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COMORES : La tournante en 2010 ou la lutte pour 65 milliards de francs ?

Publie le mercredi 27 janvier 2010 par Open-Publishing

Depuis quelques semaines, les politiciens comoriens se livrent une bataille sans merci pour soutenir ou dénoncer la prolongation (qui ne fait plus aucun doute) du mandat présidentiel. Mais dans les coulisses de cette bonne guerre, se cachent des raisons et des ambitions beaucoup moins nobles que celle de se battre pour « les droits de nos frères mohéliens ». Il serait naïf de penser que certains mohéliens du gouvernement (notamment le vice-président Ikililou et le ministre Oukacka) se soient soudainement désolidarisés des autres membres qui prônent une prolongation du mandat présidentiel, dans le seul but de défendre les intérêts de l’ile de Djumbé Fatima. Une volte-face qui, en effet, coïncide étrangement avec l’arrivée aux Comores des 65 milliards de francs de la citoyenneté économique. Rappelons que Monsieur Ikililou est actuellement en charge des finances et du budget de l’Union des Comores, ce qui fait de lui l’homme le mieux informé sur l’avenir économique et financier des Comores. De quoi nourrir des ambitions alors que le Chef de l’Etat et son ancien ministre des finances Mamadou viennent de redorer l’image des Comores auprès des bailleurs de fonds internationaux.
Mais du coté du président Sambi, pas question de laisser les fruits de sa politique durement acquis aux mains d’autres personnes. Ce qui pourrait expliquer sa récente volonté à rester à Beit-Salam au-delà de mai 2010. Il serait hors de question de laisser son successeur (même issu du même mouvement politique) bénéficier du contrôle exclusif de cette énorme somme d’argent. Car il est évident que nous ne sommes pas à l’abri de retrouver des voyous à la tête du prochain régime. Ce qui annihilerait tous les efforts déployés depuis bientôt 4 ans. La division du gouvernement vient de ces 65 milliards de francs qui ne laissent plus personne indifférent.
Une manne d’argent qui n’a, par ailleurs, pas laissé insensible le reste de la classe politique comorienne. Est-il nécessaire de rappeler le réveil soudain de l’ancien président Azali, qui vient de sortir de 3 ans et demi de « coma politique ». Il est évident que l’ancien président Azali souffre actuellement de graves problèmes financiers, avec une femme gravement malade et un train de vie qui ne correspond pas à la retraite qu’il perçoit par l’Etat. La course aux 65 milliards de francs comoriens est donc une piste sérieuse pour l’homme qui a toujours été qualifié de « pire président que les Comores n’aient jamais connu ».
Que dire de l’étrange soutien de Larifou (qui a détourné plus d’un million d’euros à la Reunion) à Abdouloihab (qui a de grosses dettes en Frances auprès de la communauté marseillaise) alors que les deux hommes ne daignaient pas se voir au lendemain des élections de 2007. Depuis quelques semaines la danse des alliances s’est accentuée, mais elle rassemble étrangement que des politiciens « fauchés » (dont Abdouloihab fait désormais partie et dont Mohamed Ali Said vient de désolidariser). Une alliance de l’opposition qui a essuyé des échecs de plus en plus cinglants, mais qui ne semble pas vouloir en tirer les conclusions tant la somme en jeu est immense. Le CRC et le RIDJA se positionnent comme les chefs de file de l’opposition, mais n’ont aucun membre dans l’ensemble des institutions de l’Etat. Officiellement ils se battent tous pour l’intérêt des mohéliens, mais officieusement ce sont les 65 milliards de francs comoriens qui tournent tout le monde en bourrique, y compris le vice-président Ikililou et le ministre Oukacha.

Salim Houssein Ahmed
Source : http://wongo.skyrock.com