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Bilan de la réalisation de l’agenda 1968 : bilan du libéralisme économique.

Publie le jeudi 1er mai 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

Aujourd’hui, 1er mai 2008, Jacques Attali dresse le bilan de la réalisation de l’agenda 1968 : ce bilan est catastrophique. La réalisation de l’agenda 1968 aboutit à un monde odieux, un monde dans lequel le libéralisme économique triomphe : « un monde où nul n’a plus d’obligation de solidarité, ni même de loyauté envers qui que ce soit. »

J’avais 24 ans, cette année là, et je l’ai passé entre New York, Paris et Nevers. J’y ai vécu ses trois dimensions essentielles : la libération de la vie privée, la contestation de l’autorité, puis le retour glacé de l’ordre ancien .

Car telle fut 1968, si multiple que chacun peut y voir à juste titre des dominantes contradictoires. Pourtant, un fil conducteur la traverse. Elle ne fut ni un aboutissement, ni un avortement, mais le moment de la fixation de l’agenda du travail pour quarante ans des générations qui s’exprimèrent alors. Et dont l’ambition principale était de se voir reconnu le droit à la liberté individuelle. Dans toutes les dimensions de la vie.

Et même si cette ambition utilisait parfois des moyens collectifs, comme la grève ou le défilé, c’était toujours pour obtenir la satisfaction d’une revendication individualiste : la liberté pour chacun de ne pas obéir aux règles morales et aux ordres des générations précédentes. D’où l’accusation, justifiée en partie, d’etre un mouvement petit bourgeois : des petits bourgeois en effet, désirant avoir les mêmes droits que les enfants de leurs maitres.

Etudiants pour la plus part, ils ont d’abord affirmé leur créativité par la musique, et tenté, pour certains, par la violence, d’en finir avec la domination du capital ou du parti unique.

Après mai, il y eut juin, et toutes ces révolutions furent matées. Sauf celle de la musique, que tous les pouvoirs crurent sans importance. Et pourtant, c’est par elle, plus que par aucun autre canal, que les idées de 68 furent véhiculées et magnifiées ; c’est par elle que la guerre au Vietnam fut enfin reconnue comme une insulte au bon sens, que le droit à la liberté sexuelle, et donc à l’avortement et à la contraception, devint une évidence en Europe ; c’est par elle que le mode de vie occidental fut introduit dans le système clos de l’Est.

1989 réalisa en Occident les idéaux de 1968 et fut l’occasion, en Chine d’une sorte de Mai 68, sur la place Tien An men, matée comme l’avait été en 68 les émeutes aux Etats-Unis, en Europe, de l’Est et de l’Ouest.
Aujourd’hui, l’Occident souffre de la réalisation de cet agenda, de l’épuisement de cet idéal :

Chacun n’a plus qu’à trouver sa place dans ce monde où chacun est libre, et donc seul. Où nul n’a plus d’obligation de solidarité, ni même de loyauté envers qui que ce soit.

On voit bien ce qui reste à se faire : Un 1989 en Asie, un 1968 en Afrique. Et, en Occident, le surgissement d’un nouveau rêve.

http://blogs.lexpress.fr/attali/

Messages

  • ""ce monde où chacun est libre, donc chacun est seul..."

    est ce vraiment ainsi que l’on doit envisager l’état de notre société ?

    chacun est seul, parce que chacun est perdu, sans action réelle sur les évènements qui le concernent.

    Il suffirait peut être de donner à chaque individu le pouvoir d’être représenté, non seulement par des députés, conseillers généraux, maires etc.. mais aussi dans des structures officielles qui agiraient en "contre pouvoir", et qui permettraient

    1) aux élus de communiquer avec leurs administrés

    2) aux "administrés" de se faire entendre et écouter.

    La décentralisation, inachevée, n’a plus de contre pouvoir réel, et le fait d’être plus près des choses ne favorise aucunement l’expression des besoins.

    De nouveaux rapports de force se sont institués, mais il manque la notion de concertation obligatoire pour que cette décentralisation soit positive.

    Cette démocratie devrait aussi pouvoir fonctionner dans les entreprises, où des structures de concertation obligatoires pourraient à la fois soulager la solitude réelle du chef d’entreprise et permettre à chacun de s’impliquer dans sa vie de travail.

    Une sorte de "cercle de qualité" en quelque sorte, où la notion d’équipe est essentielle "une chaîne n’a la force que celle de son maillon le plus faible" .

    Une force également pour le chef d’entreprise qui ne serait plus seul face aux actionnaires tout puissants.