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Cent jours : Nicolas Sarkozy veut démentir tout soupçon d’essouflement
Publie le vendredi 24 août 2007 par Open-PublishingA la veille du passage symbolique des cent jours à l’Elysée, le président de la République a manifesté, après trois mois d’omniprésence, comme un premier signe de retrait. Le 22 août, en marge des obsèques de Bernard Jobard, patron pêcheur tué après que son bateau eut été éperonné par un cargo battant pavillon des îles Kiribati, Nicolas Sarkozy – qui cherche à obtenir que se tienne en France le procès du capitaine du cargo – a reconnu : "C’est mon objectif, mais je ne suis pas sûr de l’obtenir." Prudence inhabituelle chez lui.
Le cap des cent jours est marqué par les incertitudes économiques, les premières baisses dans les sondages et les premiers reculs : diminution moindre qu’annoncée du nombre de fonctionnaires, restriction de la défiscalisation des intérêts d’emprunts pour les acquéreurs d’une résidence principale. La machine Sarkozy s’essoufflerait-elle déjà ? "La rentrée sera animée au-delà des cent prochains jours", a démenti, jeudi 23 août, David Martinon, le porte-parole du président de la République.
L’agenda de M. Sarkozy suffit à le prouver : vendredi 24 août, il devait se rendre dans le Sud-Ouest, à Bayonne, Saint-Jean-de-Luz et Arcachon ; lundi, il fera sa rentrée diplomatique lors de la conférence des ambassadeurs ; mercredi, réunion avec les élus antillais sur les conséquences de l’ouragan Dean et installation de la commission Attalisur les freins à la croissance ; jeudi, lancement de la "deuxième phase des réformes économiques" par un discours sur la compétitivité des entreprises devant l’université d’été du Medef, à Jouy-en-Josas ; vendredi, installation de la commission sur la maladie d’Alzheimer.
A ces grands rendez-vous s’ajoutent d’autres rencontres, à haut potentiel médiatique. Après avoir reçu, lundi 20 août, le père et le grand-père du petit Enis, enlevé et violé à Roubaix, M. Sarkozy a souhaité, jeudi, recevoir le jeune Chouaïb L., victime d’insultes racistes de la part de son professeur. Une manière d’adoucir les contours d’un président qui fait de la lutte contre l’immigration clandestine une de ses priorités.
Ce zapping permanent permet à M. Sarkozy de gérer l’actualité au mieux de ses intérêts : "Il a compris qu’il fallait compenser l’état de siège par l’offensive permanente, explique l’historien et philosophe Marcel Gauchet, dans L’Express du 23 août. Il submerge ses contradicteurs par une occupation constante de la scène médiatique, si bien que sa parole prend le dessus (…). Dans cette logique, le sujet qui passe mal un jour est compensé par celui qui arrive le lendemain." A l’Elysée, la question du rythme ne fait d’ailleurs pas débat. "On est obligé de garder un rythme soutenu, explique Henri Guaino, conseiller spécial de M. Sarkozy. Il ne faut pas que les événements aillent plus vite que la politique. Il faut simplement rechercher la cohérence, l’équilibre entre la gestion et l’incitation. C’est compliqué, mais cela fait si longtemps qu’on ne fait rien." Les prochains mois seront consacrés à des dossiers à risques tels que ceux des régimes spéciaux de retraite ou de la réforme de la prime pour l’emploi.
Ralentir ? Se protéger ? Patrick Devedjian, secrétaire général de l’UMP, n’y pense pas une seconde : "Ce n’est pas dans le tempérament de Nicolas, qui ne fait que tirer les conséquences du quinquennat, et cela apparaît aux yeux des Français comme un élément de modernisation." Dans la perspective des municipales de 2008, premier rendez-vous électoral du quinquennat de M. Sarkozy, la droite y voit un atout : "Dans l’ancien système, le président de la République jouissait d’une fausse protection, continue M. Devedjian. Cela n’a pas empêché la droite de subir une gamelle historique aux régionales de 2004."