Attaque meurtrière au Camp d’Ashraf (Irak) : le MRAP appelle à la responsabilité de protéger

Aujourd’hui vendredi 8 avril à 04h45 (heure locale), les forces armées
irakiennes ont investi le Camp d’Ashraf où résident 4300 civils désarmés
iraniens, membres de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran
(OMPI).

Le Général Ali Gheidan, commandant des forces terrestres de l’armée
irakienne, dirige personnellement l’opération à laquelle participent
plusieurs milliers de soldats irakiens ainsi que des membres des forces
spéciales. Les forces armées ont reçu l’ordre de tirer sur les femmes et
les hommes sans défense. L’opération est menée avec le support de
blindés et d’engins du génie. Les forces irakiennes avaient commencé le
déploiement des forces autour du Camp d’Ashraf depuis le 3 avril dernier.

On compte déjà 33 morts, dont quatre femmes, tués par balles ou écrasés
par des blindés. Le nombre de blessés (300 à l’heure où le MRAP rédige
ces lignes) augmente d’heure en heure. Plusieurs ont été pris en otage
et sont décédés. Le blocus à l’encontre d’Achraf rend impossible la
prise en charge de ces blessés, pour la plupart grièvement.

Cette tragédie intervient alors que le MRAP depuis plusieurs mois, de
concert avec d’autres organisations non gouvernementales et des
personnalités internationales, avait prévenu la communauté
internationale, le Secrétaire général des Nations Unies et la
Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies des risques de
voir les résidents du Camp Ashraf devenir victimes d’une tuerie.

Le MRAP rappelle que les résidents d’Achraf jouissent de la protection
de la IV Convention de Genève. Les Etats-Unis avaient signé un
engagement individuel auprès de chaque résident s’engageant à assurer
leur protection. Or, simultanément au voyage en Irak de Robert Gates,
ministre américain de la défense, et sa rencontre avec Al-Maliki,
premier ministre irakien, le représentant militaire américain pour
Ashraf, le Général Mulinari, a quitté le Camp avec ses hommes, donnant
ainsi le feu vert à cette opération criminelle qui constitue pour le
moins un crime de guerre.

Le MRAP appelle le Secrétaire général de l’ONU :

– à exiger des autorités des Gouvernements d’Irak et des Etats-Unis
d’Amérique qu’ils assument pleinement leur responsabilité de protéger ;

– à dépêcher immédiatement au Camp d’Ashraf un détachement de UNAMI
(Mission d’Assistance des Nations Unies en Irak) en tant que force
d’interposition ;

– à exiger des autorités irakiennes que les blessés puissent être
immédiatement transférés à l’Hôpital américain de Bagdad.

Paris, le 8 avril 2011.