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Ces enseignants malades de l’école

Publie le dimanche 3 février 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Ces enseignants malades de l’école
BERNARD DELATTRE

Mis en ligne le 02/02/2008

Un prof ayant perdu son sang-froid et giflé un élève est traîné en justice. Malaise.
CORRESPONDANT PERMANENT
Lundi, dans une école de Maubeuge (Nord), un professeur de technologie a giflé un élève âgé de 11 ans qui l’avait traité de "connard" . Après le dépôt d’une plainte par le père de l’enfant, l’enseignant a été interpellé puis placé 24 heures en garde à vue jeudi. Fin mars, il sera jugé devant le tribunal correctionnel pour violences aggravées sur mineur. Il encourt cinq ans de prison, outre les probables sanctions administratives qui pourrait lui être infligées.

Son renvoi devant la justice a plongé les autorités dans l’embarras. Il ne s’agit évidemment pas de cautionner un acte de violence envers un enfant, par principe "inacceptable" , dixit le parquet. Mais de rappeler, comme l’a immédiatement fait jeudi le ministre de l’Education, Xavier Darcos, "la réalité de la vie quotidienne" souvent difficile des enseignants, qui, "dans l’immense majorité des cas, sont souvent les victimes" de la violence à l’école.

Vendredi, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a octroyé des "circonstances atténuantes" aux enseignants victimes d’incivilités qui perdent leur sang-froid. Et a prôné que des "réponses proportionnés" soient apportées par l’institution scolaire à ces cas. Précisément, des syndicats ont dénoncé la "réponse disproportionnée" apportée par la justice à ce cas d’espèce.

Rongés par le stress

Ce fait divers a d’ailleurs effaré les médias. Ainsi, un éditorialiste - faisant allusion à une scène hautement médiatisée de la campagne électorale pour les présidentielles de 2002 - s’étonnait ouvertement, vendredi. "Quand François Bayrou gifle un gosse de banlieue qui lui fait les poches, tout le monde applaudit. Mais malheur à l’enseignant qui ne sait pas se maîtriser quand un élève le traite de connard. Il n’est certes pas question de revenir aux sévérités d’autrefois, mais quand on voit à quel degré de démission on est arrivé, on se dit qu’il y a des gifles qui se perdent." Et un autre de qualifier de "mauvais signal" la "publicité médiatique qui entoure cette affaire : on sait trop les conditions de travail des profs dans des classes difficiles pour ne pas s’élever contre toute forme d’incitation à l’irrespect".

Cette affaire, en tout cas, vient remettre en lumière - outre la judiciarisation croissante des rapports entre parents, élèves et enseignants et le manque de dispositifs de médiation au sein des écoles - le climat de tension régnant dans les écoles françaises.

Chaque année, elles sont le théâtre de quelque 80 000 faits de violence grave. Pour 90 pc des directeurs d’école maternelle ou primaire interrogés récemment, le niveau de stress enduré par le personnel éducatif a augmenté ces dernières années. Selon une enquête menée en 2005, six professeurs sur dix se plaignent d’"épuisement physique ou psychique" . Sur les 880 000 enseignants, 275 000 consultent un médecin dans le courant de l’année scolaire "suite à un accident ou à des lésions physiques ou psychiques survenues dans le cadre du travail" . Et la moitié des arrêts de travail de plus de quinze jours accordés à des enseignants sont "liés au stress et à la violence du lieu de travail" .

Messages

  • Darcos et Pécresse sont d’un aveuglement incroyable !

    Il n’y a pas que les profs qui soient victimes d’incivilités graves !

    Les jeunes aussi, les très jeunes aussi et entre les uns et les autres ! Le manque d’éducation est général et pas seulement contre les profs, ce serait trop simple.

    Décidément, ces gouvernants ne parlent et n’écoutent personne en dehors de leurs milieux protégés !

    Il faut guérir de toute la maladie et pas seulement d’une partie.