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COMORES : Débat autour de la proposition “Un Etat, deux administrations”

Publie le vendredi 13 novembre 2009 par Open-Publishing

Des assisses nationales sur la proposition du président Sambi
Le comité maore a conduit, au palais du peuple de Hamramba, un débat populaire autour de la proposition du président Sambi, “Un pays, deux administrations” soumis aux Nations Unies, pour régler le différend territorial qui oppose les Comores à la France. Idriss Mohamed, principal animateur du comité, a repris à son compte le mot d’ordre lancé par le Vice-président Idi Nadhoim, “Mpaka Mpakani” (littéralement poussé l’adversaire hors des frontières). Idriss Mohamed a exhorté “les forces politiques et les forces vives de la nation à s’unir autour de la proposition du président, en imprimant une démarche et lui donnant une feuille de route précis pour son application”. Selon lui, “la France a suffisamment démontré les preuves de la futilité d’un dialogue bilatérale”, justifiant aujourd’hui “l’ultime retour de la question dans les instances internationales”, mais aussi “l’importance d’un arbitrage international”.
Selon Idriss Mohamed, “la réactivation du Comité des sept par l’Union africaine doit être saisie dans toute sa dimension politique et historique”.
C’est la partie comorienne qu’il interpelle pour qu’elle donne “un contenu aux travaux de ce comité afin qu’il appuie et impulse les démarches de l’Onu”.
Le Gthn, groupe de travail de haut niveau, s’il constitue une bonne initiative dans la forme, n’a jusqu’ici produit que des résultats à la faveur du statuquo et à la reconnaissance de facto du maintien de Mayotte sous administration française sans aucune autre alternative que de servir à légaliser les expulsions massives des Comoriens des autres îles (16.000 en un an). Le débat ouvert, Mhoussine Hassane El barwane, enseignant à l’Université des Comores, rappelle à juste titre que “la question de Mayotte doit se gagner aussi par des bonnes pratiques de gestion”. Selon lui, “Mayotte continuera de s’éloigner si des réponses ne sont pas données aux problèmes de la santé, de l’éducation et de l’énergie”, soutenant l’idée géniale selon lui “d’impliquer au plus haut niveau la communauté internationale, par la réactivation du comité des sept de l’Ua”, par exemple. Dans l’immédiat, la France doit, déclare-t-il, “annuler le visa Balladur, responsable de nombreuses victimes dans l’océan”. Même ton que Kamal Abdallah, comptable, qui affirme que “la France ne peut vaincre les Comores” ; donnant l’exemple du Comité Maore qui est “parvenu à impulser le débat et dynamiser l’esprit patriotique”. Kamal a pointé du doigt ces pratiques visant à “accentuer les particularismes et les régionalismes empêchant la formation d’un esprit national et patriotique”. Il abonde dans le même état d’esprit que Mouhssine, estimant que “les questions économiques doivent être réglées pour rassurer les Maorais”.
Ahmed Abdallah, enseignant, attire l’attention sur “les tentatives menées pour accentuer le métissage à Mayotte, dans le but de déraciner les Maorais et de casser les fondements de la religion musulmane”, une des valeurs sûres de l’Unité historique et culturelle de l’archipel. Le député Maarouf a rappelé que l’Assemblée de l’Union était à l’origine de la résolution instituant le 12 novembre journée nationale maoré, proposant qu’une “résolution soit adoptée pour appeler à des assises nationales sur la question de Mayotte”. Abdallah Halifa, parlera du fait Maoré. Selon lui, Mayotte ne peut se gagner sans un combat mené de l’intérieur de l’île, appelant ainsi le pays à rivaliser d’intelligence, à imaginer des formes de soutien et d’appui au combat mené de l’intérieur de l’île.
L’intervention très critique viendra de Mme Chafika, remarquant que “les candidats aux législatives sont absents à la cérémonie”, se demandant à juste titre ce “qu’ils iront défendre à l’Assemblée s’ils ignorent jusqu’à la date historique de l’admission des Comores à l’Onu”. Ceux qui ne pensent pas au pays, ne penseront jamais à leur région, conclue-t-elle, visiblement déçue. Selon toujours elle, “il faut mettre fin à la mendicité et continuer de croire que le pays se développera grâce à l’emploi déniché dans les pays arabes”. Elle soutient que “notre salut passe par le développement des secteurs de forte croissance économique, comme la pêche et l’agriculture”.
Elle exhorte les forces vives “à faire bloc autour de la proposition du président Sambi”. Ali Mroudjaé, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères, axera son intervention sur des rappels historiques de haute importance, appelant la jeune génération à ne pas se laisser abuser par “les fausses vérités historiques”. Il fera le plaidoyer des accords de juin, tout en soutenant “l‘idée de donner un contenu à la proposition du président Sambi”. Selon lui, “la sécurisation de la population de Mayotte est devenue un facteur déterminant dans le nouveau dialogue et dans la recherche d’une solution au différend qui oppose la France au monde et au droit international”.

Compte rendu de
Ahmed Ali Amir

Source : Al-watwan N° 1442 du 13 novembre 2009 via
http://wongo.skyrock.com/