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Au pied du mur ou au bord du gouffre ?

Publie le lundi 4 décembre 2006 par Open-Publishing

Plusieurs fois depuis son histoire, le PCF a connu de grands rendez-vous avec le peuple de France qui ont contribué à l’asseoir comme force de proposition rassembleuse et révolutionnaire : le Front populaire, les combats de la Résisance, la Libération représentant les temps forts de son action ; l’antifacisme et son engagement dans les Brigades internationales, l’anticolonianisme et la solidarité avec les peuples d’Algérie et d’Indochine ont porté haut le drapeau du communisme français dans un combat international où pesaient lourd les fautes de l’URSS : pacte germano-soviétique, intervention en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en Afghanistan. J’en oublie certainement .

Le Parti communiste a connu sa plus grande audience lorsqu’il a su se monter RASSEMBLEUR et PORTEUR d’UNITE.
Il semblerait que depuis les années 70, le PCF s’engage dans des stratégies audacieuses porteuses d’espoir et que dans la dernière ligne droite, il utilise tous les moyens pour les réduire à néant, déclenchant incompréhension, voire rejet, perte d’influence et reculs électoraux.

En 1972 est signé un programme commun qui suscite un espoir immense dans le pays. En 1977, le PCF conquiert un nombre de municipalités jamais atteint dans l’histoire. Le PS enregistre aussi de beaux succès et semble légèrement dépasser le parti à l’occasion de quelques partielles. Mitterand, qui le dirige, commence à tenir un langage plus droitier et plus éloigné de celui du congrès d’Epinay (71).

Les négociations de réacrualisation du progamme commun sont difficiles, mais l’accord est près d’être signé. Georges Marchais, soutenu par les orthodoxes, rentre de vacances et fait capoter tout espoir d’un accord. Quelques soient les critiques que l’on ait pu formuler à l’égard de la stratégie du programme commun (accord de sommet...) la RESPONSABILITE de la rupture puis de la défaite de 78 a été PERCUE par le peuple de gauche comme étant celle du PCF.

Mitterand, diaboliquement habile et manipulateur surfe sur le désir d’unité et de changement et remporte la victoire en 81, laissant la direction du PCF aggraver son cas en soutenant le bilan globalement positif des pays de l’Est et en justifiant l’intervention soviétique en Afghanistan.
Autocritique sur cette période ? que nenni ! Après un nouvel échec aux européennes en 84, le Bureau politique censure le rapport Poperen qui mettait pourtant le doigt sur les retards du parti. La succession d’échecs électoraux se poursuit, entraînant pertes de miltants, perte d’audience, perte d’intelligences : par vagues successives, des hommes et des femmes aux parcours parfois complexes furent broyés par la machine pour s’être opposés "à la ligne" : Pierre Juquin, Claude Poperen, Marcel Rigout, Chareles Fiterman en furent les figures emblématiques.

Le Parti a bien changé depuis cette époque et l’un des plus grands mérites de Robert Hue fut d’ouvrir les portes et les fenêtres ! Toutefois, les fantômes de 1977 semblent se réveiller en ce mois de décembre 2006.

Depuis 2004, le parti esquisse les contours d’un nouveau rassemblement sans exclusive, réunissant dans un même combat communistes, altermondialistes, socialistes antilibéraux, écologistes en s’appuyant sur des collectifs unitaires qui contre toute attente, infligent au libéralisme et au social libéralisme une défaite cinglante : la victoire du NON au TCE !
Malgré les pressions conjoites de communites "identitaires" et de petits notables locaux bien installés dans leurs fonctions, cette stratégie est poursuivie pour les présidentielles et les législatives de 2007.

"Battre la droite, réussir à gauche".

Les écueils sont grands : l’appareil de la LCR, malgré sa déroute aux européennes et aux régionales de 2004 s’acharne à présenter son candidat fétiche mais se heurte à l’opposition de plus en plus grande d’une partie de l’organisation. Certains jouent la partie complètement perso, pensant que quelques arrachages médiatiques de plans de maïs OGM vont leur conférer d’office un billet pour la candidature !

125 propositions sont élaborées ( CE QUE NOUS VOULONS) où l’influence communiste est indéniable. Bien sû, il y a des divergences : l’énergie, le nucléaire mais des propositions consensuelles sont avancées : moratoire, débat démocratique, référendum.

Les collectifs bouillonnent d’énergie, de dynamisme. Les meetings mobilisent. Les débats sur les candidatures sont d’une grande qualité politique, insistant sur le caractère COLLECTIF de la campagne et le refus de tomber dans le piège de la personnalisation.

Au moment où nous ne sommes pas loin d’aboutir, et on ne mesure pas le nouveau coup de tonnerre qui retentirait dans le paysage politique français, on sent un rédicessement de la part de la direction du PCF pour imposer la candidature de MGB alors qu’elle ne fait pas consensus dans les collectifs. Il n’est pas besoin de trois pages dithyrambiques pour faire l’éloge de MGB. C’est une personne de grande qualité. Mais elle est la secrétaire nationale du PCF et qu’on le veuille ou non, sa candidature laisse penser que le rassemblement se fait autour du parti. Quoiqu’on dise ou quoiqu’on fasse, il reste encore des réticences de certains écologistes à l’égard du parti quand on sait que sur les 10 sites les pollués de la planète, 5 appartiennent à l’ex- URSS ! Le bilan globalement positif hante encore certaines têtes !

Il suffirait que Marie-Georges prenne toute sa place, ou même préside le collectif de campagne et que la candidature soit laissée à une personnalité plus concensuelle. Clémentine Autain ou Yves Salesse seraient à même d’exercer cette fonction. Sortir par le haut, c’est sortir sans vainqueur ni vaincu.

Si le parti continuait son forcing, le renouveau de capital confiance qu’il commençait à retrouver depuis 2004 sera définitivement brisé. Si MGB l’emportait, même d’une très courte majorité ( et apparemment, tout dépend de la méthode de calcul), il s’agirait d’une victoire à la PYRRHUS. On l’entend autour de nous dans les collectifs, c’est l’impression d’une volonté d’hégémonisme qui dominerait.

Qu’on ne ressorte pas le vieux réflexe de Pavlof de l’anticommuniste pour exciter les militants : il faut être "parmi les masses comme un poisson dans l’eau", c’est à dire savoir les écouter et mesurer leur niveau de conscience politique à un moment donné.

Toute autre démarche relève du "grand bond en avant" : qu’on soit au bord du gouffre ou au pied du mur, le résultat ne serait guère concluant !

Jean-Michel Blimer, membre du conseil départemental du PCF 50