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Bernard Laporte dans de sales draps : la FFR pourrait engager des poursuites contre lui

Publie le dimanche 16 septembre 2007 par Open-Publishing
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L’affaire des maillots de l’équipe de France, que Bernard Laporte a commercialisés sur son site Internet en passant outre l’interdiction de sa fédération, met le sélectionneur dans une situation très périlleuse.

Deux jours avant le deuxième match de l’équipe de France dans la Coupe du monde de rugby, Bernard Laporte est au centre d’un scandale, qui n’a rien de sportif et qui l’oppose directement à la fédération française de rugby, qui pourrait décider d’engager des poursuites contre lui.

Tout commence en début de semaine avec la mise en vente, sur le propre site Internet du sélectionneur (www.bernardlaporte.com), de 10.000 maillots de l’équipe de France dédicacés de sa vénérable main, au prix exorbitant de 146 euros pièce, frais de port compris, alors que ces mêmes maillots officiels du XV de France, non dédicacés par le sélectionneur, sont vendus dans le commerce au prix de 75 euros. Accusé mercredi de trop s’engraisser sur le dos du XV de France, Bernard Laporte se défend publiquement, indiquant qu’ " une partie des bénéfices de cette opération commerciale sera reversée à sa fondation". _ L’affaire commençant à prendre des proportions médiatiques démesurées, Serge Benaïm, l’agent de Laporte, indique dans la foulée que cette association est " Greffe de vie ", que parraine Bernard Laporte depuis plusieurs années. Vendredi matin, de nouveau interrogé par les journalistes à ce sujet, le sélectionneur sort carrément de ses gonds : "Je trouve ça tellement bas que je n’ai pas envie d’en parler. Je n’ai pas envie de me justifier. Heureusement pour moi que je n’ai pas besoin de vendre 10.000 maillots pour gagner ma vie. J’ai la conscience tranquille."

Si Bernard Laporte a la conscience tranquille, c’est qu’il a la mémoire courte. Car en vendant des maillots sur son site, il viole la charte signée en début d’année avec la Fédération française de rugby (FFR), qui interdit à tous les joueurs et à tout le staff d’utiliser l’image du XV de France pour commercialiser des produits en leur nom. L’agent de Bernard Laporte, Serge Benaïm, affirme alors avoir obtenu un "accord verbal" de la Fédération française de rugby pour monter l’opération. Mais la FFR, dont l’accord est indispensable pour un tel projet, dément formellement.

Vendredi matin, Guy Piera, le vice-président de la fédération française de rugby, longuement interrogé par Myfreesport, tient à rétablir la vérité. " Serge Benaïm, l’agent de Bernard Laporte, est venu me rencontrer au siège de la Fédération française de rugby au début de l’année 2007. Il m’a fait part de son projet de vente de maillots signés par Bernard Laporte et l’a présenté comme une opération purement commerciale. Monsieur Benaïm espérait obtenir l’accord de la FFR mais je lui ai indiqué très clairement que ce projet ne pourrait être mené à bien.

Et ceci pour deux raisons : d’abord parce que la Fédération française de rugby commercialise déjà des maillots dans sa boutique officielle, et ensuite, parce qu’en vertu de la charte signée entre la FFR et le XV de France, il a été acté que les joueurs et entraîneurs de l’équipe de France ne pouvaient pas négocier individuellement leur image à partir du moment où elle était associée à l’un des attributs de l’équipe de France. J’ai donc exprimé oralement mon refus à Monsieur Benaïm et pour moi, cette affaire était enterrée depuis ce refus qui date du mois d’avril.

Cette affaire relève de l’ambush marketing (ndrl : marketing illégal). Cela consiste à faire croire qu’on est associé à une entité alors que ce n’est pas le cas. C’est exactement ce qui s’est passé dès lors que M. Benaïm a prétendu avoir reçu un accord verbal de la part de la FFR. ", explique Guy Piera. Cette affaire ne devrait en tout cas pas en rester là. " On verra quelle suite donne la FFR. Le président de la FFR, Bernard Lapasset, la suit de près. Nous allons nous réunir dans les prochains jours. "

A l’annonce de cette nouvelle, le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative dont dépendra bientôt Laporte, semblait pris de court et, après réflexion, préférait "ne pas s’exprimer sur ce dossier" visiblement très embarassant. Du côté de l’Hôtel de Matignon, on se contentait de botter en touche en invitant à appeler directement la Fédération Française de Rugby car "Monsieur Laporte n’est pas encore installé". Installé, non, mais nommé, oui...

Si cette affaire fait grand bruit, outre le fait que Laporte ait contrevenu à la charte signée avec la fédération française de rugby, c’est aussi parce que depuis quelques mois, Bernard Laporte tient plus de l’homme-sandwich que de l’entraîneur qui prépare sérieusement une Coupe du monde à domicile. Pas moyen d’allumer son téléviseur sans tomber sur Laporte vantant les mérites de jambon, rasoirs en plastique, champagne et même de nourriture pour chien...Au total, le sélectionneur est sous contrat avec 17 marques différentes, ce qui lui rapporte au total 1 million d’euros par an...Dans un sport qui se targue de n’être pas encore pourri par l’argent, cela fait un peu tâche. Dans ce contexte, cette affaire de vente de maillots est une sorte de détonateur. _ " L’idée de commercialiser ces maillots de l’équipe de France est malsaine ", réagit Sylvain Deroeux, président de provale, le syndicat des joueurs de rugby, interrogé par Myfreesport. " Le scandale, c’est qu’un maillot passe de 75 euros à 146 euros ", renchérit Guy Piera, avant d’ajouter ironiquement : " Il s’est pris les doigts dans Laporte. "

Cette affaire porte en tout cas un sérieux coup à la réputation de Bernard Laporte, qui est censé prendre le 21 octobre prochain ses fonctions de secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports. Jeudi, Nicolas Sarkozy a fait savoir par la voix de son porte-parole que la nomination de Laporte n’était pas remise en cause "pour le moment". Une petite phrase sybilline prononcée avant que la Fédération française de rugby ne révèle que Bernard Laporte avait " illégalement " commercialisé ses maillots...

Ronan Folgoas, Ludivine Morbin, Claire Raynaud, Gérald Mathieu

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