Communiqué INFO BIRMANIE : COMBIEN TOTAL RAPPORTE A LA JUNTE BIRMANE

INFO BIRMANIE

Communiqué de presse du 23/05/09 - COMBIEN TOTAL RAPPORTE A LA JUNTE BIRMANE

En complément de son communiqué de presse du 21 mai 2009, Info Birmanie croit nécessaire de préciser que les 350 millions d’euros d’impôts que Christophe de Margerie, directeur général de Total, reconnaît avoir versé au régime militaire birman en 2006 ne constituent pas l’ensemble de la somme générée annuellement par le projet Yadana au profit des généraux birmans.

Christophe de Margerie, évoquant dans un entretien accordé au Monde le 6 octobre 2007 cette somme versée à l’Etat birman, avait pu sembler faire preuve d’une inhabituelle transparence s’agissant de revenus pétroliers. Il est cependant permis d’interroger les véritables motifs d’une transparence qui pourrait cacher une volonté de dissimuler l’ampleur des profits que l’un des régimes les plus brutaux au monde tire du projet Yadana, dont Total demeure l’opérateur.

Earth Rights International (ERI), ONG à l’origine de rapports de référence sur le projet birman de Total, a pu établir les estimations les plus fiables regardant les revenus véritablement générés par Yadana au profit des généraux. Ces estimations s’appuient sur les informations recueillies par ERI à l’occasion du procès qui opposa des citoyens birmans au géant pétrolier américain Unocal, partenaire de Total dans Yadana jusqu’à son rachat par Chevron en 2005. L’ONG est ainsi en mesure d’affirmer que Yadana a généré en 2007 1,3 milliard de dollars, dont 75% au profit de la junte birmane. Le régime militaire a donc empoché approximativement 969 millions de dollars grâce au projet dont Total est l’opérateur. Une somme colossale, près de trois fois supérieure aux versements reconnus par Christophe de Margerie.

C’est pourquoi Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères du gouvernement français, a raison de qualifier de "moyen de pression économique sérieux" sur le régime une attitude ferme de la France vis-à-vis de Total. Info Birmanie s’interroge cependant sur la réserve du ministre s’agissant des conséquences d’un tel retrait pour la population birmane : "si on a une attitude ferme sur Total (...) ça veut dire qu’on coupe le gaz à une grande partie de la population birmane." Bernard Kouchner l’indique pourtant par la suite : la quasi-totalité du gaz produit par Yadana est exportée vers la Thaïlande. La partie affectée au marché domestique birman (moins d’un huitième du gaz extrait) est expressément destinée à une cimenterie.

En outre, Info Birmanie rappelle une nouvelle fois que le gouvernement birman en exil (NCGUB), par un courrier adressé le 10 octobre 2007 au président de la République et à son ministre des Affaires étrangères, demandait que soient "gelées ou abandonnées toutes les activités liées au gaz."

D’autres solutions ont été évoquées qui permettraient de priver la junte de l’importante source de revenus constituée par Yadana sans porter atteinte aux besoins thaïlandais en gaz ni même nécessiter l’arrêt des activités de Total, solutions dont la faisabilité tant technique que politique reste à cerner. En tout état de cause, l’urgence est de priver le régime militaire birman des ressources qui lui permettent de perpétuer ses crimes. La perfusion financière apportée par Total à la junte doit cesser.

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