienne, elles appellent également les Palestiniens à cesser de riposter contre la colonisation qu’ils subissent depuis soixante ans.
Le haut représentant de l’Union européenne (UE) pour la politique étrangère et de sécurité commune, Javier Solana, a déclaré qu’il était "extrêmement préoccupé par la violence et l’effusion de sang à l’intérieur et autour de Gaza", estimant que les frappes israéliennes infligent une perte inacceptable aux civils palestiniens et ne feront qu’empirer la crise humanitaire et compliquer la recherche d’une solution pacifique.
La Russie a appelé Israël à "arrêter immédiatement" ses actions militaires contre Gaza, et demandé au Hamas de stopper ses attaques à la roquette sur Israël.
Le Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé Israël à faire tout son possible pour éviter les pertes civiles dans ses actions militaires, tout en demandant aux Palestiniens à stopper les attaques à la roquette contre Israël.
Aux Etats-Unis, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, Gordon Johndroe, a demandé à Israël d’éviter des pertes civile quand il vise le Hamas à Gaza. Il a également demandé au Hamas de stopper ses attaques à la roquette sur Israël. "Le Hamas doit mettre fin à ses activités terroristes s’il veut jouer un rôle dans l’avenir du peuple palestinien", a-t-il dit. Il a également demandé au Hamas de mettre un terme aux attaques de roquettes sur Israël.
La présidence française de l’Union européenne a publié samedi un communiqué pour exprimer sa "plus vive préoccupation" devant l’escalade de la violence dans le sud d’Israël et dans la bande de Gaza, condamnant fermement les "provocations irresponsables qui ont conduit à cette situation ainsi que l’usage disproportionné de la force".