Accueil > Colombie, terrorisme d’Etat, terrorisme d’Empire
Colombie, terrorisme d’Etat, terrorisme d’Empire
Publie le lundi 15 décembre 2008 par Open-Publishing2 commentaires
Armando GARCÍA
Bien que pays riche bénéficiant d’une croissance économique annuelle de 7%, la Colombie accuse un des taux d’inégalité sociales les plus élevés d’Amérique latine. Elle y est en effet un des derniers pays – avec le Mexique et le Pérou – à encore appliquer les formules néolibérales à outrance. L’exploitation des richesses ne profite qu’à 10 % des Colombiens. La moitié des terres agricoles n’appartient
qu’à 0,3 % de la population. 1,3 million de familles paysannes – soit 54 % – n’ont pas de terres, alors que 15.000 personnes possèdent à elles seules 49 millions d’hectares. 17 millions de Colombiens vivent dans la pauvreté et six millions sont dans l’indigence.
Le 9 avril 1948, Jorge Eliécer Gaitán est assassiné à Bogotá. Candidat aux élections présidentielles, ce partisan des banques nationalisées et des entreprises de services publics a éveillé une conscience de classe jusqu’alors inexistante en Colombie. Instantanément éclate le Bogotazo, soulèvement populaire sanglant – 3.000 morts officiels
dans les 3 premiers jours, suivi d’une véritable orgie de sang, la Violencia. 300.000 paysans colombiens seront assassinés sur une dizaine d’années. Une guérilla naît et s’étend sur l’ensemble du territoire. S’ensuivent un durcissement et une militarisation du
pouvoir, et un apport d’aide « civile » à l’armée : apparaissent les premières bandes para-policières, ou paramilitaires.
1959, ¡Hasta la victoria siempre ! Les États-Unis voient « rouge » et forment des milliers de militaires latino-américains à des tâches « contre-insurrectionnelles », traduisez « anticommunistes ». Les USA enverront chaque année en Colombie conseillers militaires, armes, argent – encore et encore. Les forces armées se voient attribuer des pouvoirs exorbitants en matière de maintien de l’ordre public, ou plutôt de répression des revendications sociales. La Doctrine de sécurité nationale du président Kennedy est appliquée, renouvelant l’expérience US au Vietnam, française en terre algérienne, ou même nazie contre la Résistance. Les paramilitaires renforcent leur nouvelle stratégie – armer des civils – inspirée de l’expérience anglaise au Kenya et en Malaisie. Un décret de 1965 légitime ces groupes de défense civile en créant les « groupes d’autodéfense ». S’installent peu à peu une complicité, une complémentarité entre l’État colombien, les forces armées et les groupes paramilitaires. Ceux-ci contrôleront ainsi, jusqu’à ces dernières années, des territoires entiers, par les méthodes les plus abjectes et sanguinaires – massacres collectifs ou sélectifs
à la tronçonneuse ou à la machette, disparitions, déplacements forcés,
tortures, viols, appropriation de terres collectives de communautés paysannes, noires ou indigènes – et offrent leurs « services » aux grandes multinationales pour « maîtriser » les conflits sociaux ou
de travail et permettre ainsi la mise en place de méga-projets économiques et industriels.
Le paramilitarisme avant les FARC
En réaction naissent, en 1964, l’Armée de Libération Nationale (ELN), d’inspiration guevariste et, l’année suivante, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, les FARC – appartenant au courant marxiste. Ce sont la pauvreté et l’injustice sociale croissantes, le
monopole d’un pouvoir politique intolérant et l’application d’une stratégie
paramilitaire appuyée par les États-Unis qui ont motivé la naissance de ces mouvements insurgés armés, et non l’inverse comme l’affirme l’oligarchie colombienne. Si les FARC sont bien un mouvement de guérilla armé, il n’en a pas toujours été ainsi : engagées en
1985 dans des pourparlers de paix avec le Gouvernement, elles déposent en effet les armes et fondent l’Union Patriotique (UP). Les guérilleros démobilisés intégrés à l’UP obtiennent 320.000 voix aux élections, décrochent des postes de maires et de députés. C’en est trop pour certains ! L’UP va devenir la cible des forces armées et des paramilitaires : 3.000 membres sont assassinés dans les semaines qui suivent, un véritable génocide politique. Les FARC reprennent alors la clandestinité …et les armes !
Nul n’ignore non plus que la Colombie est le premier producteur de cocaïne au monde. Or il se fait que, au début des années 80, les narcotrafiquants eurent justement besoin d’investir leur argent dans des zones fraîchement « nettoyées » par les paramilitaires. Petit à petit, le trafic de narcotiques va financer les opérations paramilitaires. Des narcotrafiquants deviennent des chefs paramilitaires, et vice-versa. La CIA, voulant financer à ce moment sa Contra au Nicaragua, se tourne également vers le narcotrafic colombien ! La cocaïne colombienne est acheminée vers les États-Unis via l’Amérique centrale par des avions militaires camouflés, pour être vendue ensuite dans la rue : engrangement de bénéfices « sales » pour financement de guerre « sale ». Les barons de la drogue, de plus en plus puissants, commencent à intégrer, avec leurs associés paramilitaires, une grande partie de la structure politique, économique et sociale du pays. Le produit du trafic est recyclé dans tout le système financier et économique, et le paramilitarisme entre dans les composantes mêmes du régime politique « démocratique » : gouvernement, parlement, justice.
Les années 90 sont celles d’une « guerre intégrale et totale » à la guérilla. Les budgets militaires sont augmentés, mais les prisons se remplissent plus d’activistes sociaux et politiques que de guérilleros. Le taux de criminalité politique atteint des sommets inédits ! Le taux de pauvreté augmente considérablement, tandis que l’ouverture du
régime à un néolibéralisme effréné « libéralise » l’économie et privatise de nombreuses entreprises publiques. On feint de décider le démantèlement des paramilitaires, pour remplacer ceux-ci par de nouveaux groupes, tel Convivir (« vivre ensemble »),… qui en adoptent les mêmes principes. Un certain Alvaro Uribe Velez, alors gouverneur de département, en est un ardent défenseur.
"Guerre au terrorisme" et
"Plan Colombie"
11 septembre 2001. Par le lancement de la « guerre au terrorisme », les FARC, ELN,… deviennent des « terroristes ». Washington conçoit et impose le « Plan Colombie » qui, selon les fonctionnaires, est un programme intégral de développement destiné à régler le conflit
intérieur colombien. La – vraie – vérité est que les milliards de dollars de ce plan ne sont destinés qu’à financer une guerre contre l’ennemi intérieur de toujours – le communisme – au profit des intérêts économiques du secteur privé ! L’autoritaire Álvaro Uribe Velez, sur promesse électorale d’en finir rapidement avec les FARC, arrive au pouvoir en 2002. Il met en oeuvre sa « Politique de sécurité démocratique », véritable stratégie de guerre avec réseau d’indicateurs, compagnies de sécurité privées et soldats-paysans. Il n’y a pas, pour Uribe, de conflit armé en Colombie, seulement « une guerre contre
le terrorisme ». Et surtout, le « Plan Patriote », partie militaire du Plan
Colombie destinée à vaincre les FARC, permet enfin aux États-Unis de s’engager ouvertement dans la lutte « antiinsurrectionnelle » ! De 14.000 à 18.000 militaires sont envoyés dans le sud de la Colombie, où se trouvent les cadres et une partie importante des FARC.
Entre-temps, les organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent les abus du régime et des paramilitaires. Plus de 70.000 personnes – en majorité des civils – tuées ces 20 dernières années,
30.000 disparues ! Quatre millions de Colombiens exilés politiques ou économiques ! Trois millions de paysans, indigènes, afrodescendants déplacés par la force et la terreur – saisie des terres pour des projets économiques ou fuite face aux combats ! Augmentation des massacres et assassinats politiques paramilitaires, en trois ans, de plus de… 600% ! La Colombie est le premier pays au monde pour le nombre d’assassinats de syndicalistes – plus de 40 déjà depuis le début de l’année 2008 ! – et de journalistes. Et surtout, comme le souligne le récent Tribunal international d’opinion sur les violations des droits de l’Homme en Colombie tenu à Bruxelles sous la présidence du sociologue
belge François Houtart, l’impunité en Colombie est presque totale.
Pratiquement tous les crimes liés à des violations de droits de l’Homme restent impunis ! La responsabilité de l’État colombien est établie dans la grande majorité des violations, qu’elles soient commises par des militaires, des policiers ou d’autres agents. Tous ces crimes ont une logique : ils bénéficient politiquement ou économiquement à l’État, aux
paramilitaires et aux entreprises multinationales américaines ou européennes, dans la plus pure logique néolibérale.
En 2005, une loi dite de « justice et paix » – surnommée Loi pour l’impunité – devait permettre la démobilisation et la réinsertion dans la vie civile de quelques 30.000 paramilitaires. Cette loi ne prévoyait qu’une peine de 8 ans maximum pour les délits les plus graves en échange d’une promesse des inculpés de tout dénoncer. Mais la « Loi de justice et paix » dérape : un bras de fer s’engage entre Uribe et certains chefs paramilitaires, qui ne s’estiment plus suffisamment protégés par ladite loi et commencent à parler – trop. Fin 2006, éclate le scandale de la « parapolitique » : 64 congressistes – le quart du Congrès – sont identifiés par la Cour suprême pour liens présumés avec le paramilitarisme, dont 32 sont emprisonnés – parmi lesquels tous les
élus du parti d’Uribe, sauf un ! Les faits démontrent que les groupes paramilitaires n’ont aucunement cessé leurs activités à l’heure actuelle, et sèment toujours leur idéologie de terreur à la campagne, mais aussi dans des quartiers entiers de Bogotá ou Medellin.
La « Loi de justice et paix » prévoyait une peine réduite aux paramilitaires – sans aucune mesure avec les délits commis. De l’autre côté, certains chefs guérilleros colombiens ont été jugés et condamnés
aux États-Unis à de nombreuses années de prison, tel Simon Trinidad, un ancien banquier « reconverti » dans les FARC, qui a écopé d’une peine de 60 ans pour « terrorisme » et « trafic de drogue ». Deux poids, deux mesures. La Colombie d’Uribe : une démocratie ou un terrorisme
d’État à la solde de l’Empire ?
À lire :
Colombie. Derrière le rideau de fumée.
Histoire du terrorisme d’État, Hernando
Calvo OSPINA, Éd. Le Temps des Cerises,
Pantin, 2008.
Drapeau Rouge (journal du Parti Communiste Wallonie-Bruxelles), décembre 2008 - janvier 2009, p. 10 et 11
Messages
1. Colombie, terrorisme d’Etat, terrorisme d’Empire, 16 décembre 2008, 00:01, par Chien Guevara
Le trafiquant le plus recherché est arrivé aux Etats-Unis
NOUVELOBS.COM
Diego Montoya, âgé d’une cinquantaine d’années, surnommé Don Diego, était
le trafiquant de drogue colombien Diego Montoya, alias "Don Diego", l’une des 10 personnes les plus recherchées aux Etats-Unis, est arrivé vendredi 12 décembre à Miami (sud-est), où il sera jugé.
Diego Montoya était le leader de l’organisation qui avait peu à peu remplacé, au fil des années 1990, les cartels de Cali et de Medellin.
70% de la cocaïne vers l’Europe
Selon les autorités colombiennes, au moment de son interpellation l’année dernière, il était responsable de 70% du trafic de cocaïne exportée vers les Etats-Unis et l’Europe. On lui attribue également plus de 1.500 meurtres dont certains auraient été commandités.
Il doit être présenté ce lundi devant un tribunal fédéral de Miami, qui le jugera pour 12 chefs d’accusation.
La police fédérale américaine (FBI) l’avait placé dès l’année 2004 sur sa liste des trafiquants de drogue les plus recherchés au monde, estimant qu’il contrôlait plus de 60% de la cocaïne exportée aux Etats-Unis.
Protection d’un groupe paramilitaire colombien
"Aucune affaire de trafic de drogue n’a eu une telle importance depuis le jugement et la condamnation des frères Rodriguez Orejuela", les chefs du cartel de Cali emprisonnés aux Etats-Unis, a déclaré le procureur fédéral du district sud de Floride, Alex Acosta.
"Don Diego", âgé d’une cinquantaine d’années - sa fiche au FBI faisant état de plusieurs dates de naissance possibles - dirigeait le cartel du "Norte del Valle", basé dans le département du Valle, au sud-ouest de la Colombie. Il a été interpellé en septembre 2007, lors d’une opération conjointe de l’armée et des services secrets colombiens.
Pendant de nombreuses années il a entretenu des liens avec le groupe paramilitaire d’extrême droite des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), démobilisé à partir de 2003, qui lui assurait une garde rapprochée pour le protéger.
Sa demande d’extradition aux Etats-Unis repose notamment sur des accusations "d’une association de malfaiteurs en vue d’importer et de distribuer de la cocaïne aux Etats-Unis et blanchiment d’argent".
Je ne veux plus entendre les FARC traités de narcotrafiquants !!
1. Colombie, terrorisme d’Etat, terrorisme d’Empire, 22 janvier 2009, 15:16, par filo
With the diminished hope of legitimate political participation, the FARC, having seized control of coca and poppy fields throughout the country, began to collect "coca taxes" from farmers, residents and workers of narcotics plantations. This dramatically increased their revenue.
When Arenas died in 1990, the FARC expanded its involvement in the illicit drug industry. The FARC’s leadership reinterpreted Arenas’ ideology to include the legalization of narcotics, arguing that Colombia could profit from the US expensive addiction.
By the mid-1990s, the FARC derived 65 percent of its income from narco-trafficking. With this massive revenue source, the FARC modernized its weapons and launched a military and political campaign called "the Bolivarian Movement for a New Colombia."
The FARC purchased contraband arms, expanded its military ranks, and initiated a public relations campaign within the cities and universities.
From 1996 to 1998, the FARC struck fear in the Colombian government with a series of major military victories over the national army. Most notably, the FARC overtook a military base in Las Delicias, taking dozens of Colombian troops as hostage.