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Attentat de Karachi : la bombe Millon.

Publie le mercredi 17 novembre 2010 par Open-Publishing
6 commentaires

L’ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, Charles Millon, entendu le 15 novembre par le juge Van Ruymbeke, vient de lâcher une petite bombe, en confirmant, pour la première fois devant la justice, qu’il y avait bien eu des rétrocommissions dans les dossiers gérés par le gouvernement Balladur en 1994 et 1995.

"En ce qui concerne le contrat pakistanais, a poursuivi Charles Millon, au vu des rapports des services secrets et des analyses qui ont été effectuées par les services du ministère, on a eu l’intime conviction qu’il y avait eu des rétrocommissions."

En d’autres termes : des retours d’ascenseurs financiers de la part d’intermédiaires, qui ont reversé une partie de leurs propres commissions pour financer des hommes politiques français.

Charles Millon a également confirmé devant le magistrat parisien que Jacques Chirac lui avait bien ordonné de mettre fin à ce système.
Lors de son audition, Charles Millon a déclaré :

"Le président de la République m’a dit, comme il l’a déclaré lors d’une conférence de presse aux alentours du 14 juillet (1995, NDLR), qu’il souhaitait une moralisation de la vie publique et politique et qu’il y avait trop de bruit autour des contrats d’armement dû à l’existence de rétro-commissions. Il m’a donc demandé de faire procéder à une vérification sur tous les contrats."

Ce témoignage capital confirme ce que craignaient les familles de victimes, depuis la divulgation, en 2008, du rapport Nautilus effectué par un ancien agent de la DST, qui affirmait dans son enquête que l’attentat de Karachi était la conséquence du non-paiement des commissions des intermédiaires dans les contrats pakistanais et saoudiens.

Ce rapport, resté secret pendant six ans, est désormais pris très au sérieux par les enquêteurs. Pourquoi les plus hauts responsables de l’Etat ont-ils oublié de communiquer cette information capitale aux juges ? Renaud Van Ruymbeke pourrait bien dans les prochains jours mettre en examen des dirigeants de la DCN, mais aussi d’anciens ministres pour "délit d’entrave à la justice."

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20101116.OBS3044/info-obs-affaire-karachi-la-bombe-millon.html

Messages

  • Wait and See !
    On a été habitué aux ballons qui se dégonflent ....ou qu’on laisse s’envoler...

  • exactement il faut attendre :

    les ministres incriminés ont les moyens de se payer des flopées d’avocats pour chercher les défauts de procédure

    trop de coïncidences dans ce dossier , les bénéficiaires ou les commanditaires dont beaucoup gravitent autour de l’ump vont faire en sorte d’enterrer l’affaire

  • Les preuves sont dans des dossiers classés secret-défense. On ne saura pas ou alors dans 50 ou 60 ans quand les archives s’ouvriront.

  • La justice n’existe que pour les pauvres : une évidence qui justement ne l’est jamais pour les pauvres. Donc, qu’ils payent, car l’ignorance a un prix.

    • Deux filles de victimes de l’attentat, Magali Drouet et Sandrine Leclerc, qui sortent un livre sur l’affaire cette semaine, donnent une conférence de presse à Paris jeudi.

    • Karachi : des familles de victimes demandent des comptes à Sarkozy

      « Aujourd’hui, monsieur le Président, nous vous demandons des comptes. Vous nous devez la vérité. Vous ne pouvez plus continuer à mentir de la sorte. » Au côté de Sandrine Leclerc, Magali Drouet, dont les pères ont été tués dans l’attentat de Karachi en 2002, a été très claires : elles demandent l’audition de Nicolas Sarkozy en tant que témoin pour faire toute la lumière sur l’implication de la France dans cette affaire.

      Dénonçant une « réalité judiciaire cruelle », leur avocat, Me Olivier Morice, a argué d’un devoir de vérité de l’Etat à l’égard des victimes et de leurs familles. « Les parties civiles insistent sur le fait qu’une audition de Nicolas Sarkozy est possible, même s’il est couvert par une immunité présidentielle. Il faut que Nicolas Sarkozy lève toute ambiguïté », a-t-il ajouté.

      La réaction des familles n’a pas tardé après les révélations de Charles Millon. L’ex-ministre de la Défense nommé en 1995 par Jacques Chirac a raconté mi-novembre au juge Van Ruymbeke qu’il y avait eu corruption en marge d’un contrat de vente de sous-marins au Pakistan sous le gouvernement Balladur. Se référant à une enquête de la DGSE, Millon a confirmé l’existence de versements occultes en marge de ce contrat. Après la présidentielle de 1995 qui mène Jacques Chirac à l’Elysée, ce dernier lui aurait demandé une enquête, soupçonnant un scandale de corruption.

      Cette information étaye la thèse défendue par beaucoup depuis 2002, que la bombe visait des Français en représailles de la fin de ces versements. Outre cette affaire, la justice s’interroge sur l’existence éventuelle de rétro-commissions liées à la vente, qui auraient été destinées au financement de la campagne présidentielle de l’ex-Premier ministre Edouard Balladur et dont le porte-parole était Nicolas Sarkozy.

      Outre l’actuel chef de l’Etat, les parties civiles ont réitéré leur souhait que l’ancien président Jacques Chirac et Dominique de Villepin, secrétaire général de l’Elysée à l’époque, soient entendus par le juge Renaud van Ruymbeke, dans le cadre de l’instruction d’une plainte pour « délit d’entrave » déposée par les familles des onze ingénieurs de la Direction des constructions navales (DCN) tués le 8 mai 2002.

      http://bellaciao.org/fr/spip.php?article110686