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Attaque des étudiants et des bloqueurs, la réponse des psychosociologues MDR
Publie le samedi 24 novembre 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Publié sur RUE89
Alors que les étudiants et les cheminots se battent contre les contre-réformes, que les universités sont paralysés par les mouvements, voilà la réponse des psychosociologues mise en ligne sur Rue89. Le texte en dit long mais les commentaires sur le site en disent plus encore.
– http://www.rue89.com/2007/11/19/«-...
Vendredi 16 novembre 2007, sur les ondes de France Info :
Nicolas Beytout : "Ecoutez, si l’avenir de nos enfants dépend du malaise de ceux qui ont choisi psychosociologie et qui bloquent à 50 des facs où il y a 15 000 étudiants, alors c’est un vrai grave problème !"
Laurent Joffrin : "C’est une caricature ! "
Nicolas Beytout : "Non ce n’est pas une caricature !"
C’est ainsi que le directeur de la rédaction du Figaro décrivait les étudiants ayant fait le choix de la mobilisation pour défendre une cause politique lors de son débat radiophonique avec son homologue du quotidien Libération, Laurent Joffrin.
Au-delà des qualificatifs méprisants attribués par Monsieur Beytout aux étudiants grévistes, nous pouvons nous demander si le directeur de Figaro opérait là une figure de rhétorique. Effectuait-il une métaphore ou une comparaison ?
Autrement dit, s’agissait-il d’une transposition de sens par substitution analogique visant à attribuer aux étudiants grévistes des traits des étudiants en psychosociologie ? Ou alors réalisait-il une comparaison, en exprimant explicitement une assimilation entre deux idées, ici deux groupe ?
Allons un peu plus loin. Qu’est-ce qui amène le directeur de Figaro à parler ainsi des "étudiants en psychosociologie" ? A-t-il des raisons spécifiques qui l’amènent à utiliser ce point de comparaison et à défendre sa plausibilité, voir sa véracité ? A-t-il lui-même fait des études de psychologie sociale ? A-t-il suivi des enseignements qui lui ont laissé un goût amer ?
Étant, depuis quelques années, enseignants-chercheurs en psychologie sociale il est tout à fait compréhensible que l’on éprouve un certain étonnement, une certaine aporie, voire une curiosité. D’où les questionnements suivants adressés au (futur ex) directeur de la rédaction du Figaro : Savez-vous, Monsieur Beytout, par exemple,
que l’Institut français d’opinion publique (Ifop) (dont la présidente actuelle est Laurence Parisot…) a été fondé en 1938 par un psychologue social, Jean Stoetzel, et a donné une impulsion immense en France aux études sur l’opinion publique ?
que la psychologie sociale a bénéficié dès l’après-guerre d’un formidable investissement humain et matériel, y compris par la Fondation Ford, pour développer ses réseaux et ses écoles de pensée en Europe ?
qu’un autre psychologue social, protagoniste de cette histoire, Serge moscovici, hormis ses écrits prémonitoires sur l’écologie politique, a contribué grâce aux théories sur l’innovation des minorités et sur les représentations sociales à fonder une psychologie sociale européenne largement enseignée et pratiquée en France ?
que la psychologie sociale est enseignée actuellement dans une bonne quarantaine d’universités françaises ?
qu’elle bénéficie d’une très large diffusion internationale (Europe, États-Unis, Amérique latine, Asie) ?
que très fréquemment la psychologie sociale est enseignée de concert en France avec la psychologie du travail ou la psychologie de la santé, dont l’association correspond à un des taux d’insertion professionnelle les plus élevés ?
que les "focus groups", cette technique que vous devez sans doute connaître de nom, est issue du courant psychosocial de la dynamique des groupes, initié par Kurt Lewin, et qu’on l’enseigne, entre autre, à nos étudiants ?
que le directeur de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, Jean-Marc Monteil, est un psychologue social ?
Nous tentons sans malaise et avec les moyens insuffisants de l’université française d’aiguiser un regard psychosocial critique à nos étudiants pour saisir l’importance de la pensée et des représentations sociales, de l’alterité, sous toutes ses formes ; pour comprendre (et déconstruire) les stéréotypes, le racisme, la discrimination ; pour mettre en évidence les déterminants psychosociaux des nouvelles formes de précarité qui touchent de plus en plus le tissu social ; pour étudier la mémoire collective, l’influence sociale, la mixité à l’école, le non recours à la justice, et on en passe.
Sommes-nous en train de former des étudiants "subversifs" menaçant l’avenir de "vos " enfants ? N’est-ce pas là plutôt un oxymore, Monsieur Beytout ?
Signataires : enseignants-chercheurs en psychologie sociale :
KALAMPALIKIS Nikos (Univ. Lyon 2),
HAAS Valérie (Univ. Lyon 2),
MOULIN Pierre (Univ. de Metz),
DELOUVEE Sylvain (Univ. de Rennes 2),
SCHARNITZKY Patrick (Univ. de Picardie),
MILLAND Laurent (Univ. de Poitiers),
Ferrière Séverine (IUFM Lyon),
Fraisse Christelle (Univ. de Brest),
Fouquet Arnaud (Univ. de Picardie),
Roussiau Nicolas (Univ. de Nantes),
Morin Christine (IUFM Lyon),
Joulain Michèle (Univ. de Tours)
LE BLANC Alexis (Univ. de Toulouse),
APOSTOLIDIS Thémis (Université d’Aix-en-Provence),
RAYMOND Adeline (Univ. de Bretagne occidentale),
FIEULAINE Nicolas (Univ. Lyon 2)etc.
Messages
1. Attaque des étudiants et des bloqueurs, la réponse des psychosociologues MDR, 24 novembre 2007, 16:06
En tout cas, la faute à qui si un grand nombre d’étudiants se désintéressent du sort de la fac, pour ou contre la grève, du moment qu’ils ne pensent qu’à leur petite personne, c’est-à-dire passer leurx examens.
Maintenant, faut faire avec ceux qui ont le courage d’être présent, et qui ont le courage de leurs opinions.
Dites, Môssieu Beytout : avec combien Sarko a été élu ? Une majorité ? NON. Rappelez-vous tout le monde n’est pas allé voter.
Je connais qu’un seul exemple : Chirac quand il a été élu avec plus de 82 %, qui reflète en fait, si on compte le peu d’abstentionnistes, qu’il a été élu avec une vraie majorité.
Sarko, non, alors, lâchez un peu les étudiants, comme les syndicats tant qu’à faire. C’est pas de leur faute, si tout le monde n’est pas engagé, par choix personnel.
Qu’il soit reconnu toute légitimité aux étudiants présents qui votent !!!! C’est ça la démocratie !!!
2. Attaque des étudiants et des bloqueurs, la réponse des psychosociologues MDR, 24 novembre 2007, 20:35
Cette lettre est inadmissible. C’est quoi ces scientifiques qui ont peur d’être assimilés aux étudiants en grève ?