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Au Ministère de l’Education Nationale, on travaille entre gens de bonne famille !

Publie le samedi 30 septembre 2006 par Open-Publishing
6 commentaires

Au Ministère de l’Education Nationale, on travaille entre gens de bonne famille !

Prof d’anglais à la Belle de Mai (Marseille), je reçois ce magazine du ministère de propagande gouverne-mentale « Question d’Education ».

La couverture dit tout : une jeune enseignante, genre qui aurait bien voulu être élue Marianne, parée d’un marcel et dont le regard est parallèle au tableau, c’est à dire qu’elle ne regarde personne dans sa classe (aucun élève ne peut se trouver dans sa ligne de mire sous peine de ne rien voir, excusez-moi c’est juste logique), mais en plus cette ingénue tient à la main une craie qui semble être disproportionnée et la brosse à tableau dans l’autre (n’importe quel professionnel peut vous assurer que ce n’est pas là une pose naturelle, du métier de tous les jours, mais bref passons !) devant un tableau flouté.

J’y découvre en page deux (déjà) la trombine fendue d’un sourire capitaliste de notre bourgeois de ministre qui nous assure « que ce journal est avant tout le vôtre ». D’accord chef ! Je passe sur les flagorneries du genre « les mathématiques française à l’honneur », « un nouvel outil pour la formation de maîtres », « l’expérience en renfort », autant de mensonges éhontés qui font encore rire mes collègues, parce qu’il ne veulent pas en pleurer. On ne va pas discuter le contenu tellement il est perclus d’âneries et de contre-vérités.

Mais il me vint à l’idée de consulter l »ours » de ce torchon initié par M. Gilles de Robien, c’est à dire la liste des personnes en charge de la rédaction de ce magazine qui coupe des arbres pour rien (tous les profs le reçoivent, c’est à dire 900 000 + les CPE + le personnel de direction + les autres pour la frime, c’est à dire la presse, on voit où passe l’argent des 15000 postes supprimés). En consultant l’ours donc, en dernière page, que vois-je ? Qu’à part les lèche-bottes habituels,genre Mély, Raymond, Poidevin, la conception et la réalisation ont été confiées à une société s’intitulant \Textuel.

Et hop ! Petite recherche sur internet et qu’est-ce que nous apprenons ? Qu’en fait fait \Textuel s’appelle Textuel/La Mine, que son président est un certain Gilles About. Jusque-là rien d’anormal !

Mais que ce Gilles About fut aussi en son temps président d’Aéroport Magazine de ADP (Aéroports de Paris), c’est écrit là http://query.adp.fr/identite/journa..., que ce même About faisait partie de l’équipe d’un certain Pierre Graff, nommé le 17/09/2003 à la présidence d’Aéroports de Paris, Graff qui fut Directeur de Cabinet de De Robien Gilles, Ministre de l’Equipement, des Transports,du Logement, du Tourisme et de la Mer depuis juin 2002. Et la boucle est bouclée.

Voilà ! C’est tout ce que je voulais dire. C’est marrant ce monde capitaliste, on fait des appels d’offres et puis on tombe sur les copains d’avant. Pratique !

Messages

  • Je me demandais pourquoi on nous avait divisé par deux les crédits destinés à l’achat des manuels scolaires, obligeant le Conseil Général ( le contribuable) à nous accorder une rallonge . C’était donc pour enrichir le copain éditeur de ce million de magazines de propagande sur papier glacé, sans aucune utilité pour les enseignants qui l’ont tous reçu comme un SPAM.
    Déjà que les programmes scolaires changent sans arrêt à la demande des copains éditeurs de manuels, le Ministère de l’Education Nationale pense trop à ses copains et pas assez aux élèves, à ses salariés et encore moins aux ...pauvres arbres .

  • Je l’ai sous les yeux, en te lisant. Du foutage de gueule cette revue !
    En plus favoritisme ! Les copains d’abord m’apprends-tu. C’est du joli.

    Ce ministre ne connait rien à l’éducation et est doté d’une mauvaise foi peu commune.

    Je le trouve aussi un peu raciste ce torchon ! Non ?

    • Tu dois sans doute parler de la page 5. Je me suis posé la question aussi : pourquoi les seuls enfants à cheveux crépus dans ce documents sont-ils en illustration de la violence dans les établissements scolaires ? Rien de très caricaturale, il est vrai dans les portraits en questions, mais quand meme, dans le choix des photos il y a certainement des stéréotypes enfouis à l’oeuvre. C’est comme ça, la bourgeoisie parisienne nous voit comme ça et voudrait imprimer cette image dans toute la France. Franchement, mettre une petite blonde (comme celle de la page 9) en illustration, ça ne le ferait pas pour eux, dans leur vision étroite et étriquée de la société française. Pour info : une petite blonde du meme genre et de bon aloi est passée en conseil de discipline l’année dernière dans mon collège pour avoir insulté un collègue. M’enfin Mosieur ! Nos petites tetes blondes se tiennent bien !

    • c’est tres important de démasquer ce genre de prédateurs qui se paie sur "la bete".Mais ça ne change pas grand chose.
      De Robien a placé une membre de sa famille à la tete de l’exploitation des radars routiers quand il était ministre du transport.
      ( c’est un agent de edf qui l’a découvert en s’apercevant d’une facture d’alimentation en courant de radar).
      A l’éduc vous etes le dernier rempart. Faute de privatiser brutalement comme France Telecom et EDF ces prédateurs distillent leurs propagandes aux frais de l’Etat dans les établissements. C’est un "cheval de troie".
      Mais quand sera introduit le "management par objectif" (ave primes à la clef) et stock options il ne restera plus grand chose de l’éduc. Sauf peut etre des "managers" et des "clients". Ce levier est éminemment puissant et a fait craquer moultes "syndicalistes"et prétendus résistants.
      Juste une petite pour la route. l’ANPE recrute des conseillers en placement dans différentes régions. Le critère ; avoir le bac et preter serment sur l’honneur que l’on ne détient pas un diplome supérieur à cet échelon.
      Alors l’éduc juste bonne à former des bacheliers ? Pour le reste c’est fils de... et fille de... qui poursuivront au dela.
      Le consensus des dominants est verrouillé. C’est déja malheureusement acté en Allemagne.
      Imaginez un de ces "conseillers ANPE" recevant un titulaire de diplome supérieur. Il sera en mesure de le railler.
      Voici venu le temps du moins disant et de l’officialisation des esprits dociles. Actuellement c’est "la pénitencière" qui recrute le plus.
      Signe des temps.

    • Le pillage de la République a commencé depuis longtemps déjà mais ses vampires comptent sur l’inertie du peuple.

      Prouvons leur qu’ils se trompent.

  • A dire vrai, ce genre de publication est très vite voué au tri sélectif chez moi, à tort je le concède car on en apprend de belles comme tu l’écris.

    En revanche, je feuillète Accent quand je le reçois, la revue du Conseil Général : tout est bien dans le meilleur des mondes. L’égalité des chances grâce aux ordinateurs portables, les travaux de rénovation des bâtiments scolaires, etc. Ce que je vois, tant dans leurs articles que sur les photos de classe -pour faire écho à un autre commentaire sur ton article- est à mille lieues de la réalité de mon collège.

    Non, mes élèves de Noailles (quartier populaire du centre de Marseille) ne seront jamais aussi égaux que d’autres issus de classes socio-économiques plus favorisées. Non, les ordinateurs portables ne leur sauveront pas la mise car rien ne les aide dans la vie. Non, je ne peux pas travailler avec ces ordinateurs en classe car nombre d’entre eux sont régulièrement en panne, en réparation ou oubliés à la maison. Non, mes élèves ne sont ni blonds ni bien habillés ni en bonne santé.

    Mais, ils gagneront cette année un ordinateur portable. Pourquoi ? Ca, Accent ne le dit pas. L’entretien d’un ordinateur prêté revient plus cher qu’un don d’ordinateur. Et puis, c’est bientôt les élections...

    Quant aux travaux nécessaires dans mon établissement insalubre (Anatole France, 6° arr.), on en profitera peut-être dans dix ans, quand le Conseil Général, qui a l’argent, se sera mis d’accord avec la mairie, qui a le terrain. En attendant, la pluie filtre, les murs s’effritent et les cafards narguent nos élèves.

    Joséphine Bichot.