Bettencourt : Troublants témoignages

Chantal Trovel, ancienne secrétaire du mari de Liliane Bettencourt a confirmé, dans un témoignage recueilli par la police le 8 juillet et dont Le Monde publie des extraits jeudi, les précédentes affirmations de Claire Thibout : des hommes politiques venaient bien recevoir, chez l’héritière de L’Oréal, des versements d’argent en liquide.

"Je savais que monsieur et madame Bettencourt aidaient financièrement des personnes politiques, c’était une évidence que les personnes venaient pour cela". Chantal Trovel, ancienne secrétaire d’André Bettencourt, a confirmé en ces termes, devant la police la semaine dernière, les versements d’argent en liquide à des hommes politiques. Le contenu général de cette déposition était connu mais le quotidien Le Monde , daté de vendredi, en publie des extraits très significatifs.

"Durant les périodes qui précédaient les élections de tous ordres, des personnes qui ne venaient pas d’habitude à la maison demandaient des rendez-vous auprès de monsieur Bettencourt", a-t-elle expliqué devant les enquêteurs, accréditant les propos de Claire Thibout, l’ancienne comptable de l’héritière de L’Oréal. Chantal Trovel a ajouté que les "invités" étaient des "candidats qui cherchaient à financer leur campagne ou des candidats sortants". Quant à elle, elle se chargeait de soumettre les demandes de rendez-vous à André Bettencourt, qui choisissait. "Lorsqu’il disait oui, il recevait cette personne. Ils s’entretenaient ensemble durant une demi-heure à 45 minutes. Puis la personne repartait. Parfois, il arrivait que monsieur Bettencourt me dise ’il est venu vraiment pour ce que je pensais’. Mais il restait évasif", a-t-elle raconté.
Sarkozy, aperçu une seule fois

Cependant elle n’a pas, semble-t-il, donner de noms. Mais l’article du Monde explique qu’elle les a tous vus, les écrans de sécurité de la demeure des Bettencourt étant installés dans son bureau. Et l’article de citer les hommes politiques que Claire Thibout avait identifiés : les couples Barre, Lellouche, Woerth, l’ancien garde des Sceaux Albin Chalandon, Bernard-Henri Levy, Bernadette Chirac ou encore Claude Pompidou. Chantal Trovel ajoute qu’André Bettencourt avait un coffre dans son bureau avec d’importantes sommes en espèces mais, s’il en manquait, il demandait à Claire Thibout d’en retirer. C’était alors qu’apparaissait les désormais fameuses "enveloppes kraft demi-format".

Pascal Bonnefoy, l’ancien majordome des Bettencourt, a également été entendu et, selon sa déposition également citée dans Le Monde, de nombreux hommes politiques étaient invités dans des réceptions chez les Bettencourt. "Monsieur et Madame étaient très courtisés", a dit le majordome à la police. Mais lui se souvient des invités. Notamment Nicolas Sarkozy, aperçu une seule fois. Un point contesté par l’intéressé sur France 2 lundi. "J’ai également en mémoire un grand diner au cours duquel étaient conviés monsieur et madame Woerth, monsieur de Maistre, monsieur Kouchner et madame Ockrent. Monsieur Woerth, je crois que c’est monsieur de Maistre qui l’avait invité", a poursuivi le majordome. Ce "grand diner" s’était tenu début 2007. Quelques mois avant la campagne présidentielle.

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