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COMPRENDRE LA CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

Publie le dimanche 9 janvier 2011 par Open-Publishing
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 PREMIERE PARTIE : LA CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

 DEUXIÈME PARTIE : LA CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

 TROISIEME PARTIE : LA CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

On raconte qu’un battement d’aile de papillon aurait des effets sur l’ensemble de la planète. Si c’est vrai, chacun d’entre nous devrait percevoir les effets de la confrontation titanesque à laquelle se livrent le nouvel impérialisme chinois et l’empire américain déclinant. Où en est cette confrontation ? Quel avenir pour les peuples du monde ? Comment comprendre la crise économique à travers ce conflit ? C’est l’objet de cet essai en trois parties intitulées : La grogne populaire, La crise économique et financière et La guerre contre l’Iran.

PREMIÈRE PARTIE : LA GROGNE POPULAIRE

1. La grogne populaire

1.1 La résistance montante

On assiste à une montée inexorable du mouvement de résistance populaire, résistance plus ou moins organisée pour l’instant, sans orientation consciente, mais résistance sur le front économique tout de même, d’autant plus dangereuse pour ceux qui tiennent les rênes du pouvoir qu’ils ne savent jamais à l’avance la direction que prendra ce mouvement en gestation. Plutôt que de signer des pétitions sur Internet, les protestataires pourraient bien occuper les rues et les espaces publics, pire encore, les lieux de travail, de commerce et de communication !

Ces sautes « d’humeur » populaires, comme les appellent les hommes d’affaires, se sont manifestées auparavant, et la gente journalistique à la solde, oeuvrant dans les grands médias à décrire et à analyser la conjoncture pour mieux l’embrouiller, les avait pressenties (1). En Argentine par exemple, il y a quelques années, la petite bourgeoisie, touchée dans son mode de vie, dépouillée de ses BMW et de ses studios dans la Cité, était descendue dans la rue armée de casseroles pour chahuter les riches. Les ouvriers avaient bien tenté d’occuper quelques usines mais un pantin de « gauche » était venu les calmer et les reprendre en main pour le bénéfice des capitalistes argentins qui eux avaient planqué leur argent avant la débâcle monétaire suite à l’imposition du dollar américain dans le pays.

Qui sait demain si, dans quelques pays éloignés (Tunisie, Algérie, Maroc), ce ne seront pas les ouvriers exaspérés qui prendront la rue, armés de madriers à l’exemple des étudiants britanniques en décembre dernier ?

Alignons quelques lieux communs qui font consensus. De nombreux politiciens sont véreux et se vendent à qui paie le mieux. Ils sont au service de qui finance et organise leur élection et assure leur réélection. Moult politiciens mentent pour être élus et font le contraire de ce qu’ils ont dit une fois reçus. Ils utilisent la langue de bois afin de ne pas déplaire à la mafia journalistique et à leurs bailleurs de fonds. Certains encaissent n’importe quelle enveloppe qui leur passe sous le nez ou achètent à vil prix et revendent avec profit des propriétés sur le marché immobilier. Après une carrière politique réussie, les plus débrouillards sont embauchés par les multinationales qu’ils servaient déjà au gouvernement.

Le peuple ne sait que faire. Il a beau réaffirmer son opposition à la présence de troupes dans des conflits comme l’Irak et l’Afghanistan ; leurs chefs d’État maintiennent la présence des forces d’occupation et l’opposition parlementaire s’en dit satisfaite, ou alors réclame un débat à propos de questions déjà tranchées parmi la population excédée qui dans des proportions élevées s’oppose à ces billevesées. Si les citoyens de nombreux pays attestent qu’Israël est un pays raciste et militariste dirigé par des criminels de guerre, les politiciens accusent le peuple d’antisémitisme. Si la population désire affirmer son soutien au Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre l’État d’apartheid israélien, le gouvernement s’empresse de rendre illégal le boycott d’Israël. On observe de tels dénis de démocratie dans plusieurs pays.

Il en va ainsi pour tant d’autres causes sensibles. Prenons les gaz de schiste au Québec, au Canada et aux États-Unis. Le peuple ne dit pas : « Nous aimerions poser quelques questions aux entreprises d’exploration et être rassurés par les entrepreneurs privés ». Pas du tout. Les gens affirment simplement : « Nous ne voulons pas d’exploitation de ces gaz dangereux, nous ne voulons pas de fragmentation des couches du sous-sol, nous refusons la pollution de nos eaux souterraines, nous demandons que l’on cesse l’exploitation criminelle de cette fausse ressource naturelle ». L’opinion publique est claire à ce sujet et il faut bien des contorsions aux partis d’opposition pour laisser croire que le peuple demande des « explications », le temps d’apaiser la grogne pour mieux reprendre l’exploitation quand les flagorneurs auront peaufiné leurs mensonges.

Les partis au pouvoir au Canada et dans les États américains concernés s’empressent de poursuivre leur politique de soutien aux exploiteurs des gaz de schiste avant que le vote populaire ait retourné leurs députés sur les bancs opposés et que l’opposition, remise en selle, empoche à son tour la manne des ristournes et des plantureux contrats.

1.2 Une passe à droite, un flirt à gauche

Le peuple se tourne à gauche, c’est-à-dire vers ceux que les médias lui présentent comme « La gauche », puis il se tourne à droite, où l’on s’agite beaucoup ces temps-ci ; il ne voit rien venir qu’une bande de menteurs qui cherchent à remplacer une autre bande de menteurs. Chacun n’en fait qu’à sa tête au service des grandes corporations, des prospecteurs, des constructeurs, des pollueurs, des entrepreneurs en construction en collusion pour empocher le maximum de pognon. Alors, découragé, le peuple boude le processus de mystification démocratique. De moins en moins de gens vont voter parce qu’ils ont compris que cela ne servait à rien.

Cette réaction de révolte passive de larges couches de la population qui ne participent plus au processus électoral bidon inquiète le nouveau clergé séculier des éditorialistes, journalistes et analystes qui y détectent une première phase de résistance pouvant, s’ils n’y prennent garde, se métamorphoser en quelque chose de plus actif et de plus dangereux pour le système.

Alors ces intellectuels, qui vivent de la vente de leur clavier et de leurs idées pour produire du consentement comme l’écrit Noam Chomsky, ont récemment accentué leurs activités. Ils offrent la couverture de leurs médias à tous les groupes de droite qui s’excitent en périphérie des mouvements populaires, proposant leurs « solutions » racistes, islamophobes, anti-immigrants, anti-chômeurs, anti-assistés sociaux, anti-ouvriers, ouvrant les pages de leurs journaux à tous ces agitateurs qui voudraient nous faire croire que, si l’économie est en crise, c’est la faute aux têtes grises, aux travailleurs et aux travailleuses qui n’ont pourtant aucun pouvoir, aucune prise sur les décisions en matière de spéculation boursière frauduleuse, aucun moyen d’empêcher que l’on distribue des milliards aux banquiers et aux entreprises pour les sortir de la crise, retraités et travailleurs que les politiciens n’écoutent même pas une fois au pouvoir.

Les think tanks néo-conservateurs réclament moins d’État et, du même souffle, plus de soutien étatique aux entreprises et aux banques, et plus de dépenses de la part de l’État dans le militaire et le sécuritaire… En 2009, 1 531 milliards de dollars ont été dépensés à l’échelle mondiale pour les activités militaires, en hausse de 5,9% par rapport à 2008. De ce montant, les États-Unis ont dépensé 661 milliards de dollars (43 % du total mondial). Les dépenses militaires canadiennes ont augmenté de 30 % entre 2006 et 2009. Il en va de même pour tous les pays du G20.

Pourquoi ces somptueuses dépenses militaires ? Pour deux raisons. La première pour contrer les luttes populaires, au cas où celles-ci sortiraient de l’ornière des revendications traditionnelles pour des hausses de salaires, pour la défense des régimes de retraite, le gel des frais de scolarité, la défense du pouvoir d’achat, etc. et déboucheraient sur des revendications politiques contestant le pouvoir des riches et faisant la lumière sur la vraie mission des services sécuritaires. La seconde raison, c’est qu’une grande confrontation militaire se prépare en vue du repartage des ressources naturelles et des marchés mondiaux. Une grande puissance (États-Unis) ne se laissera pas facilement déloger de son podium par ce qui n’était encore, en 1949, qu’un pays sous-développé (Chine).

S’il ne parvient pas à dissiper l’ire populaire, l’État devra abattre le plein poids de la loi sur le dos du peuple et des activistes comme on en a eu un avant-goût au sommet du G20 en juin dernier à Toronto : 20 000 hommes armés, et un milliard de dollars de dépenses pour réprimer les manifestants. Des manifestations-promenades dans la bonhomie, oui certainement ! Des manifestations violentes et des cris de colères, non merci, s’indignent les thuriféraires de l’État autoritaire !

Et les scribouilleurs d’admonester ceux qu’ils prénomment « La gauche » de manquer à leur devoir, de désorienter et d’illusionner le peuple, ce en quoi ils ont raison. Leur « gauche » ne livre plus la marchandise, elle parvient difficilement à canaliser les mouvements de résistance vers les voies d’évitement et les culs-de-sac électoraux. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer. Les leaders des organisations de la « société civile » haussent le ton, tentent de donner le change et se proposent comme courroies de transmission vers des solutions de rechange capables de rassembler le troupeau égaré et de le mener vers les urnes de la gauche plurielle.

1.3 Résistance économique – résistance politique

Les étudiants doivent être « raisonnables » et accepter de payer plus pour s’instruire moins ; les ouvriers doivent être « raisonnables » et accepter de réduire leur appétit « corporatiste », car il y a moins d’argent disponible après les achats d’armements, les frais de sécurité, le remboursement de la dette et les subventions aux banques et aux entreprises privées. Les conventions collectives dans les services et ministères publics sont vite bâclées sur fond de concessions syndicales substantielles. Quelques jours de protestation contre la réforme des retraites et le mot d’ordre est de retourner au travail la conscience en paix ! Si ce sont là des luttes nécessaires sur le front économique, elles ne sont pas suffisantes et toujours à reprendre. On les menait déjà dans les années soixante tout comme le Front Populaire dans les années trente.

Quand des proportions importantes (70 %, dit-on, en France) de l’opinion déclare qu’elle n’a plus confiance dans les politiciens et qu’elle considère le capitalisme comme inhumain et néfaste pour le genre humain, il y a péril en la demeure car ces données indiquent un rehaussement du niveau de conscience politique.

Que faire ? Nous pourrions commencer par comprendre les mécanismes de la présente crise économique et financière qui jette tant de travailleurs et de travailleuses au chômage et dans la misère. Quelques données à ce propos. En 2009, aux USA, chaque jour 12 866 procédures de saisies immobilières (majoritairement des résidences familiales) ont été enclenchées, soit des millions de ménages qui ont été jetés sur le pavé au cours de cette année (2). En 2009, au moins 30 millions d’emplois ont été détruits à travers le monde du fait de la crise financière. Le taux réel de chômage est présentement de 10 % aux États-Unis, au Canada et en Europe. Le commerce mondial a plongé de 12,2% en 2009, une chute sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale.




(1) « Les grands journalistes
sont
souvent issus des mêmes écoles élitistes que de
nombreux chefs de gouvernement.
Ces journalistes considèrent que leur premier devoir n’est
pas nécessairement
de surveiller le pouvoir en place. Nombre d’entre eux se
considèrent plutôt
comme des intellectuels préférant analyser les
événements et influencer les
lecteurs plutôt que rapporter des faits", souligne l’ambassade
américaine
à Paris dans le document confidentiel, daté de janvier
2007. (…) " Tous les médias
français sont plus
régulés et soumis à des pressions politiques et
économiques que leurs homologues
américains ». Source Wikileaks.

(2)  Gilles
Bonafi. Crise systémique : l’heure de
vérité approche
. 10.12.2010. http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4851


À suivre… mercredi le 12.01.2011

http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito10.1.2011.html

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