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Chômage réel et chômage apparent(cf citron vert)
Publie le jeudi 28 septembre 2006 par Open-Publishing1 commentaire
Chômage réel et chômage apparent
mardi 26 septembre 2006.par Alain Richard
Derrière les statistiques officielles du service public de l’emploi, il est difficile de démêler le vrai du faux et de se faire une idée juste et précise de la situation du chômage et de son évolution.
Chacun est bien conscient que les chiffres affichés de la baisse du chômage ne traduisent pas la réalité. Nous percevons que derrière les fanfaronnades gouvernementales se cachent des tripatouillages de chiffres, des aménagements de catégories de demandeurs d’emploi, des contingents d’emploi aidés, la multiplication de dispositifs, l’augmentation des temps partiels non choisis, ... qui masquent ou camouflent la situation réelle de l’emploi (et surtout du non-emploi). Et chacun de dénoncer - à juste titre - la précarisation du travail qui accompagne la soi-disant baisse du chômage.
Pour autant, il n’est pas facile d’étayer son argumentation tant les données du service public de l’emploi sont (volontairement) difficilement accessibles, partielles, changeantes, peu synthétique : à croire que toute la tuyauterie interne (les fameuses et merveilleuses "catégories" de demandeurs d’emploi, à qui on fait dire tout et n’importe quoi) n’est faite que pour aboutir au résultat escompté : le chômage baisse, on vous l’avait bien dit.
Enfin, nous assistons actuellement à une telle marginalisation des chômeurs de longue durée qu’on ne peut s’en tenir au seuls chiffres de l’ANPE. Il faut désormais intégrer les chiffres des minima sociaux à ceux du chômage pour avoir une vue d’ensemble. Mais intégrer ne veut pas dire additionner et nous n’avons aucun outil fiable (en tout cas qui soit communiqué) qui permette de faire des recoupements pertinents entre bénéficiaires de minima sociaux et demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE. [1]
Pour tenter d’y voir un peu plus clair, des associations ou des sites militants font un travail d’investigation en vue d’apporter un contrepoint au discours officiel lénifiant.
Ainsi, pour mesurer l’importance des minima sociaux dans la société française, on pourra se référer au site de l’Observatoire des inégalité qui, en avril 2006, fait état de plus de 3,4 Millions d’allocataires fin 2004, dont plus de 1,2 millions de bénéficiaires du RMI et 340 000 bénéficiaires de l’ASS (allocation spécifique de solidarité pour les demandeurs d’emploi en fin de droits. En tout se sont 6 millions de personnes qui vivent des minima sociaux (si l’on intègre les ayant droits).
Pour ce qui concerne les chiffres du chômage, Actu Chômage vient de se faire l’écho d’un dossier qui compare, le chômage apparent et le chômage réel entre 1996 et 2005. Le chômage apparent considère la seule catégorie 1 de l’ANPE, le chômage réel l’ensemble des 8 catégories.
Certes, de 1996 à 2005, le chômage apparent (également appelé chômage officiel) a diminué en passant de 3.062.980 à 2.419.600 inscrits à l’ANPE en catégorie 1. Ainsi, compte tenu de l’évolution de la population active (25,591 millions en 96, 27,637 millions en 2005, au sens du BIT et de l’INSEE, chiffres qui ont été pondérés pour tenir compte des dispensés de recherche d’emploi, des préretraités et des demandeurs d’emploi en formation), le taux de chômage apparent était de 11,97% en 1996 et de 8,75% en 2005.
Le chômage réel tient compte de l’ensemble des catégories de chômeurs et des chômeurs en partie ou en totalité dissimulés à travers différents dispositifs, calculé en équivalent "temps plein". Pour ce faire, les auteurs ont introduit un "coefficient de travail" pour chaque catégorie de demandeurs d’emploi, qui pondère le poids des emplois aidés, des temps partiels, etc ... Ainsi calculé, le chômage réel a, quant à lui, légèrement augmenté, passant de 5 745 310 à 5 848 550. Le taux de chômage réel était de 22,04% en 1996 et de 20,79% en 2005. Pas de quoi crier victoire (et à mettre en relation avec l’inflation galopante des bénéficiaires de minima sociaux [2] ).
Bien sûr, la méthode a ses limites et (probablement) ses imperfections. Reste qu’elle est intéressante et pertinente puisqu’elle tend à une prise en compte de la réalité sociale du chômage.
Le dossier présente également le détail des chiffres du chômage en 1996 ou 2005, en présentant plusieurs mesures officielles du chômage (qui, chacune, aboutissent à des résultats sensiblement différents), en précisant les chiffres de chacune des 8 catégories de l’ANPE, ainsi que le poids des dispositifs particuliers (emplois aidés, préretraités, dispensés de recherche d’emploi mais indemnisés). Il isole également le poids des temps partiels, sans préciser si celui-ci est choisi ou subi (mais on sait qu’il est très majoritairement subi). On arrive ainsi à un total de 8 854 700 demandeurs d’emploi (soit les 5 848 550 "Equivalent chômeurs" cités ci-dessus).
« Chiffres auxquels il faut ajouter les chômeurs découragés, en maladie, ceux dispensés de recherche et non indemnisés, les autres situations ». Tout un programme ... et du pain sur la planche.
[1] Citron Vert s’était déjà penché sur ces questions dans des précédents articles, ici ou là.
[2] Nous attendons avec impatience un travail exhaustif de recoupement des données entre l’ANPE/Unedic et la CAF, la MSA, ... qui permette de préciser le nombre de bénéficiaires du RMI inscrits comme demandeur d’emploi.
Messages
1. En neuf ans le nombre réel de chômeurs n’a pas baissé en France, 9 octobre 2006, 16:16
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( Résumé vu sur le site
http://www.actuchomage.org )
En neuf ans le nombre réel de chômeurs n’a pas baissé en France
En neuf ans, de 1996 à 2005, le chômage apparent (chômage officiel) a diminué de 21% en passant de 3.062.980 à 2.419.600 inscrits en catégorie 1 Anpe (chômage officiel).
En fait, le chômage réel des diverses catégories de chômeurs et des chômeurs en partie ou en totalité dissimulés à travers différents dispositifs, calculé en équivalent "temps plein", a un peu augmenté, passant de 5.745.310 à 5.848.550.
Cependant, la population active, occupée (ayant un emploi) ou non (chômeur inscrit), est passée de 25.591.000 (1996) à 27.637.000 (2005), au sens du BIT et de l’INSEE.
Cette population active doit toutefois être corrigée en réintégrant les personnes qui en sont artificiellement exclues : les dispensés de recherche d’emploi, celles en préretraites entières et les chômeurs en stage.
La population active corrigée devient 26.070.000 en 1996 (+479.000) et 28.132.000 en 2005 (+495.000).
Le taux de chômage apparent (officiel) est de 11,96 % en 1996 et de 8,75 % en 2005, en prenant la moyenne annuelle de la catégorie 1 de l’ANPE.
Le taux de chômage réel est :
– 16,97 % en 1996 et 14,54 % en 2005 sans tenir compte de l’équivalence chômage des emplois à temps partiel
– 22,04 % en 1996 et 20,79 % en 2005 en tenant compte de ce chômage partiel de fait.
Un progrès bien faible en neuf ans et tout relatif, car si la population active continue d’augmenter, le rythme de cette augmentation s’est beaucoup ralenti au cours des dernières années. Reste à savoir la part prise par les chômeurs découragés, disparus des statistiques, dans cette diminution de la population active.
Ne croyez pas pour autant à une situation réelle plus enviable dans les autres pays en Europe ou dans d’autres régions du monde. Bien souvent, un taux de chômage officiel autour de 5 %, même estampillé Ocde ou Eurostats, cache un taux effectif du chômage compris entre 10 et 20 %. Et bien souvent, la proportion d’emplois à temps partiel est plus importante qu’en France avec un nombre d’heures plus faible (Pays-Bas, Royaume-Uni ... ).
Voir : Le chômage réel en France : 1996 et 2005
http://travail-chomage.site.voila.f...
> Tout le site vaut la peine d’être vu, très intéressant :
http://travail-chomage.site.voila.f...
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