Accueil > Club des brimés
De nombreuses personnes s’estiment victimes de brimades policières. Sur ce site, c’est un sujet récurrent. Le degré de la brimade est très variable et les victimes sont diverses, il n’y a donc pas une typologie particulière du brimé ou de la brimée. On peut mourir de mort violente dans un commissariat, en prison ou y être seulement retenu de manière déplaisante. Dans tous les cas, un organe essentiel est touché plus ou moins gravement, je veux parler de la dignité. Il doit y avoir dans les écoles de police des cours spéciaux pour éduquer les aspirants policiers à atteindre la dignité des citoyens qui ont affaire à eux.
Toutefois, les personnes qui ont subi des brimades policières ont toutes quelque chose en commun, une espèce de trauma particulier qui déclenche, dans tous les cas, un besoin de justice exacerbé, un désir de revanche, parfois une envie de meurtre (rarement exprimée) et toujours le sentiment qu’il faut faire quelque chose pour soi-même afin de retrouver sa dignité toujours blessée et aussi pour que ça ne se reproduise pas ni pour soi-même ni pour les autres.
Pour les morts, la question est réglée définitivement si j’ose, allez, j’ose. Mais il reste les proches et eux ont besoin de secours, pour les blessés graves, le plus urgent c’est l’hosto, mais après il faut s’occuper de leur rage. Pour les blessés légers, la rage, le trauma sont tout de suite présents. Pour les brimés et brimées sans blessures corporelles, il faut s’occuper de soigner sans délai les blessures à la dignité, les blessures de l’âme et elles font souvent très mal.
Dès que des policiers sont en cause la justice est inopérante même si il ne faut pas y renoncer, pourquoi, en effet, renoncer à un emplâtre sur une jambe de bois ? et puis, on ne sait jamais, un jour, avec un juge particulièrement teigneux, ça pourrait marcher...
Il ne faut pas rêver, police et justice sont des partenaires dans leurs activités quotidiennes et le contrôle que sont censés exercer les magistrats sur le travail policier est la plus belle foutaise républicaine jamais inventée. En conséquence, pour satisfaire le besoin de justice exacerbé des brimés et brimées, l’institution judiciaire est de bien peu de secours.
On pourrait imaginer de revenir à la loi de la jungle et rendre justice soi-même, c’est quand même un peu dangereux avec une police lourdement armée et quasiment assurée de l’impunité. Et puis, brimées et brimés ne sont pas forcément des foudres de guerre, des Rambos ou des Jeanne d’Arc, ce n’est donc pas une solution.
Il y a bien la CNDS (Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité) créée en 2000, je crois, qui fait ce qu’elle peut, mais c’est lourd. Il faut la faire saisir par un parlementaire et, au mieux, elle n’émettra qu’un avis qui deviendra public dans son rapport annuel, donc environ deux ans après les faits. Elle n’a aucun pouvoir de sanction, sa plus grosse menace, c’est de faire publier son avis au journal officiel, comme bâton, c’est modeste. Elle a un vague pouvoir de nuisance puisque les personnes convoquées sont obligées de répondre à ces convocations et les policiers n’aiment guère cela. Elle écrit aux ministres concernés qui, faute d’une réponse satisfaisante, se voient menacés du fameux gros bâton, la publication au J. O.. A ce jour, le gros bâton n’a servi qu’une fois, je crois. Enfin, elle est vulnérable puisque le pouvoir la contrôle par le biais des crédits dont elle a besoin pour fonctionner et il ne se prive pas de s’en servir. Peut-être aussi faut-il, tout simplement, lui faire un peu de pub et que les citoyens cherchent à l’aider dans sa mission ?
Enfin le temps est particulièrement menaçant pour les libertés avec un discours sécuritaire qui vogue allégrement de droite à gauche, qu’on retrouve avec de modestes variantes dans tous les courants et des personnages comme Sarkozy, Royal, Le Pen et d’autres dans le paysage politique.
Tout ce que je viens d’exposer milite pour que se crée une action citoyenne afin de lutter efficacement contre les abus et les brimades et l’éclosion lente et perfide, déjà très avancée, de l’Etat policier.
Mais que faire ? on a vu que s’armer était une réponse de type suicidaire, que la justice était quasi inutile et que la CNDS était vraiment un petit calibre bien que de bonne volonté et à ne pas négliger.
Il y a bien quelques moutons à cinq pattes dont c’est le métier, les droitsdel’hommistes, de vrais professionnels englués dans l’humanitaire, l’officiel, le bien pensant, le politiquement correct et bien incapables de mordre la main qui les nourrit. D’où croyez-vous que vient l’argent dont ils vivent ?
Il y a d’honnêtes gens dans ces mouvements, mais, avec le temps, ils semblent s’être confits dans le rôle : "les chiens aboient et la caravane passe...".
La solution ne viendra pas des politiques, il faut un sursaut citoyen, une sorte de résistance civique active qui utilise des armes qui ne sont pas à feu et qui sont bien délaissées de nos jours bien qu’efficaces et frontales : l’impertinence, l’ironie, l’humour, l’irrespect, l’insolence, l’arrogance, la malséance, le ridicule, l’irrévérence, ...
Brimés, brimées, créons un club, une association, un groupement et essayons d’agir. Les média nous seront favorables surtout si nous parvenons à faire rire aux dépens des méchants policiers. Créons, par exemple, un rival du festival de Cannes, celui de la brimade policière, nommons un jury et décernons des prix. Je suis bien certain qu’avec un peu de talent nous pourrons casser définitivement la carrière de nos lauréats, par exemple celle d’un commissaire qui aurait reçu la palme d’or de la brimade policière. Les palmes d’argent, de bronze et de cacao ne seront pas, non plus, des éléments favorables à l’avancement des heureux bénéficiaires. Créons une revue qui reprendrait toutes ces histoires et qui les suivrait jusqu’à leurs termes, écrivons, parlons, occupons l’espace médiatique.
Je me suis déjà essayé à tout cela et ça marche plutôt bien, mais en solitaire. Le travail du solitaire est beau parce que désespéré, mais il risque d’être inutile.
A vos bics, vos claviers et vos plumes.
Isidore Minium