CUBA la préoccupation humanitaire des pays riches !

Cuba : la préoccupation humanitaire des pays riches.

de Javier Adler Kaos en la red (esp) 1/08/07
article original en esp dans rebelion.org du jour, traduction non officielle.

Pour quelle raison les grands médias s’intéressent-ils donc tant à Cuba ? Si l’on répond à la question à partir de ce que ces grands médias nous transmettent, je parle des grands moyens de communication, ceux qui ont des audiences et des budgets millionnaires, nous pourrions dire que l’intérêt est purement humanitaire. Cuba est décrit comme la chasse gardée d’un tyran, Fidel Castro, qui opprime et trompe tout un peuple qu’il maintient de force dans la misère. Selon les clichés usuels, il n’y a pas grand chose à manger, pas de médicaments, pas de liberté, aucun type de liberté, la surveillance est constante, les détentions arbitraires et la propagande officielle omniprésente. Si l’image donnée correspond à la réalité, cela justifie largement l’intérêt humanitaire des grands médias. Mais, si l’on prête un peu d’attention aux "informations" véhiculées par ces médias, on s’aperçoit que dans leur quasi totalité elles se réduisent à des opinions et des témoignages. Que disent les données objectives ?

Sans prétendre faire une analyse exhaustive, on peut jeter un oeil sur le "Rapport sur le développement humain de l’O.N.U." pour l’année 2006. Et là, grosse surprise ! Cuba est classé parmi les pays à l’indice de développement le plus élevé, au 50ème rang. Seuls l’Argentine (36ème rang), le Chili (38ème), l’Uruguay (43) et le Costa Rica (48) sont devant Cuba en Amérique Latine. Derrière ? Tous les autres ! Prenons le cas du Honduras par exemple. Placé au 117ème rang sur la liste. Quel cas font les grands médias du Honduras ? Comment se nomme le président du Honduras ? Comment vivent les habitants du Honduras ?

Il est fort simple de faire le compte avec les archives informatiques de El Pais par exemple "le quotidien de "gauche" par excellence. Combien d’articles traitant du Honduras ont étés publiés l’an dernier ? Aucun ! Et sur Cuba ? Une trentaine, éditos (8x) inclus. Vous êtes toujours surs que la préoccupation sur Cuba est humanitaire ? Selon la F.A.O., le quart de la population du Honduras souffre de la faim. Entre 10 et 15 personnes meurent quotidiennement de faim au Honduras, plusieurs milliers par an ! A Cuba, la situation alimentaire n’est pas sans problèmes, mais personne n’y meurt de faim. On peut prendre d’autres critères, d’autres chiffres, sur l’Education, la Santé, la Culture etc. mais je crois que l’information "des milliers de personnes meurent de faim chaque année au Honduras" est déjà importante en soi. Qui a déjà vu un reportage sur la faim au honduras ?
Malgré tout, des légions "d’experts" se permettent de donner des leçons sur ce que devrait être Cuba. "Cuba doit commencer une ouverture économique, instaurer la démocratie et les libertés", comme on suppose que nous l’avons fait ici, et rejoindre ainsi notre propre état de perfection. Mais que se passe-t-il au Honduras ? Et oui, le Honduras est un pays étiqueté "Démocratie", pays où l’on suppose que la liberté d’expression existe tout comme la liberté d’association, etc. Et de plus, le Honduras jouit d’une belle "économie de marché", où les entreprises privées peuvent faire leurs affaires sans entraves, (et presque sans impôts), les multinationales peuvent investir où bon leur semble etc. Mais des gens meurent de faim, des milliers. Les habitants de cet heureux pays aiment donc souffrir ? Il est vraiment difficile à comprendre que dans un pays démocratique, ou l’on suppose que c’est le peuple qui choisit le genre de gouvernement qu’il veut, les gens s’obstinent à élire des gouvernements qui les affament et condamnent la majorité d’entre eux à la pauvreté. Bien sur, il n’est pas facile de défendre le fait qu’un pays démocratique, libre et en économie de marché (tout comme nous ici), puisse se trouver dans une situation aussi misérable. Il est donc préférable de ne pas parler du Honduras. Nous pourrions citer de nombreux autres pays d’Amérique Latine (avec des chiffres différents) la majorité de ces pays d’ailleurs, avec des économies capitalistes, une démocratie, liberté et bla bla bla, où la situation humanitaire est vraiment dramatique pour des millions de personnes.

Il faudrait vraiment être naïfs pour croire qu’à l’instauration du "capitalisme" et de la "démocratie" à Cuba, le pays évoluerait pour rejoindre les pays avancés d’Europe au lieu de rejoindre la situation typique d’Amérique centrale, comme celle du Honduras, du Guatemala, ElSalvador etc ou 90 % des populatons vivent dans des conditions bien plus mauvaises que celles de 100 % des cubains et où seuls 10 %, comme par hasard, ceux qui sont au pouvoir dans tous ces pays, ceux qui contrôlent les grands moyens de production et de communication, 10 % donc ont un niveau de vie comparable à celui des pays riches. Plus naïf encore, de croire qu’une fois le processus engagé, il pourrait y avoir une marche arrière. Il n’est que de voir l’évolution catastrophique des pays d’Europe de l’Est où majoritairement les peuples se sont montrés opposés à l’adoption du capitalisme dès le début des transformations. Ont-ils pu user de leur "démocratie" toute neuve pour revenir en arrière ou choisir une autre alternative ? Trop tard ! Il y avait désormais trop d’argent en jeu pour se permettre que les peuples se mêlassent d’affaires si juteuses.

Nous qui vivons dans des pays riches, pouvons nous permettre d’ignorer la réalité, l’histoire et la logique. Nous pouvons regarder Cuba par dessus l’épaule, sourire franchement de leurs vieilles bagnoles, et tempêter contre Castro, tout en nous trompant nous mêmes, en pensant que nos médias reflètent la réalité et que notre "démocratie" nous laisse des choix. Les cubains, eux, ne peuvent se payer le luxe de l’ignorance, sinon, d’autres penseront pour eux et, ils peuvent en être surs, contre eux.