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Chronique de l’anticommunisme ordinaire.

Publie le dimanche 13 janvier 2008 par Open-Publishing
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Jean Jaurès considérait que « quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots ». C’est bien ce qui arrive avec un curieux phénomène, dû sans doute au renversement de situation auquel nous assistons dans le monde, qui a bien des égards a les allures d’un syndrome de posture, et transforme le discours des illustres chroniqueurs du "monde libre", en un discours autiste fait de raccourcis, d’approximations, non plus un journalisme qui selon la belle formule de Hubert Beuve-Méry, serait « du contact et de la distance », mais un journalisme de propagande, aux relents de guerre froide, (fût-elle idéologique), de plus en plus prononcés.

Voici pris au hasard de la presse entre mille autres, un petit extrait d’un article qu’Anthony Bellanger du Courrier International consacra au 40e anniversaire de la mort du Che sous le titre allusif de : « Che Guevara : féti-Che ou Che-sus Christ ? »

« La marchandisation du « Che », ajoute El País est le signe le plus tangible de la défaite politique et culturelle d’une certaine gauche radicale. Une défaite qui se lit, par exemple, dans les yeux des Européens de l’Est lorsqu’ils voient, médusés, des jeunes Occidentaux si riches, si bien nourris, se balader insouciants avec des tee-shirts à l’effigie de celui qui, pour eux, signifie quarante-cinq ans d’oppression. »
"La marchandisation" (de l’image du Che) et non pas de ce qu’il représente, à voir avec la récupérationet et le détournement purement mercantile, qu’en fait le capitalisme dont les rapports marchands envahissent aujourd’hui tous les champs de la vie sociale, y compris la sphère privée des individus. Désormais tout s’achète et tout se vend, mais il est quand même réjouissant que les jeunes préfèrent l’image du Che à celle de Bush, cela n’est pas sans signification.

Lorsque Anthony Bellanger convoque ainsi les faits nous ne sommes pas loin de la manipulation. La comparaison se porte sur les « européens de l’Est » plutôt que sur les « sud-américains », il semble oublier que Che Guevara était argentin d’origine et que le lieu principal et la raison de ses combats furent une Amérique latine où proliféraient alors les dictatures et les républiques bananières. L’écrasante majorité des populations vivaient dans la misère la plus totale, ce qui est encore malheureusement le cas dans certains de ces pays, malgré les avancées actuelles, par ailleurs inenvisageables sans l’action de Guevara et de Castro venus marcher sur les plates bandes d’une Amérique latine alors pré-carré des EUA. Pourrait-on envisager l’Amérique latine de Lula, Chavez, Evo Morales, Michèle Bachelet et Cristina Fernandez, sans que quelque part il n’est resté traces de leur passage ?

Notre chroniqueur veut a tout prix faire dire aux choses plus qu’elles ne peuvent dire, ce qui au passage laisse percer quelque "inquiétude" quant à la bonne foi de sa démonstration. Pour ce qui est des « jeunes occidentaux si riches » je n’insisterais même pas.

Marx écrivait en ouverture du manifeste communiste : « Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme » Quel est donc la nature de ce nouveau spectre qui hante le discours de nos illustres chroniqueurs, proclamant chaque jour aux quatre vents comme pour se rassurer la mort du communisme ?

Dans « Spectres de Marx » Jacques Derrida nous rappelle : « Il faut le crier au moment, ou certains osent néo-évangéliser au nom d’une démocratie libérale enfin parvenue à elle-même comme à l’idéal de l’histoire humaine : au lieu de chanter l’avènement de l’idéal de la démocratie libérale et du marché capitaliste dans l’euphorie de la fin de l’histoire, au lieu de célébrer la « fin des idéologies » et la fin des grands discours émancipatoires, ne négligeons jamais cette évidence macroscopique, faite d’innombrables souffrances singulières : aucun progrès ne permet d’ignorer que jamais, en chiffre absolu, jamais autant d’hommes, de femmes et d’enfants n’ont été asservis, affamés ou exterminés sur terre. »

L’hypothèse communiste reste posée.

Messages

  • Bien sûr les mots ont un sens, et c’est pas pour rien si les capitalistes emploient le mot "liléralisme" pour désigner leurs trafics, et ce même s’ils ne pensent que rendements, profits, intérêts, bref. capitalisme. Non, ce mot, qui désigne trop bien la chose, pour eux ne vaut rien, par contre, peuvent-ils réver à un meilleur emballage, pour leur système, que "libéralisme" de "liberté".

    Et chaque fois qu’un communiste, d’en haut comme d’en bas, tombe dans le panneau, ça fait glinglin dans la cassette !

    Dans l’Huma je ne lis plus : "exploités", je lis : "dominés". Un détail me direz vous, mais plus d’exploités, plus d’exploiteurs, des "dominants" auraient peut-être pris la place ? C’est quoi cette espèce ? J’ai posé la question, j’attends la réponse. C’est promis je vous tiens au courant dés que je sais quelque chose !

    A plus

    CN46400