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Colombie : convertir les paramilitaires en "soldats paysans"

Publie le lundi 25 août 2003 par Open-Publishing

24 août 2003

Les accords entre le gouvernement et les paramilitaires, une autre phase du conflit colombien

par Carlos Fazio

Bogota. Les agents de la Central Intelligence Agency (CIA) en poste en Colombie les appellent la contra, allusion aux groupes illégaux de paysans entraînés, armés et financés par Washington qui luttèrent contre le gouvernement sandiniste du Nicaragua dans les années 80. Ils se font appeler les Autodéfenses Unies de Colombie (AUC). Ce sont des paramilitaires, un vieil outil efficace du terrorisme d’État. En Colombie, d’escadrons de la mort ils sont devenus de véritables armées locales contrôlant territoires, fermes, vies et consciences.

Il y a deux semaines, le gouvernement d’Álvaro Uribe a annoncé la signature d’un accord avec les AUC, premier pas d’un processus de négociation devant mener à la démobilisation de 13 000 paramilitaires avant 2005. Les paras sont accusés de crimes de lèse humanité et de graves violations des droits humains. Plusieurs de leurs chefs militaires, dont Carlos Castaño, Salvatore Mancuso et Juan Carlos Sierra, sont l’objet d’une demande d’extradition des États-Unis pour leurs liens avec le trafic de drogues, ce qui, en principe, constitue un sérieux problème pour le plan de « normalisation » de Uribe.

Il existe cependant des éléments indiquant que le président colombien agit avec le consentement de Washington. Non seulement parce que, depuis le début, l’ambassadrice des États-Unis, Anne Patterson, a annoncé que son pays financerait, durant les deux premières années, la démobilisation des paramilitaires, mais parce qu’à l’origine même des négociations, on trouve l’ombre de la CIA. Entre mars et mai passés, lors d’une mission classée « ultrasecrète », trois émissaires ont établi des contacts directs avec les principaux chefs des AUC au nom de la CIA. L’objectif de l’opération secrète était d’arriver à une formule d’accord pour la démobilisation des principaux groupes irréguliers ; la livraison d’informations sur le trafic de drogues (itinéraires, blanchiment d’argent, nouveaux chefs des organisations criminelles ) et sur la guérilla des Forces armées révolutionnaires (FARC). En échange, les émissaires de la CIA ont proposé d’emmener aux États-Unis les principaux chefs contras et leurs familles.

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