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COMORES : SARKOZY, NOTRE AME ET LES SOUS DES “BONS” FRANÇAIS
Publie le lundi 25 janvier 2010 par Open-PublishingLa semaine dernière le président de l’unique puissance coloniale de la planète, Nicolas Sarkozy, s’en est allé se livrer à un baroud de grande puissance en terre comorienne de Maore comme on n’en voit plus en Afrique depuis plus d’un demi-siècle. Outre qu’elle soit un déni du droit international, une injure grossière aux usages en cours dans les relations internationales et un véritable anachronisme historique, cette visite en terre coloniale, le président français l’a conçue et conduite comme une somme d’insolences et d’arrogances que jamais, dans ce contentieux, une autorité française n’a osé fait montre par rapport à son homologue comorien et par rapport aux plus hautes instances internationales.
En effet, non seulement Sarkozy s’est contenté d’ignorer superbement l’existence de ce conflit – un des plus présents aux Nations unies depuis près de trente cinq ans et dont les positions sont les plus clairement affichées – mais il a poussé l’arrogance jusqu’à ignorer, jusqu’au dédain, son homologue comorien qui, pourtant, devant les Nations unies vient, à ce sujet, de lui tendre la main en lui faisant une proposition de sortie sommes toute la plus honorable possible pour son pays et la plus conciliante possible pour le notre.
ENTRE “KWEZI” ET “MNYI”
Non seulement il s’est complètement lâché comme jamais dans son exercice favori du peu de considération qu’il a en envers les peuples non européens (magrébins et africains en particulier) mais, en prime, il s’est payé le luxe, depuis son pupitre de président de la République française, de donner le plus officiellement possible et le plus froidement du monde le coup d’envoi à l’ouverture de la chasse en terre comorienne des “autres” Comoriens en appelant, publiquement, les Maorais à “mettre fin à l’hypocrisie”.
Autrement dit “si vous voulez nos sous à nous autres bons Français, il vous faudra jeter à la poubelle tout ce qui vous a fait, vous, jusqu’ici et ne pas avoir de coeur”. Dans ces conditions, son “kwezi” de ce lundi 18 a été ressenti et est compris par notre peuple, plus comme un “mnyi” que comme la marque du respect dont est chargé ce mot. Cette insolence courageuse, monsieur Sarkozy l’a étalée en tout aise et quiétude parce qu’il savait qu’en face personne n’allait bouger le petit doigt.
Il sait que les officiels et les politiques comoriens sensés lui donner la réplique ont (avec l’échafaudage effréné des scénarios de limitation ou, au contraire, de rallongement du mandat du fundi) d’autres urgents et juteux chats à fouetter que la défense trop théorique à leur goût de l’intégrité de leur pays.
Il sait que nos diplomates trop soucieux d’assurer leurs entrées par la portes de derrière de sa chancellerie (suivez mon regard) allaient, sous les ordres express de cette dernière, se charger de la faire boucler à l’Etat comorien et, ainsi, lui laisser libre cour pour qu’il vienne jusqu’à nos bras nous insulter et nous faire la chasse.
Il est vrai qu’avant de mener son coup, ce lundi 18 janvier, ses hommes de main sur place ont pris le soin d’inviter ou de se faire inviter – parfois jusqu’au jour J moins quelque petites heures très nocturnes – par certains d’entre nos plus hauts cadres, nos anciens et nouveaux grands patrons des sociétés d’Etat (sensés être les gardiens de notre patrimoine national), nos patrons des entreprises privées qui vivent exclusivement aux crocs de l’Etat et même nos députés de l’assemblée de l’Union (excusez du peu), pour qu’ils viennent, sans doute, lever un verre de plus en l’honneur de notre humiliation, le lendemain, par leur patron.
PERDU D’AVANCE
A cet égard, le silence de toute cette cohorte de “responsables” devant le crochet colonial de Sarkozy est d’autant plus louche, lâche et révélateur que quelques semaines seulement auparavant, tout ce beau monde était prêt à étriper leur prochain et à mettre le pays à feu et à sang juste pour gagner un siège de conseiller ou de député. Mais Sarkozy aurait tord de croire qu’il pourra – caché derrière la force, le dédain de l’autre et les manipulations – imposer, éternellement, la loi du plus fort. Ce serait, en effet, faire preuve d’une grande malgré la force, les révolutionnaires français on vaincu la monarchie de droit divin ; que malgré la puissance inégalée en leur temps des nazis, Paris a été libérée ; que malgré les blindés et l’arme atomique, la démocratie l’a emporté en Europe de l’Est ; que malgré la force et les idéologies racistes le plus obscurantistes de l’histoire, les indépendances africaines et l’Algérie arabo-africaine ont vu le jour ; que malgré les “inébranlables” ségrégation raciale et apartheid, les droits civiques l’ont emporté aux Usa et la Nation arc-en-ciel est née en Afrique du sud.
Monsieur Sarkozy devrait savoir qu’aussi loin qu’on puisse remonter dans le temps, et – plus encore – qu’aussi loin qu’on pourra se projeter dans l’avenir, le droit, la justice et la raison ont toujours fini et finiront toujours par l’emporter.
Partout.
Il devrait comprendre que, pour tout cela, il n’y a aucune raison ni aucune chance que le droit, la justice et la raison ne l’emportent pas chez nous, à Maore.
Pour tout cela, il devrait comprendre que son combat, aussi insolent et arrogant qu’il soit, est perdu d’avance.
Madjuwani Hassane
madjuwani@gmail.com
Source : Al-watwan N° 1489 du 25 janvier 2010
Voir aussi : http://wongo.skyrock.com/