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Colombie : manifestations pour les victimes des violences paramilitaires

Publie le vendredi 7 mars 2008 par Open-Publishing

Jean-Luc Porte

Bogota

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Bogota et dans une vingtaine de villes colombiennes, pour manifester en faveur des victimes des groupes paramilitaires et contre la politique anti-terroriste du président Alvaro Uribe

Ces manifestations, qui étaient également prévues dans une centaine de villes à travers le monde, témoignaient de la solidarité des Colombiens avec les « quatre millions de personnes déplacées, les 15.000 disparus et les 3.000 personnes enterrées dans des fosses communes par les paramilitaires », ont expliqué les organisateurs, le Mouvement des victimes de crimes d’État.

Les manifestants voulaient aussi exprimer « la solidarité des Colombiens avec 1700 Indiens, 2.550 syndicalistes et 5000 membres de l’Union patriotique (UP-communiste), assassinés dans les dernières décennies ».

« C’est une marche de solidarité, nous défilons pour exprimer notre soutien à ceux qui ont été victimes de crimes », a déclaré à l’AFP Ivan Cepeda, le fils d’un dirigeant communiste assassiné en 1994 et organisateur de l’évènement.

« Plus de paramilitaires, plus de massacres et plus d’impunité », pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, souvent vêtus de noir.

Les journaux, radios et télévisions avaient annoncé très brièvement ces manifestations, contrairement à celles du 4 février (bien : 4) contre la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), objet d’un battage médiatique sans précédent.

Des centaines de milliers de personnes avaient manifesté ce jour-là en Colombie et à l’étranger pour dénoncer la violence et les prises d’otages auxquelles se livrent les rebelles marxistes. Cette mobilisation, la plus importante jamais organisée contre les Farc, avait obtenu le soutien actif des autorités colombiennes et avait été coordonnée à l’étranger par les ambassades.

Le gouvernement colombien avait en revanche indiqué le 15 février qu’il ne « s’associait » pas au mouvement de jeudi.

Auparavant, le principal conseiller présidentiel, Jose Obdulio Gaviria, membre de la famille du célèbre trafiquant de drogue Pablo Escobar, avait annoncé que le gouvernement ne participerait pas à cette marche « convoquée par les Farc ».

Des centaines de familles de victimes des groupes paramilitaires ou des exactions de l’armée colombienne, qui a souvent collaboré avec ces milices d’extrême-droite, brandissaient les photos de leurs parents tués ou portés disparus.

A Bogota, où 1.500 policiers supplémentaires ont été mobilisés, les défilés ont convergé vers la place Bolivar, où des centaines de silhouettes de victimes ont été dessinées au sol à la craie. D’imposantes pancartes de politiciens et syndicalistes assassinés étaient placardées sur les murs.

D’importants groupes d’Indiens, portant les bâtons de la garde indigène (symbole de la défense passive), sont venus à pied de la province du Cauca (sud-ouest) jusqu’à la capitale pour dénoncer la violence dont ils sont victimes.

Le principal parti de gauche, le Pôle démocratique, et le parti libéral (centre), ont participé à ce mouvement.

Le maire de Bogota Samuel Moreno (gauche) a lui aussi participé au rassemblement place Bolivar. Prônant la tolérance, il a souligné qu’aucun incident notable n’avait troublé les défilés.

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