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Comment se fait-il que nous ayons quitté Gaza ?
Publie le mercredi 31 août 2005 par Open-Publishing1 commentaire
de Tanya Reinhart, in Yediot Ahronot
[traduit de l’hébreu en anglais par Edeet Ravel]
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
Nous ne saurons jamais avec certitude ce qui a traversé l’esprit d’Ariel
Sharon, en février 2004, lorsqu’il a déclaré pour la première fois, sans
consulter personne, qu’il était prêt à évacuer les colonies juives de Gaza.
Mais si nous nous efforçons de replacer les pièces du puzzle du
désengagement, le scénario le plus plausible est sans doute que Sharon a
pensé que, cette fois encore, comme à son accoutumée, il trouverait un biais
pour ne pas appliquer son propre plan. Ceci expliquerait, par exemple,
pourquoi les colons de Gaza n’ont toujours pas reçu de compensation
financière et aussi pourquoi (comme l’a révélé le supplément du samedi du
quotidien israélien Yediot Ahronot le 5 courant) pratiquement aucune mesure
n’a été prise afin de préparer leur absorption en Israël. [1]
Sharon a de bonnes raisons de croire que sa tactique d’évitement sera
couronnée de succès. Au cours du premier round, confronté à la feuille de
route de l’administration Bush, il s’est engagé à un cessez-le-feu durant
lequel Israël aurait dû revenir au statu quo d’avant septembre 2000, geler
les constructions de colonies et démanteler les avant-postes. Rien de tout
cela n’a été fait. Sharon et l’armée ont prétendu (au cours du round
précédent) que Mahmud Abbas n’était pas fiable et qu’il avait échoué à
contrôler le Hamas. L’armée poursuivit se assassinats ciblés et réussit à
porter les territoires occupés à un degré d’ébullition encore jamais vu, ce
à quoi firent suite d’inévitables attentats terroristes palestiniens qui
firent voler le cessez-le-feu en éclats. Tout au long, l’administration du
premier mandat Bush se tint au côté de Sharon et se fit dûment l’écho de
toutes ses plaintes à l’encontre d’Abbas.
Malgré l’actuelle période de calme, l’armée israélienne a poursuivi ses
incursions dans les villes palestiniennes, ses arrestations et ses
assassinats ciblés. L’impression prévalait que le prochain attentat
terroriste, au lendemain duquel le calme volerait en éclats, était imminent,
et la presse israélienne regorgeait de détails sur l’opération « Poing d’
Acier », attendue pour cet été, à Gaza. Mais l’administration Bush a soudain
fait volte-face. Tandis qu’Israël continuait à déclarer qu’Abbas ne faisait
pas ce qu’on attendait de lui, l’administration Bush répétait avec
insistance qu’il fallait lui donner une chance. Alors : qu’est-ce qui a
changé ?
Jusqu’à ce virage à cent quatre-vingt degrés, il y avait en Israël un
consensus général sur le fait que jamais les Etats-Unis n’avaient été
dirigés par un président aussi amical pour Israël que George W. Bush. Bien
sûr, personne ne pensait que c’était son amour des juifs qui motivait ce
soutien inconditionnel chez l’évangéliste Bush. Mais il y avait le
sentiment, en Israël, que grâce à sa supériorité aérienne, Israël
représentait une carte maîtresse dans la guerre que Bush avait déclarée au
Moyen-Orient. Avec l’euphorie de puissance qui était palpable alors, on
aurait dit que l’Afghanistan et l’Irak étaient d’ores et déjà « entre nos
mains » et que nous allions désormais nous « occuper » ensemble de l’Iran, et
peut-être même de la Syrie.
Mais, au début de l’année, les roues se mirent à tourner dans l’autre sens.
Les Etats-Unis s’enfonçaient dans le bourbier irakien, enregistrant défaites
et pertes. L’Iran, qui après sa guerre avec l’Irak était prêt pour une
reddition à n’importe quel prix, retira des encouragements de la résistance
irakienne et de ses liens avec les milices chiites. Les accords pétroliers
conclus avec la Chine donnèrent un coup de fouet à son économie et à son
statut international. Soudain, la possibilité d’une attaque contre l’Iran
devenait moins certaine. Il s’avéra que même les armes les plus
sophistiquées risquaient fort de ne pas suffire à mettre à genoux des
régions entières sur lesquelles les Etats-Unis lorgnaient. Dans l’
intervalle, la popularité de Bush s’était effondrée, passant au-dessous des
40 % et, après chaque attentat terroriste dans le monde, on entendit ces
mots, appariés : Irak et Palestine. Bush ne lèvera pas le pouce, en Irak, de
sitôt. Mais le casse-tête de la Palestine, c’est vraiment la dernière chose
dont il ait besoin.
Depuis le début de cette année, le rouleau compresseur américain avance,
inexorablement. Tout d’abord, le tout-puissant lobby israélien aux
Etats-Unis fut neutralisé, sans tapage. Deux ex-responsables de l’American
Public Affairs Committee [Aipac] ont été mis en examen pour transfert d’
information sensible à un diplomate israélien. Au cas où sa culpabilité
serait prouvée, cela pourrait s’avérer fatal pour l’Aipac et la totalité du
lobby pro-israélien aux Etats-Unis. Dans l’attente, ils devront se tenir à
carreau, quoi que fasse Bush vis-à-vis d’Israël.
La mesure suivante consista à geler l’assistance militaire à Israël, en se
prévalant de la crise née de la vente par Israël d’armes (américaines) à la
Chine. Il aurait été possible de traiter ce problème embarrassant d’une
simple pirouette, comme par le passé. Mais, cette fois-ci, les Etats-Unis
ont imposé de véritables sanctions. Les contacts en vue de l’achat de
nouvelles armes ont été gelés, et les Etats-Unis ont suspendu la coopération
dans divers projets de recherche et développement. A Washington, on a claqué
les portes au nez des officiers israéliens.
C’est dans ces circonstances que la date prévue pour le désengagement a fini
par arriver. A la lumière des préparatifs, au vu et au su de tout le monde,
d’une opération militaire, des soupçons se firent jour au sein de l’
administration américaine que Sharon ne mettrait pas son plan de
désengagement en application. D’après le New York Times du 7 août, l’
administration Bush a exercé des pressions afin qu’il n’en soit pas ainsi et
d’éviter tout déclenchement d’une opération militaire. Le 21 juillet, la
secrétaire d’Etat Condoleezza Rice était venue à Jérusalem, afin d’y
effectuer une visite inamicale, très ric-rac. Le New York Times a fait état
d’observations du Coordinateur pour la Sécurité au Moyen-Orient, le général
William Ward : « Le général Ward, homme pourtant prudent, a confirmé que,
voici quinze jours, des pressions américaines ont imposé à l’armée
israélienne de rester dans ses casernes, alors qu’elle allait se lancer dans
une incursion à l’intérieur de la bande de Gaza. Il a prédit des pressions
analogues, à l’avenir, si nécessaire. « Mais c’est là un scénario que
personne n’aimerait voir se dérouler », a-t-il dit. « Il y a une profonde
prise de conscience, de la part du leadership israélien, armée comprise, des
conséquences possibles de ce genre de scénario. » » [2]
Au fil des années, nous avions été habitués à l’idée que l’expression «
pressions américaines » désignait des déclarations qui ne mangent pas de
pain. Mais, soudain, les mots ont acquis une nouvelle signification. Quand
les Etats-Unis exercent effectivement des pressions, aucun dirigeant
israélien n’oserait mettre leurs injonctions au défi (et certainement pas
Netanyahu).
Aussi nous sommes-nous retirés de Gaza.
Si les Etats-Unis continuent à perdre du terrain en Irak, peut-être
serons-nous contraints à nous retirer aussi de Cisjordanie ?
[Souhaitons-le.]
[1] D’après cet article, dès le début, dès 2004, « le Premier ministre a
opposé une rebuffade à la recommandation du major général Giora Eiland
[conseiller ès sécurité nationale auprès de la présidence de la section de
planification du désengagement de l’armée israélienne], et il a décidé que
le gouvernement ne ferait pas construire de logements provisoires. »
[2] Steven Erlanger, in The New York Times, 7 août 2005
Messages
1. > Comment se fait-il que nous ayons quitté Gaza ?, 31 août 2005, 22:11
si israel se retireet accepte ses limites internationales ;on sera certainement tous en paix,je veux dire par tous,le monde entier y compris les juifs,parcequ’ils ont tj vecu au sein des arabes et des musulmans qui les ont protégés des horreurs depuis la nuit des temps et qu’ils traitent maintenant de sales...et les occidenteaux depuis la"reconquista" a la 2 guerre mondiale de civilisées !donc chéres cousins juifs lizer un peu notre histoire commune et soyez justes !merci !