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Comment le 2ème EPR français a été décidé...
Publie le mardi 30 juin 2009 par Open-Publishing3 commentaires
Beaucoup d’écolos ont été étonnés par la décision, sans discussion, de réaliser un deuxième EPR en France, décision prise par le président de la République française Nicolas Sarko... Le romancier H. G. Wells dans un texte peu connu et très peu référencé, mentionnait dans une revue scientifique du début du 20ème siècle qu’il ne fallait pas parler au présent sans parler du futur [1]. C’est bien sûr valable pour la décision de notre Sarko. Mais il me paraît aussi important, pour comprendre ce qui est dit aujourd’hui, de se référer au passé, de placer ce qui se décide actuellement dans la succession des événements du passé.
Qu’en est-il du pouvoir de décision concernant le nucléaire ? Le décret n°76-8445 du 1er septembre 1976 instituait « un conseil de politique nucléaire extérieure (...) » [souligné par moi]. Par ce décret « Le Président de la République décrète » : Art 1er : « Il est institué un conseil de politique nucléaire extérieure présidé par le Président de la République ». Il est précisé (Art.3) « Le conseil définit les différents aspects de la politique nucléaire extérieure » [souligné par moi].
Après 1981 et la victoire de la gauche « on a gagné, on a gagné », le décret n°81-822 du 4 septembre 1981 « modifiant le décret du 1er septembre 1976 » ne change pas grand chose à la législation mais confirme que ce conseil ne concerne que la politique extérieure.
En 2008 est pris un décret abrogeant celui de 1976 modifié en 1981. Il introduit un changement considérable concernant la politique nucléaire. Le décret n°2008-378 du 21 avril 2008 institue un conseil de politique nucléaire. Le mot « extérieure » a disparu de la politique nucléaire du conseil. L’article 1er de ce décret précise : « Il est institué un conseil de politique nucléaire présidé par le président de la République. Le conseil définit les grandes orientations de la politique nucléaire et veille à leur mise en oeuvre, notamment en matière d’exportation et de coopération internationale, de politique industrielle, de politique énergétique, de recherche, de sûreté, de sécurité et de protection de l’environnement ». Ainsi ce décret concerne toute la politique nucléaire française tant internationale que nationale et c’est Sarko qui s’occupe de tout, y compris de la recherche, de la sûreté, de la radioprotection et de l’environnement.
Ce décret n’a soulevé aucune protestation des opposants à Sarko, Verts, socialos et autres, il est passé inaperçu. Le Réseau "Sortir du nucléaire" préfère publier des photos de culs devant le Mont Saint-Michel avec le mot d’ordre « EPR mon cul » [voir revue SDN n°40, page 52] plutôt que de lire le J.O.
Finalement la décision de Sarko de lancer un deuxième EPR n’a rien d’illégal ! Bien sûr Verts, écolos, les antinucléaires, les députés socialistes, auraient pu réagir et protester contre ce décret assez ahurissant où il est précisé que « le secrétaire de la présidence de la République assure le secrétariat du conseil » [Art.6]. Pas moins ahurissante est la composition des membres du conseil [art.2] qui comprend le Premier ministre, les ministres chargés de l’énergie, des affaires étrangères, de l’économie, de l’industrie, du commerce extérieur, de la recherche, du budget, le chef d’état major des armées, le secrétaire général de la défense nationale et l’administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Les ministres de la santé et de l’écologie n’y sont pas. Le responsable de l’Autorité de sûreté nucléaire ne fait pas partie du conseil.
Bien sûr l’article 3 prévoit que « (…) le président de l’Autorité de sûreté nucléaire et le haut-commissaire à l’énergie atomique peuvent être invités à participer au conseil pour les questions relevant de leurs attributions » questions, qui, d’après l’art.1er sont du domaine du président de la République. Que font les députés ? Que font les écolos ? Que font les antinucléaires qui alimentent la société du spectacle ? Que font les journalistes ? Que font les scientifiques et le corps médical ? Curieusement on s’inquiète de ce que les enfants ont beaucoup de mal à passer quelque temps à lire, accaparés qu’ils sont par la télé et les jeux sur ordinateur alors que les adultes ignorent totalement la lecture !
Roger Belbéoch,
extrait de la lettre d’information n°118 de juin 2009 du comité Stop Nogent-sur-Seine.
[1] H. G. Wells, « The discovery of future » Nature, n°1684, vol.65, February 1902, 326-331 (Conférence délivrée au Royal Institute, vendredi 24 janvier 1902).
A propos d’EPR, lire :
- L’EPR : Un danger pour l’homme et pour l’environnement
- L’EPR en Finlande, un chantier vitrine qui tourne au cauchemar
Messages
1. Comment le 2ème EPR français a été décidé..., 30 juin 2009, 12:00, par Stéphane Lhomme
Une fois de plus Belbéoch préfère s’attaquer au Réseau "Sortir du nucléaire" plutôt qu’au nucléaire.
Son raisonnement est d’ailleurs absurde : il aurait suffit que nous protestions pour que sarko retire illico son fameux décret ? Allons allons...
De plus, sarko (comme ses prédécesseurs) n’a aucunement besoin de ce décret pour décider seul de faire ou non des réacteurs.
Belbéoch ne semble pas au courant que l’assemblée nationale et le gouvernement font tout ce que sarko leur ordonne. Pas besoin de décret spécial pour ça...
Bon, allez, je retourne à mes activités contre le nucléaire...
SL
1. Réponse à Stéphane Lhomme, 30 juin 2009, 16:25, par Infonucléaire
Salut,
Tout d’abord Roger Belbéoch a depuis près de 40 ans lui aussi quelques "activités" contre le nucléaire voir ses articles, etc. sur http://www.dissident-media.org/stop_nogent et sur http://www.dissident-media.org/infonucleaire
Il s’agit ici d’une critique des actions spectacles du Réseau (mais aussi de Greenpeace et d’autres, voir page 3 du bulletin "Greenpeace, l’opération spectaculaire contre l’EPR
et l’antinucléaire. Et les autres réacteurs, ne sont-ils pas dangereux ?"), par exemple, les culs devant le Mont Saint-Michel n’expliquent rien des dangers du nucléaire, et cette "activité" ne va pas faire trembler le lobby nucléaire...
L’état ou le lobby nucléaire semble prendre plus au sérieux un future accident nucléaire,
(voir :
- Qui pense encore que l’accident nucléaire est impossible en France alors que les autorités s’y préparent ?
- La Gestion post-accident nucléaire en France, et le dossier spéciale CODIRPA...
),
que les antinucléaires qui font du spectacle rigolo...
Tu dis : "il aurait suffit que nous protestions pour que sarko retire illico son fameux décret" non ce n’est pas ce que dit Roger, par contre le cadre légal qui a été mis en place donne toutes les possibilités à Sarko de décider d’autres EPR ou ce qui serait dangereux ou pas après un éventuel accident nucléaire...
Et Sarko est en plus celui qui n’aura pas de problème de morale pour une gestion musclée et militaire d’un accident nucléaire...
A chaque fois que sort un bulletin de Stop Nogent on se tire mutuellement dans les pattes, bon c’est habituel mais un peu con.
A+
Mathias Goldstein,
membre de Stop Nogent.
2. P.S., 30 juin 2009, 16:29, par Infonucléaire
P.S.
Grâce au cadre légal mis en place, la démocratie formelle est respectée.