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Attac a clos mardi à Poitiers une université d’été de crise marquée par la démission de sa direction
Publie le mercredi 30 août 2006 par Open-PublishingPar Luc OLINGA
L’association altermondialiste Attac a clos mardi à Poitiers une université d’été de crise, marquée par la démission de sa direction après la confirmation de fraudes aux élections du conseil d’administration en juin, avec en perspective un nouveau scrutin en décembre.
Vendredi, la direction d’Attac, dont son président Jacques Nikonoff, avait annoncé sa démission après la publication d’un rapport indépendant confirmant une "manipulation" des votes d’origine inconnue lors de l’élection des membres actifs du CA à l’assemblée générale de Rennes.
Mardi, après plus de trois heures de discussions, le CA a trouvé un compromis sur une commission exécutive provisoire de treize membres qui gérera l’association jusqu’aux élections de décembre.
M. Nikonoff y siégera en tant que "simple membre". Un de ses proches, le directeur de l’hebdomadaire Politis Jean-Pierre Beauvais, et Marc Delebouve, de la FSU, deviennent les "référents légaux" de l’association.
Secoués par l’affaire de fraude, des militants inquiets sur l’avenir de l’association ont déploré une "guerre des chefs" qui empoisonne Attac depuis plusieurs mois.
La direction démissionnaire et l’opposition, menée par le syndicaliste Pierre Khalfa et l’économiste Susan George, représentant la majorité des membres fondateurs (CGT, FSU, Solidaires, CRID) s’opposent en effet depuis 2005 sur l’orientation politique à donner au mouvement.
La première souhaite qu’Attac s’émancipe de ses organisations fondatrices, tandis que les opposants tiennent à sa structure éclatée, garante à leurs yeux de la démocratie interne de l’association créée en 1998, qui compte plus de 20.000 adhérents.
Ces derniers ont planché au cours de 70 ateliers pour élaborer un "Manifeste 2007", qui servira de base pour interpeller les candidats à l’élection présidentielle et "insuffler un nouveau dynamisme à l’intérieur de l’association".
"Indépendamment des difficultés et des conflits que nous rencontrons, nous avons réussi à travailler tous ensemble positivement (...) pour la lutte contre notre ennemi commun : le néolibéralisme", s’est félicité à la tribune Régine Tassi, membre du CA, sans étiquette, sous l’ovation des centaines de militants.
"Il faut des idées, de la créativité, des décisions d’orientation sur la France si nous voulons peser dans la campagne", a déclaré Bernard Cassen, président d’honneur d’Attac, proche de M. Nikonoff.
S’appuyant sur les travaux des ateliers, l’association, qui entend participer "activement" au débat politique pour dénoncer les "mirages du néolibéralisme", va désormais rédiger le "projet politique" dont une première ébauche sera diffusée en octobre.
Mais certains militants déplorent le "déficit d’image" dû à la confirmation des fraudes. D’autres reprochent aux médias d’avoir "exagéré" les dissensions. "Ce n’est pas aux médias d’être juges des problèmes internes", a déclaré Jacques Nikonoff.
"Comment Attac, qui parle de réappropriation de la démocratie, peut-elle préconiser une Europe des citoyens et, au niveau interne, être montrée du doigt par cette affaire de fraude ?", s’est inquiété Robert Schumar, du comité local du Rhône.
"Vu le discours qu’on tient, on devrait être exemplaires", a renchéri Raphaël Pradeau, d’Attac Pays d’Aix (Bouches du Rhône).
"A-t-on seulement pensé aux nouveaux adhérents ? Resteront-ils ?", s’est interrogée Jeanine Meignan (Alpes-maritimes), en concluant : "Il faut sauver Attac !".