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Brésil, le gâchis

Publie le vendredi 7 octobre 2005 par Open-Publishing
12 commentaires

de Ignacio Ramonet

"Ni le Brésil ni les Brésiliens ne méritent cela", a déclaré, accablé, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva. Il faisait allusion au scandale de corruption qui, depuis quatre mois, secoue son pays, et éclabousse des ministres et des dirigeants de la formation dont il est issu, le Parti des travailleurs (PT). Dévoilée avec jubilation par les grands médias, l’affaire a pris des allures de feuilleton télévisé (1). Avec la violence d’un ouragan dévastateur, toute la scène politique s’en trouve bouleversée.

Il semble désormais avéré que l’entourage de M. Lula da Silva, et en particulier M. José Dirceu, ministre de la maison civile du président (sorte de premier ministre), avait mis sur pied un vaste système de pots-de-vin pour acheter le vote de députés des partis alliés au PT (2). Prélevés dans une "caisse noire" alimentée par les finances publiques, quelque 10 000 euros étaient versés à chaque parlementaire corrompu... Par ailleurs, dès 2002, un mécanisme sophistiqué de détournement de fonds aurait permis de financer la campagne ayant abouti à l’élection du président Lula.

Jusqu’à présent toutefois, nulle preuve n’a été apportée de l’implication personnelle du chef de l’Etat. Il ne semble pas non plus que les différents dirigeants politiques, membres du PT, compromis dans ces affaires se soient enrichis à titre personnel. Ils étaient, et ce n’est pas moins grave, « corrupteurs actifs » (non « corrompus passifs ») agissant au nom de ce qu’ils considéraient comme l’intérêt supérieur de leur parti.

Depuis janvier 2003, le PT a gouverné avec l’appui de divers alliés. Mais il ne disposait pas, malgré ces soutiens, d’une majorité à la Chambre, ce qui l’a contraint à rechercher la neutralité ou le soutien des grandes formations conservatrices comme le Parti social-démocrate brésilien (PSDB), le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) et le Parti du front libéral (PFL). Au Brésil, les parlementaires sont traditionnellement indépendants des formations dont ils portent l’étiquette. Ils n’hésitent pas à changer d’appartenance. Et sont donc extrêmement sensibles à toutes les formes de corruption. Celle-ci, hélas ! et comme dans beaucoup de pays, est une pratique constante en politique, quelle que soit l’équipe aux commandes. Sauf que, cette fois, avec le PT au pouvoir et avec M. Lula da Silva à la présidence, les citoyens espéraient un bannissement définitif de ces mœurs détestables.

Le PT n’avait-il pas fait de l’éthique son principal étendard ? N’avait-il pas répété que la « démocratie participative », dans les municipalités et les Etats qu’il gouvernait, constituait la meilleure garantie contre la corruption ? N’avait-il pas inventé l’idée du « budget participatif » comme modèle de contrôle collectif sur la gestion des finances publiques ? M. Lula da Silva, né dans la misère, et qui avait réussi à se frayer un chemin au milieu de féroces inégalités, n’était-il pas l’exemple même de la probité ?

La déception actuelle est à la mesure des espoirs qu’avait fait naître son élection, en octobre 2002. On pensait alors qu’une page se tournait, et que, pour la masse des déshérités du Brésil, l’heure de la justice sociale sonnait enfin (3).

Selon certains, cependant, le scandale actuel ne constitue nullement une surprise. Depuis longtemps, l’aile gauche du PT et les puissants mouvements sociaux (dont le Mouvement des sans-terre) alertaient sur les dérives d’un gouvernement réticent à mettre en œuvre les indispensables réformes sociales (4), tandis qu’il s’évertuait à conduire, encouragé par le Fonds monétaire international (FMI), une politique économique fort éloignée des promesses faites à l’électorat populaire. Le paradoxe, c’est que le PT en est venu à corrompre des députés de droite pour faire voter des lois de droite...

Bien sûr, les forces conservatrices, qui se vautrent pourtant depuis des décennies dans la corruption, exultent et se permettent de faire la morale. A Washington, on ne pleure pas trop non plus sur les malheurs du président Lula. Sa diplomatie Sud-Sud innovante irritait. Et le rôle pivot de Brasília dans une Amérique latine entraînée de plus en plus vers la gauche par le nouvel axe Venezuela-Cuba, mais aussi par l’Argentine, l’Uruguay et le Panamá, déplaisait.

S’adressant à la nation le 12 août dernier, le président brésilien a présenté des « excuses » à son peuple, affirmant avoir été « trahi par des pratiques inacceptables dont ignorai tout ». La prochaine élection présidentielle aura lieu en octobre 2006. D’ici là, M. Lula da Silva parviendra-t-il à renouer le lien avec les classes populaires, qui en avaient fait une icône et qui voient aujourd’hui leurs rêves éclipsés ?

(1) Sous le titre « Scandale des mensualités », on en trouvera une chronologie très détaillée sur le site de l’encyclopédie libre Wikipedia

(2) Parti du front libéral (PFL), Parti communiste du Brésil (PCdoB), Parti communiste brésilien (PCB), Parti populaire socialiste (PPS), Parti démocrate travailliste (PDT), Parti travailliste brésilien (PTB), Parti socialiste brésilien (PSB), Parti Vert et Parti progressiste brésilien (PPB).

(3) Lire « Viva Brasil ! », Le Monde diplomatique, janvier 2003.

(4) Lire Emir Sader, « Rendez-vous manqué avec le mouvement social brésilien », Le Monde diplomatique, janvier 2005.

http://www.monde-diplomatique.fr/im...

Messages

  • Ce qui se passe au Brésil avec les dérives du PT illustre hélas ce qui finit par arriver à tous les pouvoirs.
    Le pouvoir corrompt. Qu’un groupe prônant une politique idéale parvienne au pouvoir et, même s’il est de bonne foi, il sera immédiatement phagocyté par les rapaces de la toute-puissance, prêts à épouser toutes les convictions pourvu qu’elles leur donnent gloire et richesses aux détriments des masses. Qu’un individu reste incorruptible (Lula ? Mandela ?), et il sera immédiatement assailli, au point d’être étouffé par la cohorte des profiteurs en tout genre.
    Espérer des lendemains qui chantent est un leurre. On ne peut aller contre la nature humaine. Les êtres humains se sont tout de même révélés au fil de l’histoire comme une des espèces les plus prédatrices.
    Il reste cependant un espoir : résister. Fédérer le pouvoir de résistance de ceux qui refusent de rentrer dans le rang et de se soumettre aux ordres.
    Comment concrétiser cela dans la pratique : créer des contre-pouvoirs suffisamment puissants pour contrebalancer les excès de ceux qui tiennent les rênes du monde et, si ces contre-pouvoirs finissent par prendre le pouvoir, recréer inlassablement des contrefeux à leurs excès inévitables.
    Quelques exemples de contre-pouvoirs : Attac, Amnesty international ...
    Tel est selon moi le seul chemin à suivre, le seul chemin possible. Faut-il s’en désespérer ? Non.
    Pierrick Tillet

    • comparer LULA à MANDELA ?...faut oser !

      au fait LULA est bien membre de l’Internationale Socialiste ?

      Nous reste CHAVEZ et CASTRO qui, avec leurs défauts, maintiennent la banderole de la révolte contre les USA !

      Comme le dit la magnifique Myriam MAKEBA Cuba envoie ses médecins, ses enseignants en Afrique et ailleurs : c’est un travail de fond concret pour aider les peuples à se libérer.

      Arlequin

    • Et puis il ne faut pas oublier que Cuba fournit aussi des marins
      à Corsica ferries ce qui lui permer de faire du dumping social ..
      C’est sur que ça aide les marins corses à se libérer , :)

      voir l’article du Monde du 28.09.05

      " Les syndicats, au premier rang desquels la CGT-Marins, dénoncent
      régulièrement le principe de cette aide publique consentie à une société
      privée. Critiquant une structure financière "précaire" , selon les
      termes d’un cabinet d’audit, ils accusent aussi Corsica Ferries, dont la
      majeure partie de la flotte bat pavillon italien et qui emploie du
      personnel navigant cubain et panaméen, de tirer profit de législations
      sociales très souples au détriment des droits des salariés. "

      Jimma

    • Malheureusement, les contre-pouvoirs que tu cites n’ont que peu d’efficacité face au pouvoir économique corrupteur. Le seule critère d’une société capitaliste (qui est ce qui se cache sous l’euphémisme d’économie de marché) est un critère marchand. Donc le moyen puis le signe de la réussite sont l’argent. Comment changer cet état de fait ? C’est je pense toute la question.

    • Si l’on s’en tient aux dix dernières années, il est clair que la mondialisation a permis aux intégristes libéraux de s’emparer de tous les pouvoirs à l’échelle de la planète. Savoir qu’à cet intégrisme libéral ne paraît s’opposer que l’intégrisme islamique ne me plaît pas non plus. Mais l’hstoire humaine ne se joue pas sur 10 ans.
      Et il ne me semble pas que des mouvements comme Attac, Amnesty international et consorts soient inutiles. Elles aident au prise de conscience (tout comme Bellaciao), ne sont pas sans efficacité (le non au referendum européen). Et des contre-pouvoirs auraient bien été utiles du temps où la "gauche" dirigeait le pays en se laissant dériver dangereusement vers le libéralisme que nous condamnons.
      Critiquer les contre-pouvoirs parce qu’ils sont insuffisants me paraît dangereux : cela justifie tant d’abandon. Les contre-pouvoirs peuvent-il être suffisants à terme ? Non, probablement. Mais que nous reste-il d’autre à faire que résister du mieux que nous pouvons. Simple question de dignité.
      Pierrick Tillet

    • Simple piqure de rappel :

      Le TCE s’attaquait tout particulierement aux principes de la séparation des pouvoirs pour en vider la plus grande partie de leur substance. Il s’agissait là de séparation des pouvoirs institutionnels bien sûr, Justice, Executif et Législatif. Nappée d’une agression sur les principesdémocratiques fondateurs des vieilles démocraties on aurait eu en place les ingredients necessaires à une vague corruptrice encore plus forte que celle connue maintenant.

      Ignacio Ramonet décrit bien le processus corruptif, le plaisir retrouvé de la droite, les protestations des "justes" qu’"on" n’écoute pas, la politique sociale ambigue menée, dans le naufrage du gouvernement Lula dû à une politique corruptrice au nom de la "bonne cause".

      Cette affaire indique également les limites d’un parti de gauche rassemblant l’essentiel des courants de gauche en son sein, montrant ainsi que les principes unitaires à l’interieur de la gauche ou d’un parti unique des travailleurs ne sont rien sans contenus valables, sans efforts démocratiques essentiels, sans transparence, sans logiques gouvernementales allant au delà d’une tentative de démocratisation + poussée des municipalités.

      Entendons-nous bien, la corruption existe partout et c’est de son importance + ou - grande qu’on parle.
      On peut parler de plusieurs types de corruption, celle implicite et celle explicite vouée aux gémonies judiciaires.

      La corruption implicite, par sa forme légale, qui consiste à favoriser des interets privés puissants contre les interets d’une population est un sport très connu autour des executifs américains et européens.

      Cette corruption légale est terriblement coûteuse et devastatrice (les Pétroliers et Busch, les hauts dirigeants européens traînant dans des clubs où ils babillent tendrement avec des dirigeants de grandes entreprises pour après leur donner de bons et beaux avantages, la tentative de directive logicielle astronomiquement minoritaire mais poussée en avant pour une infime minorité d’entreprises, des petites croisères en privé du "chef" sur le navire privé d’un grand pétroleur grec avec une belle aide quelque temps après, etc...).
      Cette corruption humaine est terrible et franchit souvent le rubicon en arrosant d’illegalités frégatières taïwanaises aux sommes rondelettes, de prêts en soutien de dictateurs africains feroces, au niveau des états, voir à de clownesques aventures de bas de gamme pour une certaine dirigeante femme politique bruxelleuse, etc...

      Alors je serai assez modéré sur la forme pour les petits copains de Lula (seulement 10 000 euros me suis-je dis ?)... Car nous avons nous une terrible lessive à faire, une remise sous controle plus étroit des citoyens des institutions et pratiques financieres. Quand on est prêt à filer pour 35 millions d’euros quelque chose qui en vaut 4 à 500 millions (un cadeau juteux à souhait) dans une affaire de troisieme ordre (pardon à mes amis de la SNCM) on est sur un autre terrain, en 1ere division si j’ose dire...

      Mais bon... Par contre certains ici m’ont étonné .
      Ceux qui citent ici Cuba comme univers sans corruption se trompent. La corruption existe partout à Cuba dans la société réelle.
      Des petit cadeaux aux policiers, des petits cadeaux aux bureaucrates, l’univers illegal massif et énorme mais toléré de l’économie souterraine brise une très grande partie des aspects positifs de la société cubaine par la corruption inherente à son existence semi-légale.
      L’économie souterraine rend extremement difficile la gestion et rend donc quasiment impossible de savoir où en est vraiment l’économie.
      Mais comme toute corruption elle est particulière et spécifique dans ses fonctionements à la société où elle prospere. Alors oui, Cuba libre, Cuba résistant, mais Cuba également corrompu ....
      Faire baisser cette corruption souterraine necessiterait une forme adoucie de NEP à Cuba. Car à partir de ce moment la plus grande partie de l’économie souterraine n’aurait plus besoin de corrompre pour exister. La bataille alors pourrait se concentrer sur une autre façon de faire, moins autoritaire : pousser les producteurs à s’unir par la démonstration de la plus grande efficacité d’être unis. En sus, l’état pourrait lever correctement des impots sur ces activités. Mais c’est un autre débat.

      Par contre, faire baisser la corruption au Bresil par une légalisation de celle-ci ne serait pas une bonne solution . Et peut-être aurait-il mieux vallu se battre un peu + à gauche et pouvoir s’abstraire ainsi de ces alliances corruptives. Remettre à plat les fonctionements du parlement et des municipalités afin de les doter de fonctionements + transparents ... la possibilité de la révocabilité des élus par la popualtion pourrait également être une piste complementaire.

      Copas

    • ah...alors si le "monde" l’a dit c’est que cela doit être vrai !! le monde ne ment JAMAIS !
      comment ce journal bourgeois-catho inféodé aux pouvoirs peut-il encore bénéficier d’un quelconque crédit.

      Journal de merde

      arlequin

    • ...Donc associer la base.....leitmotiv....certes....mais sans structures transparentes où la base est "partie faisante" ( démocratie directe, révocabilité, comité de suivi.... ) rien de nouveau est possible.
      L’erreur de LULA de s’être coupé de la base des citoyens, des travailleurs...d’avoir reprit à son compte le fonctionnement bourgeois des démocraties...qui n’ont que le nom.

      éTOc

    • "Jusqu’à présent toutefois, nulle preuve n’a été apportée de l’implication personnelle du chef de l’Etat. "

      Il se fout de la gueule du monde, Ramonet ? Lula ne savait pas puisque, c’est bien connu, les chefs, lorsqu’ils donnent les consignes n’oublient jamais de les assortir d’un "démerdez-vous, je ne veux pas le savoir".
      Les dirigeants ont TOUJOURS les mains propres. Sinon pourquoi y aurait-il des exécuteurs de basses œuvres et de petites manœuvres payés pour porter les chapeaux...

      Groseille

    • (seulement 10 000 euros me suis-je dis ?)... ...

      Effecivement : le plus important n’est peut-être pas de savoir si Lula avait des lunettes roses, mais que sa politique, CORRUPTION OU PAS, déçoit ceux qui l’ont porté au pouvoir - enfin une partie d’entre eux - ceux sans doute qui n’ont rien "touché" - les petits et les sans grade. Dommage.

      Le fric, l’argent, le pognon, le blé, etc... est le nerf de la guerre. Y compris de la guerre de résistance. Comment en avoir sans exploiter à mort son voisin ? Vaut-il mieux pour obtenir une victoire politique, payer celui qui veut bien se vendre ? Il n’y a pas exploitation ni atteinte à la liberté, mais le problème doit être dans la contrepartie exigée...

      Las... tout le monde n’a pas de bonnes réserves de pétrole.

      Lola

    • J’avais un petit article intéressant sous la main et ne sachant pas ou le poster...j’ai donc décidé de le placer ici....


      À l’école de la Taxe de Tobin
      novembre 2005 par Alain Lipietz

      Le mouvement pour la taxe de Tobin fut d’abord une réaction citoyenne contre l’impuissance de la politique nationale face à la « globalisation financière ». Dans les années 80, les victoires électorales de la gauche se cassaient le nez sur la dépendance économique du pays à l’égard des mouvements incontrôlés des marchandises, et surtout des capitaux. Des vagues de spéculation contre le franc amenaient presque mécaniquement des hausses frénétiques des taux d’intérêts pour retenir les capitaux qui s’enfuyaient, suivies par des « plans d’austérité » impliquant le renoncement à toute politique sociale. Les forces progressistes semblaient condamnées à panser localement les blessures d’une guerre économique globale.

      C’est alors que Charlie hebdo, Le Monde diplomatique, Politis et Témoignage chrétien, bientôt relayés par des milliers de citoyens dans le mouvement ATTAC, déterrèrent la proposition du très réformiste prix Nobel James Tobin : taxer les mouvements de capitaux d’une monnaie à l’autre, rendre ainsi coûteuse la spéculation, afin de la réduire, voire l’éteindre. Chaque pays y gagnerait un peu d’indépendance pour faire localement des choix démocratiques plus ou moins sociaux ou écologiques. Et puisque la taxe serait d’autant plus efficace qu’elle serait internationale, autant en faire un premier impôt mondial, affecté à la lutte contre la pauvreté dans le Tiers monde. La défense de l’autonomie locale se combinait donc avec l’affirmation d’une solidarité globale.

      Les Verts soutinrent aussitôt la proposition. La spéculation financière, en effet, ne concerne pas seulement les écologistes à cause de ses implications sociales. La hausse des taux d’intérêts, arme utilisée par les gouvernements pour retenir les capitaux depuis les années 1970, a eu des graves conséquences. Car c’est aussi la hausse du coût des investissements et de la « préférence pour le présent ». Or, lutter contre l’effet de serre, c’est par exemple investir massivement dans les infrastructures ferroviaires, construire des habitations « bioclimatiques » qui, si elles permettront plus tard de copieuses économies, coûtent en général plus cher au départ, d’autant plus cher que le prix des emprunts est élevé.

      Dix ans après, la taxe de Tobin n’a toujours pas été adoptée. Elle s’est heurtée à l’opposition résolue de tous les gouvernements, même ceux qui s’étaient fait élire en l’affichant à leur programme... comme le Parti socialiste. La naissance de l’Euro en a estompé l’urgence , mais elle peut redevenir importante si le fantastique endettement des Etats-Unis déclenche une crise financière mondiale majeure .

      Le mouvement aura joué un rôle essentiellement pédagogique : ouvrir le débat sur les structures et les mécanismes politiques supra-nationaux permettant de contrer la globalisation des marchés des capitaux et des marchandises. D’autres exigences se sont ainsi développées : pour la défense globale de l’environnement (accord de Kyoto, Convention sur la biodiversité), pour des clauses sociales sur le marché mondial. Le premier impôt Nord-Sud, il est dans l’accord de Kyoto-Marrakech : un fond, alimenté par une contribution assise sur les émissions de CO2, est affecté aux énergies propres dans le tiers-monde.

      Curieusement, la taxe de Tobin est aussi attaquée par la gauche. Quand, en janvier 2000, le Parlement européen a voulu lancer le processus d’adoption d’une taxe de Tobin, il lui a manqué quelques voix : celles des élus trotskistes français. Pour ceux-ci, la taxe de Tobin, en ne contrant que les seuls « excès du capitalisme globalisé », aboutirait à stabiliser, et donc renforcer le capitalisme lui-même... À leurs yeux, mieux valait sans doute un capitalisme plus instable et plus dur !

      Autant condamner l’agriculture biologique parce qu’elle « transforme en marchandise des produits naturels, cautionnant ainsi les rapports marchands », ou les associations prônant le covoiturage parce qu’elles « n’attaquent pas à la racine la civilisation automobile ». Au fond, c’est la question du réformisme radical qui est posée. Les écologistes ne peuvent pas se permettre d’attendre les « profonds changements » promis par les partis révolutionnaires . Ils doivent agir tout de suite, au quotidien comme citoyens associés, dans le cadre institutionnel comme élus, pour améliorer le sort des plus démunis et faire évoluer notre monde productiviste et libéral vers un modèle plus respectueux des exigences de la nature et de la solidarité.

      http://lipietz.net/article.php3?id_article=1629

    • Je ne vois pas trop la relation si ce n’est que tout serait dans tout...

      La relation entre l’achat de deputés de droite brésiliens par un gouvernement de gauche ne semble pas avoir un rapport extremement direct avec la taxe Tobin et le comportement d’élus d’extreme gauche français au parlement européen...

      Achat de deputés bresiliens : 10 000 euros la bête
      Marché des changes : On est au dessus des 3000 milliards de dollars l’an (voir les évaluations de la Banque des Règlements Internationaux ).

      Maintenant il est exact que la taxe Tobin eviterait la taxation des échanges par des spéculateurs dûs à un grand nombre d’allers-retours sur une monaie. Rencherir le coût de l’échange d’une monaie contre une autre limite le nombre des allers-retours, mais pas la spéculation.

      Les gros cassages de figure sur une monaie peuvent se faire d’un bloc. Là, la taxe Tobin n’y peut rien.
      Il faudrait donc mieux s’attaquer au controle réel des flux financiers et pas seulement taxer leur rotation ultra-rapide (la Taxe Tobin serait toujours une bonne chose mais il faut en évaluer les limites, elle rend coûteuse la multiplication des rotations, mais pas les rotations).

      L’extreme fragilité des monaies des états en voie de développement ou des états du tiers-monde vient beaucoup + de l’absence de controle des monaies . La Chine controle fermement sa monaie, l’Argentine non, et le Brésil pas trop....

      Pourtant la Chine semble maintenant très vulnerable vis à vis des échanges mondiaux... Mais ils controlent encore la monaie....

      Le cours du député de droite brésilien est au plus bas. Je conseille : Achat spéculatif !

      Copas