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Athènes les 29 et 30 : 1er Congrès du Parti de la Gauche Européenne

Publie le lundi 3 octobre 2005 par Open-Publishing

Le 1er Congrès du Parti de la gauche européenne aura lieu à Athènes les 29 et 30 octobre prochains.

de Jean François Gau

Ce congrès a à son ordre du jour l’adoption de thèses politiques intitulées : "Oui, nous pouvons changer l’Europe !". Sa discussion portera sur le contenu des alternatives proposées, sur les types de rassemblements à opérer pour résister aux offensives libérales et ouvrir de nouvelles perspectives, et bien évidemment sur le rôle et l’activité du PGE.

Le congrès élira en conclusion de ses travaux les instances de la Gauche européenne, conformément aux statuts.

Le Conseil national doit donc aujourd’hui donner son opinion sur l’orientation et l’évaluation du PGE et désigner la délégation de notre parti à ce congrès.

1. Les raisons d’être de l’existence du Parti de la gauche européenne sont accrues

La Gauche européenne est un tout nouveau parti européen. Je le rappelle, il a été créé il y a un an et demi, en mai 2004, à Rome. Il est sans doute nécessaire de commencer par rappeler les motivations qui nous ont conduits à contribuer à sa fondation, pour apprécier aujourd’hui si leur validité demeure.

Nous (je veux dire : les partis qui ont décidé ensemble cette création) sommes partis d’un constat. Celui d’une offensive coordonnée et tous azimuts des politiques libérales qui se déploient sur l’ensemble du continent et singulièrement au sein de l’Union européenne ; et celui, là encore à l’échelle européenne, d’une montée des contestations de ces politiques et des aspirations à d’autres solutions que celle du capitalisme mondialisé.

Nous avons constaté que des organisations citoyennes et syndicales se sont structurées au plan européen, mais qu’à ce niveau, il n’existait pas de lieu permettant de mettre en commun les analyses et les actions des partis et organisations de gauche, antilibérales pour constituer une force politique porteuse de ces contestations et aspirations et leur donnant leur expression politique. Non seulement, a pensé notre parti, il était grand temps de combler ce manque, mais celui-ci était déjà à l’époque préjudiciable à notre combat. « Nous n’avons que trop tardé », estimait Marie-George Buffet lors du Congrès fondateur de Rome.

Un an et demi après, nous devons considérer que les raisons d’existence d’un tel espace politique de construction et d’initiative sont pour ainsi dire décuplées : avec, tout à la fois, l’intensification des politiques de casse sociale en Europe et dans chacun de nos pays ; et les grands mouvements de lutte qui se sont développés, la victoire du non en France et aux Pays-Bas, l’émergence en Allemagne d’une force nouvelle d’opposition au libéralisme et d’exigence d’une gauche de transformation.

Nous voyons pour notre part dans la construction d’une telle force politique européenne un élément indispensable à l’efficacité de notre action.
Soyons précis sur ce point. La dimension européenne est devenue, depuis longtemps maintenant, une dimension essentielle de notre propre politique de Parti communiste français. Elle l’est de plus en plus, par la force des évolutions : du fait de l’imbrication des décisions prises à Paris et à Bruxelles, comme des convergences de luttes et d’exigences entre notre peuple et les autres peuples européens. Nous avons certainement beaucoup de progrès à faire, mais le fait est que nous ne sommes pas désarmés sur ce terrain : nous agissons, proposons, rassemblons - je pense qu’il est inutile d’en faire une longue démonstration après le 29 mai.

Nous n’attendons donc pas qu’on nous décharge de nos responsabilités (encore moins qu’on nous dicte nos décisions) en matière européenne. Mais, pour sa crédibilité même, notre action ne peut pas se limiter à notre seule intervention en France. Souvenons-nous, durant la campagne du référendum, des arguments portant sur l’« isolement » prétendu du non antilibéral en Europe : « Vous êtes les seuls à penser cela ! » Nous avons besoin, pour rendre notre action plus efficace, d’explorer toutes les possibilités de rassemblement dans le combat pour résister au libéralisme et pour changer l’Europe, avec toutes les forces qui le souhaitent.

Convenons que, parmi ces possibilités qu’il est indispensable de saisir, il y a le fait d’être partie prenante d’une force politique agissant à l’échelle européenne.

Ce que nous souhaitons, parce que nous considérons que c’est une nécessité pour les forces progressistes européennes et pour notre parti lui-même, c’est donc que ce 1er Congrès puisse déboucher sur une intensification du travail du Parti de la gauche européenne.

2. Agir ensemble pour une transformation profonde de l’Europe

Dans sa première année et demie d’existence, la Gauche européenne a commencé à prendre sa place dans le paysage politique européen. On peut le constater au nombre des partis qui s’y rassemblent. Il y avait quatorze partis membres et quatre partis observateurs lors du Congrès fondateur de Rome ; ils sont aujourd’hui seize à être membres (ils seront sans doute dix-sept au 1er Congrès) et huit à être observateurs.

Les évolutions intervenues en Europe ont accru son autorité. Il est le parti européen dont la raison d’être est le combat contre le capitalisme mondialisé, la recherche d’alternatives aux politiques libérales, autoritaires, militaristes en Europe et de convergences avec toutes les forces qui agissent en ce sens. Il est ainsi le seul parti européen à s’être prononcé clairement contre le traité constitutionnel européen, le seul à ne pas avoir été pris à contre-pied par les non populaires et antilibéraux en France et aux Pays-Bas, mais au contraire à les considérer comme des faits majeurs ouvrant de nouvelles possibilités à son action au service des peuples européens.

Cette place particulière occupée par le PGE lui confère de nouvelles responsabilités. Je ne pense pas exagérer en affirmant qu’existent aujourd’hui une attention et une attente nouvelles à son égard de la part de forces européennes diverses.

C’est donc légitimement qu’il est proposé que le 1er Congrès se saisisse de la principale question posée aujourd’hui à ces forces antilibérales - non seulement : « Comment résister ? », mais : « Quelle alternative ouvrir pour l’Europe ? » Les thèses politiques qu’il devra adopter énoncent donc les grandes lignes des transformations progressistes de l’Europe pour lesquelles s’engage la Gauche européenne, selon trois grands axes : la paix, un autre modèle économique pour une Europe sociale, la démocratie. Un quatrième chapitre traite des rassemblements à opérer.

Ce document est à examiner par chaque parti membre dans la préparation du congrès. Il n’a été finalisé qu’hier soir, après un travail de propositions de modifications qui a duré plus longtemps que prévu. Nous disposons d’une version en anglais ; il faudra quelques jours pour la traduire.

Dès que ce travail sera effectué, ce document sera disponible sur le site Internet du PCF et adressé à toutes les fédérations afin que les communistes en aient connaissance et fassent connaître leurs remarques éventuelles. Ce sont les adhérentes et adhérents, en effet (nous avons été le seul parti à adopter cette procédure), qui ont décidé, il y a un an, par un vote à bulletin secret, de l’adhésion de leur parti à la Gauche européenne. Elles et ils ont un droit de regard et de jugement sur les suites de cette décision. Lors de sa prochaine réunion, le 14 octobre, le Conseil national pourrait donc être informé des opinions formulées et donner un mandat plus précis à la délégation que nous allons élire.

Sans attendre, je pense que celle-ci devrait être attentive notamment à quatre préoccupations :

1. L’analyse de la situation en Europe et la nature des objectifs qui doivent en découler pour les forces progressistes. Nous pensons pour notre part que les non français et néerlandais ont permis de placer sur le devant de la scène européenne une réalité majeure : le rejet partagé des peuples européens des politiques libérales et leur exigence d’autres solutions. Ce qui est remis en cause, ce sont les fondements mêmes des institutions et des politiques sociales, économiques, militaires, environnementales européennes. C’est à ce niveau qu’il faut se placer pour être en état de répondre aux refus et aux exigences des peuples.

2. Cette nouvelle période qui s’est ouverte en Europe offre des possibilités inédites de mobilisations et de constructions entre les forces antilibérales. De nouvelles convergences peuvent s’effectuer entre ces forces politiques, syndicales, associatives, comme l’expérience du référendum en France l’a prouvé. Des processus de rapprochements visant à des actions communes s’engagent, tel celui inauguré par la Conférence de Paris des 24 et 25 juin derniers, ce qui est sans précédent à l’échelle européenne. Nous pensons que la Gauche européenne devrait jouer un rôle moteur dans ces processus, qui ne sont pas, cela va de soi, un « long fleuve tranquille »...

3. Les thèses politiques affirmeront les principes de la transformation fondamentale de l’Europe pour laquelle agit la Gauche européenne. L’énonciation de tels principes est essentielle. Et nous attachons beaucoup d’importance à ce que, dès le 1er Congrès, ces grands choix puissent se traduire en termes de propositions transformatrices précises. À cette fin, des « motions » portant sur des thèmes politiques particuliers sont préparés par des groupes de travail et seront proposés au congrès. Alain Obadia, pour le PCF, est responsable du groupe portant sur les questions économiques.

4. Nous souhaitons enfin que l’ensemble de ce travail puisse déboucher sur la proposition d’initiatives fortes, de « campagnes » à l’échelle européenne que pourrait animer le PGE, dans le sens des objectifs que je viens d’énoncer.

3. Des améliorations nécessaires pour le développement du PGE

La discussion du congrès portera également, bien naturellement, sur la Gauche européenne elle-même, sur son bilan et les moyens de son développement. Pour favoriser cet examen par les partis membres et observateurs, le Bureau exécutif met à leur disposition un document de travail « sur l’évaluation et la conception du Parti de la gauche européenne ». Ce document a été réalisé à partir des réponses des partis membres à un questionnaire qui leur avait été adressé portant sur quatre thèmes : l’utilité de la Gauche européenne, ses objectifs, son fonctionnement, les adhésions individuelles. Ce document, qui vous a été remis, sera porté à la connaissance des adhérents dans les mêmes conditions que celui portant sur les thèses.
Dans quel esprit notre délégation pourrait-elle apporter à la discussion du congrès sur ces questions ?
À l’évidence, des difficultés et des insuffisances se sont révélées dans cette première année et demie d’existence.

Certaines tiennent à la nouveauté même de cette formation politique. Il s’agit d’installer un travail commun entre des partis qui partagent, certes (et c’est l’essentiel), des analyses et des objectifs fondamentaux qu’énonce leur Manifeste adopté au Congrès de Rome, mais dont les traditions et les cultures politiques, les conditions de leur action, les prises de position sont différentes, parfois très différentes. Les contradictions qui existent au sein des forces progressistes européennes (par exemple entre forces de l’Ouest et de l’Est du continent, ou entre conceptions différentes du devenir de l’Europe) traversent le PGE.

Parvenir à construire des prises de position communes et un travail effectif accompli ensemble constitue un processus, qui n’en est qu’à son début et qui exige tout à la fois souplesse et volonté politique.

Ce processus est celui de la mise en œuvre d’une conception de cette force politique qui est elle aussi nouvelle, en phase de rodage, pourrait-on dire.
Le Congrès fondateur de Rome a défini le Parti de la gauche européenne comme « une association, flexible et décentralisée, de partis et organisations politiques de gauche européens, indépendants et souverains qui travaillent sur la base du consensus ».

Cette définition nous convient parfaitement. Comme l’indique le document de travail, « selon cette conception, cette association de partis au plan européen est une nouvelle réalité politique européenne, un nouveau parti politique européen qui a l’objectif de devenir une nouvelle force européenne. Son développement nécessaire s’imagine dans ce cadre et l’évaluation de son action se fait en termes concrets d’efficacité du fonctionnement et de la production d’idées et d’initiatives de cet espace de travail politique européen entre partis associés. »

Sur ce plan, il est évident qu’au moment de l’adoption pays après pays du traité constitutionnel et singulièrement du référendum français, par exemple, la Gauche européenne n’a pas joué totalement le rôle (en termes de visibilité et de campagnes communes) que lui conférait ses prises de position. Et ce type de remarque peut être fait sur plusieurs sujets. Si on devait résumer par une appréciation à la manière d’un professeur notant son élève, on dirait : « Peut mieux faire »...

Cette conception du PGE comme un espace de travail et d’initiative au plan européen entre partis associés avait fait l’objet, au moment du Congrès de Rome, de beaucoup de discussions. On s’en souvient, la question de la possibilité d’adhésions individuelles à la Gauche européenne avait été un point d’achoppement. Cette disposition ne nous pose pas de problème dans les pays où aucun parti n’est adhérent de la Gauche européenne, mais dans les pays où existent de tels partis, ouvrir la possibilité d’adhésions à la GE « à côté » et indépendamment d’eux peut induire, à notre avis, une évolution vers une entité politique qui serait autre chose qu’un lieu de convergence d’analyse et d’action entre partis associés. C’est pourquoi nous y avons été opposés pour la France.

Le Congrès de Rome avait inscrit dans les statuts une phase d’expérimentation de cette disposition, chaque parti étant libre de l’adopter dans son pays ou non. Cette phase va se poursuivre. Rien ne nous conduit à changer notre position.

Des remarques similaires peuvent être faites à propos de certains réseaux de la Gauche européenne. Nous nous retrouvons dans les remarques faites à ce propos dans le document de travail qui préconise que « le développement du travail sur tel ou tel thème, ainsi que l’ouverture indispensable de ce travail à des personnes qui ne soient pas obligatoirement membres de tel ou tel parti s’effectuent d’abord et avant tout par la création de groupes de travail de la Gauche européenne ».

En cette matière, nous pensons qu’il ne peut pas y avoir de raccourci possible à la question réelle posée au PGE qui est celle de l’approfondissement du débat politique en son sein, d’une plus grande souplesse de fonctionnement, de l’engagement en commun de grandes campagnes d’action, c’est-à-dire d’un développement important du travail entre forces politiques au plan européen, associant leurs propres adhérents et, au-delà, toutes les forces disponibles pour un tel travail.

Enfin, le document de travail avance plusieurs propositions d’améliorations du fonctionnement du Conseil des présidents et du Bureau exécutif, que nous partageons.

4. La délégation du PCF au Congrès d’Athènes.

Les statuts de la Gauche européenne prévoient que chaque parti membre délègue douze personnes, à parité, et ait la possibilité d’inviter cinq personnes.

Le Comité exécutif propose donc que notre délégation soit conduite par Marie-George Buffet et soit composée, en outre, de Daniel Cirera, Laurence Cohen, Yves Dimicoli, Jean-François Gau, Elisabeth Gauthier, Martine Gayraud, Roger Martelli, Christine Mendelsohn, Alain Obadia, Fabienne Pourre et Francis Wurtz.

Nous proposons, de plus, d’inviter notamment Robert Bret, Jean-Claude Lefort et Chantal Petitjean.
Par ailleurs, les députés européens du groupe GUE-NGL sont invités par le PGE.

http://www.pcf.fr/?iddoc=5003