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CHRONIQUE

Publie le mardi 24 mars 2009 par Open-Publishing
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La chronique de Charles Edouard DURANT de la PLEINE FOUILLE

La misère n’est pas que chez les pauvres.

Chers amis , ma chronique est bien entendu empreinte d’une indicible souffrance. Après des années de travail acharné d’un déploiement d’énergie digne d’une centrale nucléaire, d’accumulation de richesses, j’ai voulu rencontrer mes ouvriers pour leur annoncer mes difficultés à satisfaire mes actionnaires qui ont investi dans l’entreprise.

Voila comment je suis remercié.

Et ça vous fait rire ?

Voyant cette image qui incarne la déchéance de l’entrepreneur mes actionnaires m’ont lâché aussi. Et pourtant dieu sait si je les ai chouchouté. Juste avant la prise de ce cliché je venais de leur annoncer que leurs dividendes seraient record. Si j’avais su j’aurai embauché un américain juste pour recevoir la vindicte de la populace, cette meute d’ouvriers toujours à se plaindre et qui ne comprennent rien au management d’une grande entreprise.

Mon Directeur a démissionné dès que je lui ai demandé d’aller les voir. Le lâche. J’ai dû, moi, PDG du groupe m’abaisser à cela. Toutefois, une petit consolation : sur la photo un méchant ouvrier me lance à la figure un drapeau. Il est bleu ( le drapeau. Pas le syndicaliste). L’honneur est sauf car il aurait pu être rouge venant d’un militant de la CGT ce qui aurait été un symbole fort des bolchéviques sur le grand patronat.

Non, ce drapeau est celui d’un syndicat avec qui nous avions fait du bon travail. Il avait signé le retour au 40 h, l’abandon des RTT et de primes, en contrepartie ils avaient toute ma considération. Et maintenant ils me jettent des objets à la figure ? Quelle ingratitude.
L’œuf ? Non, j’ai des témoins, il vient des communistes bien sûr. Cela ressemble bien à leur méthode de voyous ou la violence prime. Dailleur si je me tiens le visage c’est parce que l’œuf est arrivé en bout. Et ça fait mal. Ca vous fait rire ?

Mais mon calvaire fut aussi lorsque me repliant vers la direction, j’ai trouvé les couloirs et bureaux déserts. Puis les cadres sup et directeurs de tout et de rien sortir de dessous les tables lentement. C’est sur eux que je me suis défoulé. J’en ai viré 4 sur le champ, licencié 3 immédiatement et j’en ai giflé 2. Et le calvaire continue avec la culpabilisation. De fermer l’usine ? Non. Je culpabilise d’avoir recruté des cadres, une bande d’incapables à gérer une crise, à faire passer les messages , à venir démonter une machine la nuit et la charger dans un camion, à éliminer les communistes, de ne pas pousser au départ volontaire des ouvriers (sans prime ni indemnités. Et puis quoi encore.) de ne pas avoir le courage de venir autour de moi au moment d’affronter la foule. Bien sur le directeur adjoint, Philippe Justin de la RONDIERE, ce serait fait lyncher tellement il est détesté par le personnel.
Il y a aussi le directeur commercial, un copain de mon fils sortant de HEC. Quand je pense que le lendemain de son embauche il venait en Porsche à l’usine. Moi, à mon époque j’ai dû attendre 6 mois pour m’offrir ma première FERRARI. Ah les jeunes qui nous remplacent vont manger la grenouille comme disent les prolos.

Pour me détendre, je suis allé à NEUILLY sur SEINE …..

….déambuler au jardin d’acclimatation, voir les animaux, comme lorsque j’étais enfant accompagné de mes nourrices et préceptrices les jeudis.
C’est la ou j’ai connu celle qui deviendra mon épouse, Marie Véronique. _ Quand elle a vu la photo de mon martyr, ( parce qu’elle lit l’HUMANITE DIMANCHE (*) elle a eu ses vapeurs. Je lui ai fait croire que le crâne entouré de cheveux blonds était celui de Brice HORTEFEUX. Elle a compatie en ajoutant que le jaune d’œuf était bon en shampoing pour cheveux blonds.
Je dois vous dire aussi que j’envie mon collègue de PONTOUX que les prolos communistes ont séquestré. « Séquestré » ! Ca c’est la classe, ça c’est médiatique ! Mais se prendre un œuf sur la tête….. J’en ai assez que mes enfants bouffent de rire à table.

Voila mes amis, comme vous le voyez la vie de PDG et d’actionnaires n’est pas de tout repos.

Votre Charles Edouard

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