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Che Guevara : un homme, une vie, deux morts
Publie le mardi 20 mars 2007 par Open-Publishing21 commentaires

"Il arrive aujourd’hui à la doctrine de Marx ce qui est arrivé plus d’une fois dans l’histoire aux doctrines des penseurs révolutionnaires et des chefs des classes opprimées en lutte pour leur affranchissement. Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de "consoler" les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire".
Cet exergue de Lénine d’une remarquable clairvoyance qui figure dans l’Etat et la Révolution n’a rien perdu de son acuité. Ce processus est réédité à l’encontre du plus emblématique des penseurs révolutionnaires : Ernesto Che Guevara.
La mythification du Che à travers la duplication de son image a tendance à occulter sa vie et son oeuvre. Il ne reste plus qu’une vague analogie poétique entre sa pensée et la perception actuelle exprimée sous une forme symbolique. L’iconographie du Che fonctionne comme un souvenir-écran qui détourne de ce qu’il était foncièrement : un révolutionnaire marxiste. C’est un stéréotype visuel qui propage d’autres stéréotypes et qui fini par tuer l’esprit de son combat révolutionnaire.
L’expérience et les études du Che le conduisent à la conclusion que les contradictions sociales ne peuvent être dépassées sans une rupture absolue avec le système capitaliste. La Révolution socialiste telle qu’il l’entend se propose de transfigurer le réel afin de rénover les relations humaines. Il ne pouvait concevoir une Révolution sans une sublimation de l’individu par la création d’un « homme nouveau ». Le Che n’était ni un romantique, ni un vagabond céleste et encore moins un aventurier de l’esprit. Fidel Castro le souligne à juste titre : "rêver en des choses impossibles, c’est de l’utopie ; lutter pour des objectifs non seulement à notre portée mais indispensables pour la survie de l’espèce, c’est du réalisme". On ne peut transformer positivement le réel par la critique pure et la condamnation morale du système.
La vérité existe même si elle ne se manifeste pas toujours. C’est aux hommes à lui donner droit de cité. Malgré les diverses fonctions de responsabilité qu’il occupa, il ne transigea jamais avec les principes. Poursuivant des objectifs distincts, le Che sera amené fort logiquement à se départir du modèle social-impérialiste de l’URSS. La CIA et le KGB coopéreront même pour s’en débarrasser lors de sa tentative révolutionnaire en Bolivie.
On ne peut jauger son action et sa pensée à la toise de son insuccès temporaire. Un révolutionnaire ne conditionne pas son engagement à la garantie d’une réussite personnelle mais au bien-fondé des objectifs. Rien n’est encore venu invalider la justesse de son propos. Au contraire, la base matérielle de son combat, l’inégalité sociale et l’impérialisme, s’est encore renforcée. Les foyers allumés par le Che embrasent à nouveau l’Amérique latine et ses meilleurs fils continuent de s’en réclamer. Hugo Chavez et Evo Morales ne font aucun secret de cette filiation.
Ernesto Che Guevara a payé sa probité intellectuelle du tribut de sa vie. Lui rendre hommage, c’est lire ses textes ; perpétuer sa mémoire, c’est continuer la lutte ; lui rendre justice, c’est soutenir ses valeurs. A l’aube des célébrations des 40 ans de sa mort au combat, il est plus que temps de redonner vigueur à sa pensée et vie à ses idées.
Emrah KAYNAK
Messages
1. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 20 mars 2007, 21:42
TRES BEL HOMMAGE A ERNESTITO !
"La CIA et le KGB coopéreront même pour s’en débarrasser lors de sa tentative révolutionnaire en Bolivie"
Ami Emrah, seul bémol, j’aimerai que vous développiez en étayant un peu plus clairement votre affirmation. Sur quels faits précis vous basez-vous ?
Tzigane
1. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 01:54
Tzigane,
D’après la presse capitaliste, il paraît que Fidel Castro a aussi donné des ordres pour le faire exécuter !...
Car il était jaloux de sa notoriété...
Cite des sources sérieuses avant de raconter des inepties !...
Salutations.
Alain62
2. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 02:40
Erratum, excuses moi Tzigane mais j’interpellais E. Kaynak.
Effectivement, il ne s’agit pas de touver un texte sur la toile pour systématiquement le diffuser, sans chercher à connaître ses origines, il ne faut pas hésiter à le croiser et à le recroiser pour vérifier sa véracité.
Ce texte sur le Che est magnifique, mais la propagande qui consiste à faire endosser son assassinat au KGB aidé en celà par la CIA !...
Comme j’expliquais à Tzigane il paraît que Fidel Castro a aussi donné des ordres pour le faire exécuter !... Car il était jaloux de sa notoriété !...
Il arrive très souvent que la propagande capitaliste, mélange du vrai et du faux pour noyer le poisson, ou en fasse une icône pour en diminuer son impact...
Le Che fut assassiné par la CIA en Bolivie, c’est un fait indiscutable, le reste c’est du baratin.
http://www.pcn-ncp.com/edito.htm
http://azls.blogspot.com/search/label/Sarkozy
Voici l’adresse ou l’éditeur se sert d’une propagande complétement fausse.
http://bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=35225
Alain62
3. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 05:56
Dire que Fidel a voulu assassiner Guevara est un pur mensonge ! C’est la propagande bourgeoise de l’impérialisme américain qui dit ça !
C’est facile de le voir :
Si le Che avait réussi en Bolivie, alors Fidel serait devenu "empereur d’Amérique latine" (pour le bien de tous les Latinos !) ; alors, même si l’on regarde seulement les intérêts personnels, ce n’était vraiment pas l’intérêt de Fidel de tuer le Che !
C’est l’impérialisme américain, sous les ordres de Klaus Barbie, prof de torture et de contre-guérilla à l’époque en Bolivie, qui a assassiné le Che, avec la complicité active du Parti Communiste Bolivien, parce que l’URSS n’avait pas supporté le discours d’Alger où le Che avait dénoncé l’impérialisme soviétique comme étant aussi grave pour les pays pauvres que l’impérialisme US.
Mais Fidel, qui avait subi l’impérialisme D’URSS en 1962, savait à quoi il fallait s’attendre de la part de l’URSS. Alors que sur la place de la Révolution, à la Havane, 2 millions de Cubains s’étaient prononcé à la quasi-unanimité pour la conservation des têtes nucléaires quite à risquer la guerre militaire contre l’impérialisme US, Krouchtchev s’est dégonflé (Fidel a alors tapé du point sur le mur en hurlant : « Il (Kroutchev) a pas de couilles ! »
Fidel en a toujours voulu au Russes de cette trahison, d’être passé par dessus le vote du peuple cubain qui de plus courait tous les risques, lui, et pas le peuple russe !
Oser dire que Fidel a voulu la mort du Che est une ignominie !
4. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 08:56
A ALAIN62...
Tout ce que tu affirme et m’explique est de noriété publique depuis longtemps.
Comme je suis un impénitent grand naïf et que ce texte est un magnifique hommage au Che, je ne pouvait pas laisser passer le singulier et bien curieux mélange des genres pratiqué par son auteur E. Kaynak, de là mon questionnement. J’attends la réponse...
Amicalement,
Tzigane
5. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 16:24
Heureusement que l’URSS a retiré ses missiles, car à l’heure d’aujoud’hui, il n’y aurait plus que des scorpions et des cafards sur la Terre, mais cela n’a jamais empêcher l’URSS d’aider Cuba, c’est tellement évident que Cuba a des problèmes économiques depuis la chute de l’URSS !...
C’est une question de bon sens.
Tu peux faire le tour de la toile, il ya une majorité d’affreux qui accusent Fidel Castro d’avoir organisé l’assassinat du CHE et de JFK !...
Tout ca, c’est de la propagande impérialiste !..
Alors que pour le CHE c’est sur et certain que c’est la CIA, pour JFK on a des doutes que c’est la même équipe mais il manque les preuves...
Peut être qu’un jour !...
Alain62
6. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 17:10
"Kroutchev n’avait pas de couilles ! »
heureusement qu’il a retiré ses missiles nucléaires, car on courait à la 3ème et dernière guerre mondiale !...
Cette affaire n’a jamais empêché l’URSS de garder de bonne relation avec Cuba.
D’ailleurs Cuba connait des problèmes économiques depuis la chute de l’URSS !...
La preuve que...
Alain62
7. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 22 mars 2007, 15:29
Si Krouchtchev avait laissé les têtes nucléaires à Cuba (ce qu’aurait certainement fait Staline ou Brejnev, quoiqu’on puisse penser de Staline, et je n’en pense pas du bien, même si je sais qu’aujourd’hui la propagande bourgeoise multiplie par 100 ses méfaits), aujourd’hui, ce n’est pas l’URSS qui aurait disparu, mais l’impérialisme américain, ce qui aurait tout de même été bien mieux pour tout le monde, et même pour nous en France. Car il faut tout de même le remarquer :
Depuis que l’URSS a disparu, tous nos services publics sont attaqués et ont tendance à disparaître les uns après les autres. Un peu comme si l’existence de l’URSS avait été le garant de l’existence de notre service public !
Il est clair que, de toute façon, si Krouchtchev avait laissé les bombes atomiques à Cuba, Kennedy n’aurait JAMAIS fait la guerre !
Et il n’y aurait jamais plus eu d’embargo contre Cuba !
Ce qui s’est passé, c’est que Krouchtchev et Kennedy ont négocié ; et L’URSS, en acceptant de planter les Cubains, a obtenu des choses en échange, c’est tout ! Les Soviétiques ont trahi Cuba, et Fidel leur en a toujours voulu, tu le saurais si tu lisais un peu. Effectivement, Cuba a continué à vendre son sucre à l’URSS : à cause de l’embargo, Cuba n’avait pas le choix si cette ïle voulait vendre son sucre. Et elle a vendu son sucre au prix fixé par Moscou, à quoi crois-tu que pensait le Che lors de son discours d’Alger, où il dénonçait que l’impérialisme soviétique était aussi grave que l’impérialisme américain ?
8. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 22 mars 2007, 16:44
"Il est clair que, de toute façon, si Krouchtchev avait laissé les bombes atomiques à Cuba, Kennedy n’aurait JAMAIS fait la guerre !"
Kennedy, peut être pas, mais tous les illuminés derrière si...
Tu as déja oublié Hiroshima et Nagasaki !....
N’oublie jamais que les USA est le seul pays qui a osé...
Maintenant prétendre que si Krouchtchev avait laissé ses missiles, "ce n’est pas l’URSS qui aurait disparu, mais l’impérialisme américain"
C’est élaboré des plans en tirant sur les comètes !...
Alain62
2. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 00:05
Merci pour cet article.
A titre d’information les oeuvres de Che Guevara son consultable en ligne en espagnol :
http://www.filosofia.cu/che/index.htm
Jean Roussie
3. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 01:05
Pour ceux qui ne connaissent pas encore le livre (publié en intégralité sur le net)
CHE, COMMANDANT, AMI
http://vdedaj.club.fr/spip/article.php3?id_article=176
intro :
Au Che et à tous ceux qui ont lutté à ses côtés
AVERTISSEMENT
Ne sera-t-il pas plus dangereux mort que vivant ? se demandaient les commentateurs au lendemain du 9 octobre 1967.
30 ans ont passé et Che Guevara a fait l’objet de multiples livres, déclarations, interviews, documentaires et ... manipulations.
Plutôt que de nous demander qui il était, il nous a semblé préférable de lui donner la parole afin qu’il explique lui-même pourquoi il estimait être un "produit de la Révolution cubaine" et pourquoi une fois consolidée cette Révolution, il a repris son rêve d’envergure universelle. Ceux qui l’ont accompagnés au long du chemin, voix parallèles, lui font écho.
Le passage obligé par la Bolivie se fera sur la base des documents d’époque et de témoignages.
Aujourd’hui où l’on cherche à nous présenter un Che aseptisé, ceux qui vivent à son heure nous montrent son message vivant dans ce petit pays qui a nom Cuba et qui lui a un jour donné sa nationalité.
Oui, le Che est dérangeant parce qu’il appelle un chat, un chat et l’impérialisme, l’impérialisme, la misère, la misère. Il dit aussi qu’une partie du combat se joue en chacun de nous.
Nous avons tenté d’offrir une grille de lecture du Che dans son temps et dans son monde qui n’a pas subi un changement tel que le message ne soit plus valable aujourd’hui.
Et reprenant une phrase du tout début de la Révolution cubaine, nous disons à tous ceux que le Che intéresse : "Ne crois pas, lis" (phrase slogan de la campagne d’alphabétisation - 1961).
1. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 09:33
Justement se déroule EN CE MOMENT à PAU le festival "CULTURAMÉRICA" avec des colloques autour de la pensée d’ERNESTO dit le CHE, GUEVARA. Cela vaut le coup de voir une ville remplie de portraits du Che, dans tous les abri-bus, et de voir investir tous les lieux culturels y compris de grand luxe par des écrivains et artistes progressistes LATINO-AMÉRICAINS tels que ELBIO MAZET grand peintre , graveur et sculpteur urugayen vivant actuellement et difficilement dans le département de l’Aude. Ce festival existe entre autres grâce à Jean ORTIZ, universitaire palois, ANCIEN Correspondant de presse en Amérique Latine, connu ici surtout pour son travail de réhabilitation de la MÉMOIRE RÉPUBLICAINE ESPAGNOLE. JdesP
4. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 11:41
félicitation pour cet article
Il est avéré que le PC Bolivien et son secrétaire général n’ont pas porté assistance à la guérilla et qu’ils ont manœuvré pour l’isoler (cf journal de Bolivie). Mario Monje a imposé des conditions inacceptables au Che (le commandement absolu du mouvement) dans l’intention inavouée de rompre avec lui. Il est entendu que ces plans ont été insufflés par Moscou auprès de qui le Che était en disgrâce depuis son Discours d’Alger (il fustigeait l’URSS en tant qu’allié objectif de l’impérialisme). D’ailleurs, Monje vit aujourd’hui toujours en Russie.
Le Che par ses ambitions de Révolution continentale remettait en cause la bipolarisation du Monde et la « coexistence pacifique » entre les deux puissances impérialistes.
Etienne
1. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 21 mars 2007, 15:30
Allons Etienne, un peu de sérieux Le Che "fustigeait l’URSS en tant qu’allié objectif de l’impérialisme", en pleine guerre froide, après l’affaire des missiles de Cuba, c’était tout sauf le grand amour entre l’URSS et les USA. Tu trouveras toujours des sites bien anticommunistes pour raconter des histoires bien crades, et comme ils sont plus nombreux que nous !...
amicalement.
Alain62
5. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 22 mars 2007, 06:50
Commentaire à divers commentaires.
Le Che, qui avait le sens des nuances et savait analyser le contexte international, n’a jamais mis, tant s’en faut, l’URSS sur le même pied impérialiste que les USA. Dans son intervention de février 1965 au Second Séminaire économique de solidarité afro-asiatique qui se tient à Alger, il affirme exactement ceci :
"Chaque fois qu’un pays se libère, c’est une défaite pour le système impérialiste mondial, mais nous devons admettre que la cassure ne survient pas par simple proclamation d’une indépendance ou par une victoire par les armes au cours d’une révolution : elle n’advient que lorsque l’impérialisme cesse d’exercer sa domination économique sur un peuple. Par conséquent, les pays socialistes ont un intérêt vital à ce que ces cassures se produisent vraiment, et notre devoir international, le devoir fixé par l’idéologie qui nous conduit, est de contribuer par nos efforts à ce que la libération se fasse le plus vite et le plus profondément possible.
"Il faut donc tirer de tout ceci une conclusion : le développement des peuples qui s’engagent sur la voie de la libération doit coûter aux pays socialistes. Je le dis tout net, sans le moindre esprit de chantage ou d’épate, ni à la recherche facile d’un plus grand rapprochement avec l’ensemble des peuple afro-asiatiques : c’est une conviction profonde. Le socialisme ne saurait exister si un changement qui provoque une nouvelle attitude fraternelle face à l’humanité ne s’opère pas dans les consciences, aussi bien de nature individuelle que dans la société où le socialisme est en cours de construction ou déjà construit, et de nature mondiale par rapport à tous les peuples qui souffrent l’oppression impérialiste.
"Je crois que c’est dans cet esprit-là qu’il faut affronter la responsabilité d’aider les pays dépendants, et qu’on ne doit plus parler de développement d’un commerce mutuellement avantageux si celui-ci est fondé sur les cours que la loi de la valeur et les relations internationales d’échange inégal, fruit de cette même loi, opposent aux pays en retard.
"Comment peut-on parler d’ « avantage mutuel », tout en achetant aux cours du marché mondial les matières premières qui coûtent de la sueur et des souffrances illimitées aux pays en retard et en vendant aux cours du marché mondial les machines fabriquées dans les grandes usines automatisées actuelles ?
"Si nous établissons ce type de rapport entre les deux groupes de nations, alors nous devons admettre que les pays socialistes sont en quelque sorte complices de l’exploitation impériale. On peut arguer que le total des échanges avec les pays sous-développés constitue une part insignifiante du commerce extérieur de ces pays. C’est tout à fait vrai, sans éliminer pour autant le caractère immoral de ces échanges.
"Les pays socialistes ont le devoir moral de liquider leur complicité tacite avec les pays exploiteurs d’Occident…
"[…] Un grand changement de conception consisterait à modifier l’ordre des relations internationales : ce ne doit pas être le commerce extérieur qui fixe la politique, mais, au contraire, c’est lui qui doit être subordonné à une politique fraternelle envers les peuples."
Lors du retrait des missiles soviétiques, ce n’est pas Fidel bien entendu qui s’est exclamé ce qu’on lui fait s’exclamer dans un commentaire : c’est le peuple cubain, plus gouailleur que n’importe quel titi parisien, qui avait inventé la chanson : "Nikita, mariquita, lo que se da no se quita !" (autrement dit, avec un fort relent machiste : "Nikita, tapette, ce qu’on donne on ne le reprend pas !"
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
jadorise@ifrance.com
1. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 22 mars 2007, 13:34
Merci Jacques-François pour toutes ces précisions, car comme tu peux le constater, en France les idées reçues ont la vie dure.
Cordialement.
Alain62
2. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 22 mars 2007, 16:15
Je suis 81.***.71.**
Merci pour le discours d’Alger. Connais-tu un lien où on peut l’avoir en entier, ou Bellaciao pourait-il le publier en entier ?
Ce discours est tel que je m’en souvenais et je ne retire rien de ce que je disais. Je sais que l’impérialisme soviétique était moins grave que l’impérialisme américain, mais ça ne change rien à ce que je disais.
Tu dis que ce n’est pas Fidel qui a hurlé "Il a pas de couille", mais le peuple cubain qui a chanté : « Nikita, tapette, ce qu’on donne on ne le reprend pas ! », il est clair que Fidel fait partie du peuple cubain et que sa première réaction, tout en étant forcément similaire a celle du peuple cubain, ne s’est pas faite en chanson !
La citation que je fais viens d’un livre sur Fidel écrit par Jean-Pierre Clerc "les quatre saisons de Fidel Castro" publié au Seuil en février 1996 en sa page 199 (je n’ai pas dit qu’il fallait acheter ce livre, car même s’il y parvient mal, l’auteur essaie de dire du mal de Fidel... c’est seulement pour dire que je ne parlais pas dans le vide que je cite certaines de mes sources)
3. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 22 mars 2007, 18:24
J’ignore s’il existe un site contenant des textex du Che en français. En tout cas, sur le site cubain cité par l’un des intervenants, le discours du Che à Alger de février 65 n’est pas reproduit.
Je cite ma propre traduction pour un livre que j’écris sur le socialisme cubain, et j’ignore si les vieux textes chez Maspero existent encore (sans d’ailleurs connaître non plus la qualité de la traduction, je veux dire par là la fidélité aux idées).
En tout cas, puisque l’éternelle question vient d’être soulevée une fois de plus dans les interventions, je voudrais au moins que l’on connaisse un texte à peu près inédit (mais les Cubains sont les premiers responables de cette méconnaissance, faute de prendre des moyens un peu plus conséquents de faire connaître la pensée de leurs grands hommes), autrement dit la lettre écrite par Fidel au Che quand celui-ci était encore à Prague, qui dit bien ce qu’elle veut dire et offre le meilleur démenti à toutes ces sordides insinuations, et qui correspond bien d’ailleurs au fait que le Che écrit à Fidel pour lui parler de ses inquiétudes au sujet du socialisme européen (lettre apparaissant dans le livre "Apuntes críticos a la economía política") : si tous deux avaient été censément en si "mauvais termes", on comprend mal qu’ils aient pu avoir ce genre d’échange épistolaire !
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
Fidel Castro Ruz au Che (juin 1966)
Cher Ramón
[…] étant donné la situation délicate et inquiétante que tu traverses là-bas, tu dois de toute façon envisager l’opportunité de faire un saut jusqu’ici.
Je suis tout à fait conscient de ta très grande réticence à envisager une solution qui inclurait pour l’instant mettre un pied à Cuba.
[…] Tirer parti des avantages que signifie objectivement le fait de pouvoir entrer ici et en sortir, coordonner, planifier, sélectionner et former des cadres et faire d’ici tout ce que tu ne pourrais faire de là-bas ou de tout autre point similaire qu’avec beaucoup de mal et d’une manière déficiente ne constitue absolument pas une fraude, un mensonge, une tromperie à l’égard du peuple cubain et du monde […]
[…] Ce qui serait en revanche une faute grave, impardonnable, c’est de mal faire les choses alors que tu pourrais les faire bien. D’échouer alors que toutes les conditions de succès sont réunies. […]
C’est un énorme avantage que tu puisses utiliser ça en l’occurrence : disposer de maisons, de domaines isolés, de montagnes, de cayes solitaires et tout ce qui serait absolument nécessaire pour organiser et diriger personnellement les plans en leur consacrant tout ton temps, en te secondant d’autant de gens qu’il faudra, et en étant sûr que seule une quantité extrêmement réduite de personnes saura où tu es. Tu sais pertinemment que tu peux compter sur ces facilités […]
[…] Je ne te dis pas d’attendre des décennies, voire des années, mais seulement quelques mois, car je crois qu’en quelques mois, en travaillant de la façon que je te suggère, tu peux te mettre en marche dans des conditions extraordinairement plus favorables que celles que nous nous efforçons d’obtenir à présent.
[…] Je sais que tu auras trente-huit ans le 14. Penses-tu par hasard qu’on commence à se faire vieux à cet âge-là ? J’espère que ces lignes-ci ne t’énerveront pas et ne t’inquiéteront pas. Je sais que si tu les analyses sereinement, tu en conviendras avec l’honnêteté qui te caractérise. Mais, même si tu prends une autre décision absolument différente, je ne me sentirai pas déçu pour autant. Je t’écris avec une profonde affection et avec l’admiration la plus profonde et la plus sincère envers ton intelligence lucide et noble, envers ta conduite sans faille et envers ton caractère inébranlable de révolutionnaire tout d’une pièce, et le fait que tu puisses envisager les choses différemment ne changera pas d’un iota ces sentiments ni n’attiédira en rien notre coopération […]
Le Che était alors à Prague après son expérience au Congo et avant son départ pour la Bolivie,
et Fidel avait déjà lu publiquement sa lettre d’adieu.
Che et Fidel, des amis de coeur
La Havane, 2005, Editorial Capitán San Luis
Traduit par Jacques-François Bonaldi
4. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 22 mars 2007, 18:48
Encore merci pour ce texte !
5. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 22 mars 2007, 18:56
Tu dis que tu es en train d’écrire un livre sur le socialisme cubain. Sais-tu quel sera son titre et sa maison d’édition ?
6. Che Guevara : un homme, une vie, deux morts, 22 mars 2007, 19:07
Jacques-François
"le Che écrit à Fidel pour lui parler de ses inquiétudes au sujet du socialisme européen"
En fait le ver était dans le fruit du socialisme depuis le fameux rapport Krouchtchev, dans ce fameux 20ème congrés du PCUS en 1956, ou il a perdu le fil rouge des recommandations de Lénine, et nous connaissons malheureusement tous la suite jusqu’à l’effondrement de l’URSS,
dont nous en subissons directement les conséquences actuellement avec l’arrogance des candidats libéraux envers la classe ouvrière.
Je pense que, sans vouloir faire parler les morts, le Che a su le pressentir.
Alain62