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Avec l’impôt culture, la fête qui dure.

Publie le dimanche 13 juillet 2003 par Open-Publishing

Nous sommes en plein dans les manifestations des intermittents du spectacle
(moi-même ai pris la parole pour informer le public, au CDN de Besançon, qui
attendait Abdullah Ibrahim - anciennement Dollar Brand - lequel d’ailleurs
nous a offert un concert inoubliable au piano solo, tellement personne ne
s’est senti d’arrêter ce concert et ceux de jazz en Franche-Comté).

Mais les propos autour de cette subvention particulière du spectacle vivant
et de l’industrie de la télévision, de la vidéo et du cinéma par l’assurance
chômage est d’une grand tartufferie .

Qui paie ? en vérité !

Avant de voir qui paie et qui ne paie pas cette subvention déguisée aux
travailleurs artistique, disons pour dissiper tout malentendu, que dans son
application, cette forme de subvention est extraordinairement efficace et
nécessaire à la grande diversité du spectacle vivant en France.

On admet souvent que le système d’assurance chômage représente ou
représenterai la moitié des moyens de financement du spectacle vivant.
Admettons que ce fusse exact, nous pouvons néanmoins observer qu’entres
autres :
Les avocats ne financent pas l’intermittence du spectacle
Les bouchers, les charcutiers, les fromagers, les épiciers non salariés, ne
financent pas l’intermittence du spectacle.
Les commerçants du centre ville ne financent pas l’intermittence du
spectacle, les autres non plus.
Les brocanteurs, ne financent pas l’intermittence du spectacle. Les
antiquaires pas plus.
Les restaurateurs ne financent pas l’intermittence du spectacle, leurs
employés si.
Les professeurs de mathématiques, ne financent pas l’intermittence du
spectacle, mais ceux de français ou d’histoire-géo, non plus.
Les professeurs de théâtre de l’éducation nationale, ainsi que les
professeurs de danse et de cirque de l’éducation nationale, ne financent pas
l’intermittence du spectacle.
Le personnel administratif de l’éducation nationale, ne finance pas
l’intermittence du spectacle.
Le personnel enseignant et administratif de l’université, ne finance pas
l’intermittence du spectacle.
Les militaires de l’armée de terre ne financent pas l’intermittence du
spectacle
Les militaire de l’armée de l’air ne financent pas l’intermittence du
spectacle
Les militaires de la marine nationale ne financent pas l’intermittence du
spectacle
Les policiers qui ont embarquée José Bové ne financent pas l’intermittence
du spectacle
Les CRS qui ont embarquée les intermittents du spectacles qui bloquaient le
théâtre de Caen. ne financent pas l’intermittence du spectacle
Les paysans qui ont détruit le bureau d’un ministre de l’environnement. ne
financent pas l’intermittence du spectacle
Les paysans non salariés militants des syndicats paysans de droite ne
financent pas l’intermittence du spectacle
Les paysans non salariés militants des syndicats paysans de gauche ne
financent pas l’intermittence du spectacle
Les fonctionnaires ne financent pas l’intermittence du spectacle
Donc, aucun employé des ministères de la culture et de l’éducation et de
tous les autres, ne financent l’intermittence du spectacle.
Les juges, les procureurs de la république, les gardiens des prisons
surchargées, ne financent pas l’intermittence du spectacle.
Les voleurs, les bandits, les escrocs, les marchants de teush, les
aigrefins, les trafiquants de cigarette de contrebande, ne financent pas
l’intermittence du spectacle.
Les adeptes des sectes fermées, ne financent pas l’intermittence du
spectacle
Les curée, les abbés, les bonnes s¦urs, les frères trappistes, ne financent
pas l’intermittence du spectacle (sauf peut être en Alsace, mais il faudrait
vérifier).
Les gérants de société ne financent pas l’intermittence du spectacle
Les rentiers ne financent pas l’intermittence du spectacle
Les boursicoteurs ne financent pas l’intermittence du spectacle
Les pdg des grandes sociétés ne financent pas l’intermittence du spectacle,
même ceux des chaînes de télévision.
Les directeurs et propriétaires de sociétés de production qui emploient des
intermittents du spectacle, ne financent pas l’intermittence du spectacle.
Les propriétaires des garages et salles divers loués à Avignon pendant le
festival ne financent pas l’intermittence du spectacle dans le cadre de
cette activité commerciale.
Le personnel des administrations qui gèrent les dossiers de demande de
subventions des compagnies de danse, de théâtre, de cirque, ne financent pas
l’intermittence du spectacle.
Les ministres du gouvernement ne financent pas l’intermittence du spectacle.
Le directeur de la direction de la musique, du théâtre et de la danse du
ministère de la culture ne finance pas l’intermittence du spectacle
Car tous les privés, toutes les sociétés ou administration ne cotisant pas
aux ASSEDICS ne financent pas l’intermittence du spectacle.

La liste n’est pas infinie mais elle est très longue et je me fatiguerais à
essayer de la rendre exhaustive, et vous, plus encore à la lire.

Cependant :
Mon voisin, ouvrier maçon finance l’intermittence du spectacle.
Les tourneurs fraiseurs de l’usine d’à côté financent l’intermittence du
spectacle.
Les salariés des grosses fermes céréalières de la Beauce, financent
l’intermittence du spectacle ainsi que la société qui les emploie .
Les presque cinquante pour cent de Français qui ne gagne pas plus que le
SMIC financent l’intermittence du spectacle.
Le personnel des restaurants qui servent les comédiens après le spectacle
financent l’intermittence du spectacle.
Le personnel des hôtels dans lesquels ils sont logés financent
l’intermittence du spectacle.
Le personnel administratif et artistique des compagnies financent
l’intermittence du spectacle.
Les ouvriers, les cadres moyens et supérieurs des petites et moyennes
entreprise financent l’intermittence du spectacle.
Toutes les sociétés employant du personnel financent l’intermittence du
spectacle.
Tous les particuliers employant personnellement du personnel financent
l’intermittence du spectacle.
Toutes les personnes ou société cotisants aux ASSEDICS financent
l’intermittence du spectacle.

Avant d’aller plus loin, amusez vous à imaginer, dans ces deux listes
établies au hasard et au fil de la pensée, lesquels vont au spectacle et
lesquels n’y vont jamais.
C’est instructif non ?

Parler de l’intermittence selon ce point de vue est tabou. La conséquence de
ce tabou fait du discours sur l’intermittence un discours culpabilisé.
La plupart du temps, écoutez les, les artistes intermittents, justifier
qu’ils ne sont pas des fainéants profiteurs. Et leurs détracteurs de dire
que si.
Parce que le financement de cet état de fait n’est pas juste.
Il n’est pas juste qu’une moitié seulement des contribuables- les
entreprises et les salariés-, financent le spectacle vivant.
C’est contraire aux fondements de notre république.
Je crois que si on faisant payer le double des prix de place aux spectacles
à tous ceux qui n’ont pas cotisé aux ASSEDIC, cela ne serait pas bien perçu
 !
Il est anormal que ce soit une assurance chômage qui finance le spectacle
vivant, l’industrie de la télé, de la vidéo et du cinéma.

Pourtant il est absolument nécessaire de garder les effets et les modalités
du statuts de l’intermittence du spectacle. Il est garant de notre richesse
culturelle.
Mais il faut changer la source de financement.

Je crois qu’il faut maintenir le statut particuliers aux artistes du
spectacle vivant en France, en finançant ce statut- en tant que statut- par
l’impôt qui lui est payé à peu près par tout le monde (sauf les plus riches
me dit mon voisin employé maçon, mais je n’ai pas vérifié ses sources).
Alors que 50% des français les moins fortunés ne payent pas d’impôts sur le
revenu, il payent- s’ils sont salarié-, leur cote part aux ASSEDICS donc aux
intermittents.
Le problème c’est que tous le monde a avantage à cet arrangement
historique, mais bâtard.( Votre serviteur comme tout le monde !)

Mais alors, nous, artistes- arrêtes moi si je me trompe- ne sommes-nous pas
les champions de la critique sociale ?
Les champions de faire agir et réagir la société ?
Rappele moi ,si tu as le temps, ce qu’on peut lire dans les plaquettes des
théâtres de toute nature, au sujet de la nécessités du théâtre dans la
société.
Et la nécessité de plus de justice et de transparence.

A quand une pièce sur l’injustice des financements du théâtre, dont les
fauteuils sont majoritairement occupés par des non cotisants aux l’ASSEDIC
et à cette autre injustice, qu’est que la très grande majorité des
cotisants aux ASSEDICS eux, n’ont jamais mis les pieds dans un théâtre ?
A cette année j’espère ! Au festival d’Avignon dans les garages de non
cotisants.
Sauf si, bien sur, les acteurs, les techniciens de cette pièce de théâtre
souhaitée, sont en grève pour défendre le statut des intermittents du
spectacle.
Statut sans lequel, il n’y aurait pas de pièce du tout. Faute d’acteurs et
de techniciens.
C’est pas simple ! Mais que cela ne nous empêche pas de réfléchir et de
débattre.

Amitiés syndicales. B Kudlak

(Directeur artistique, depuis sa création, du Cirque Plume originaire de Besançon)