Accueil > Communiqué de l’Association des Sahraouis de Belgique
Communiqué de l’Association des Sahraouis de Belgique
Publie le mardi 14 juillet 2009 par Open-Publishing
Chakib El-Kheyari, Président de l’association Rif des droits de l’homme (ARDH) et membre du Conseil Fédéral du Congrès Mondial Amazigh (CMA), a été condamné le 24 juin 2009 par le tribunal de première instance de Casablanca, à une peine de 3 ans de prison ferme et 753.930 DH (soit 68000 €) d’amende. Chakib El-Kheyari a été arrêté à son domicile à Nador (nord du Maroc) le 18 février dernier et mis en détention à la prison Okacha de Casablanca. La justice marocaine le poursuivait pour les motifs suivants :
– « Outrage envers les corps constitués », parce qu’il a dénoncé publiquement le trafic de drogue et la corruption dans lesquels seraient impliqués de hauts responsables de la police, de la gendarmerie, de l’armée et de l’administration ;
– « Percevoir des sommes d’argent de parties étrangères pour mener une campagne médiatique visant à nuire et à discréditer les efforts déployés par les autorités marocaines dans la lutte contre le trafic de drogue ».
– « Infraction au code des changes et dépôt de fonds dans une banque étrangère sans l’autorisation de l’Office des changes ».
Chakib El-Kheyari n’a donc commis aucune infraction à la réglementation marocaine sur les changes, et les atteintes à la crédibilité du Maroc sont plutôt dues aux violations des droits humains et des libertés fondamentales, à la corruption qui gangrène les institutions de l’Etat et au caractère véreux de certains responsables chargés de la lutte contre le trafic de drogue.
L’Association des Sahraouis de Belgique (ASAB) rappelle que ceux qui nuisent à l’image du Maroc, ce ne sont point les militants qui luttent pour l’état de droit, mais bien les responsables impliqués dans les activités de corruption et de narcotrafic, l’absence de poursuites judiciaires à l’encontre des hauts responsables de l’Etat soupçonnés de collusion avec les narcotrafiquants et le manque manifeste d’indépendance de la justice face au pouvoir exécutif.
La peine infligée à Chakib est juridiquement injustifiée et dans tous les cas, largement disproportionnée. Elle ne vise rien d’autre qu’à sanctionner un infatigable défenseur des droits humains, à restreindre la liberté d’expression et d’opinion et à intimider l’ensemble des acteurs de la société civile, que ce soit dans la région du Rif militant, à Sidi Ifni ou dans les villes occupées du Sahara Occidental ou contre les membres du parti La Voie Démocratique . Cela est contraire aux dispositions des instruments internationaux de protection des droits de l’Homme ratifiés par le Maroc et, en particulier, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, comme l’ont souligné un certain nombre d’ONG (Amnesty International, Human Rights Watch, FIDH, IFEX, CERAI, Encod, APMM).
De leur côté, l’Association des Sahraouis de Belgique condamnent fermement l’injustice qui vient de frapper le frère Chakib et l’assurent de leur sympathie et de leur soutien permanent, et exige la fin des harcèlements policiers, judiciaires et administratifs exercés à l’encontre des défenseurs de l’Etat de Droit
L’ASAB appelle les organes des Nations Unies et de l’Union Européenne compétents en matière de protection des défenseurs des droits de l’homme et de promotion des principes démocratiques, à intervenir afin que la justice au Maroc et au Sahara Occidental puisse s’exercer de manière indépendante et équitable.