Accueil > BASE eleves ou baffe èleves

BASE eleves ou baffe èleves

Publie le mardi 29 avril 2008 par Open-Publishing

« Est-ce que l’enfant a vu le psychologue ? » C’est le genre d’information qui risque de bloquer la carrière de votre enfant s’il convoite une place chez l’Oréal ou chez Ipsos. Avant quand vous étiez un cancre planqué prés du poêle, emmenant consciencieusement votre bûche de hêtre, vous pouviez prétendre aux plus hautes fonctions, car votre dossier scolaire ne vous tenait pas en laisse. Vous n’êtiez qu’un enfant doux et rêveur pas encore un déprimé à surveiller. Vous collâtes un autocollant des crados sur la paterne qu’une petite tape vous rappelâtes à la discipline et à la politesse des rois. Désormais le logiciel base élève permettra de vous suivre à la trace, dans vos pérégrinations écolières. Une mauvaise année et vous voilà orienté vers les carrières épanouissantes du batiment. Sylvie Laillier de Sud Education explique que toutes ces données soient disant confidentielles seront sur Internet ce qui comme chacun sait assure une discrétion absolue. Le dossier de chaque élève pourra être évidemment consulté par les mairies qui gèrent les admissions. « Le fichier suit le gamin toute sa vie. » Notre syndicaliste enseigne dans un patelin auvergnat autour duquel seize écoles ont voté contre le système. Une entente inédite entre parents, enseignants et mairies pour déjouer ce nouveau répertoire, dont on attend le croisement avec les données de la loi sur la prévention de la délinquance des minots de trois ans. La mairie de Vertaizon a même voté une motion contre le logiciel. « Là où ça résiste c’est quand toute l’équipe soutient la direction. » Les pressions des inspecteurs sur leurs proies sont redondantes, mais en Aveyron les formations ont été bloquées, sans l’aide de José Bové.

A Toulouse Claire Tricoire est directrice d’une école élémentaire au Mirail. Elle enseigne à des CM2, qui outre le fait de devoir porter la mémoire d’un enfant juif, doivent s’insérer dans la nouvelle Base élève en cours sur la région. Les cartables sont pourtant assez lourds. Si l’on ne rentre pas les données, « c’est le retrait de salaire. » Auquel s’ajoutent les appels chicaneurs de l’inspecteur ! Pour Claire le plus choquant c’est le fichage et ses conséquences : « Chaque enseignant aura accès à tout, à tous les enfants ! » L’inspectrice à qui elle demandait s’il s’agissait bien d’un fichage, répondit « qu’on était dèjà tous fichés avec le téléphone portable. » Un peu plus ou un peu moins, me direz-vous ? Du coté de la hiérachie, on déclare qu’il s’agit de compter le nombre d’élèves par école ce qui peut faciliter la fermeture de certaines classes en sous effectifs. Le système base élèves demandait à ses prémisses la nationalité, la date d’arrivée en France et la culture d’origine. Ces données aujourd’hui supprimées ne sauraient effrayer les braves gens. Car bientôt il faudra chanter la Marseillaise prononcer deux Ave et trois Pater debout en honorant notre président très urbain et montrer si l’on est bien circoncis. En attendant on est circonspect.

Sud Plage.