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Comores - Elections législatives : Deuxième tour pas très propre à Anjouan

Publie le mardi 22 décembre 2009 par Open-Publishing

Deuxième tour pas très propre à Anjouan

Décompte des résultats à Lingoni avant l’heure normale.

http://roinaka.skyrock.com/

Nous publions ici un texte du journaliste Kamal Ali Yahouda sur les nombreuses irrégularités ayant entaché le second tour des législatives dans l’île natale du président Sambi, Anjouan. Nous espérons que le Cour constitutionnelle, qui n’a jamais brillé par sa neutralité, se raissaisira et annulera les bureaux de vote suspects. Pour une fois. Voyage au coeur d’une fraude électorale à grand échelle.

La nuit était longue à Anjouan. Le sommeil était presque impossible pour les uns, ceux qui ont perdu la bataille du deuxième tour. Combat perdu d’avance pour eux, mais une obstination naturelle qui les forçaient à croire que tout le monde se ressaisira et s’abstiendra à fausser le jeu, pour que le meilleur gagne.

La mouvance Mbuyu, qui pourtant a vraisemblablement raflé la mise, car arrivé en tête des 6 circonscriptions recalées, aurait même honte d’exploser sa joie. Et pourtant, le jeu valait bien la chandelle. L’homme de la rue, réveillé avec une fâcheuse gueule de bois, s’interroge s’il ne rêvait pas. Car il est incontestablement obligé à croire que le Baobab l’a remporté, mais pas de doute quant aux armes servies.

A Sima, Bandrani et à Mutsamudu, là où quelques espoirs se pointaient à l’horizon, sont vite éteints par le rouleau compresseur du Baobab.

A Sima, où nous avons sillonné toute la circonscription, dès midi, les spéculations donnaient Mohamed Djanfari en tête du peloton. Malgré des tentatives de fraudes observaient partout, des bulletins vierges à la portée des électeurs avant même de franchir la porte du bureau de vote, des présidents de bureau de vote qui refusent d’intégrer les représentants du candidat de l’opposition, urnes bourrées d’avance, tenez, à Lingoni par exemple. Le bureau de vote de Lingoni 1 qui a fermé les portes dès 10h00, pour le même litige, aurait déjà inscrits sur ses registres, plus de 260 votants, pour un bureau qui ne compte que 400 inscrits. Le président du bureau de vote se frotte les mains et nous fait part de sa satisfaction puisque le bureau est ouvert depuis 6h00. Suite à son refus d’accepter les représentants du candidat Mohamed Djanfari, notre président se dédouane en rejetant la responsabilité à la loi électorale dans une close secrète qui recommande que les représentants des candidats dans un bureau de vote, doivent figurer dans liste électorale.

Toujours dans ce bureau, la presse a surpris des représentants de Commission Electorale Insulaire, les membres acceptés, tous proches de la mouvance Baobab et des observateurs nationaux et plus tard par le représentant de l’Union africaine, entrain de compter et parapher tous les bulletins déjà votés. On apprendra par la suite que c’est par ce que les membres du bureau de vote n’avait pas contre signés ses bulletins et il fallait vite réparer l’erreur. Et tout cela sans aucun représentant du candidat Mohamed Djaanfari. Dans l’urne on a compté des paquets de bulletins coché en faveur du candidat de la mouvance, or cela n’a pas empêché le scrutin de redémarrer vers 14h00 sans aucune mesure palliative. Le candidat Mohamed Djanfari que nous avions rencontré, une heure avant à Sima, nous avait parlé de ce cas, mais nous rassurait qu’il avait déjà fait la requête aux organisateurs du scrutin.

Vers 20h00 lorsque nous avons quitté Sima, les bureaux de vote étaient fermés et Mohamed Djanfari avait garanti sa réussite. Car il faut le reconnaitre à Sima ville, le candidat de la mouvance étaient véritablement malmené par électeurs. Il n’a dépassé les 70 voix dans tous les bureaux. Et pourtant, dans la matinée de lundi, la victoire a miraculeusement changé de camp, et c’est Nourdine qui l’emporte et serait même tenté de déposer une requête en annulation de quelques bureaux de vote de Sima pour réconforter sa position.

A Bandrani, d’un tour de main, Salami n’a fait qu’une bouchée à Mohamed Djanfar dit Meka Laforce, qui a vu la circonscription envahie par les forces de l’ordre en patrouille, Directeur de la DNST en avait fait une affaire personnelle, dans son Bandrani natal. Le candidat Meka nous avait affirmé dès 9h30 que « les fraudes se font à découvert, par les haut responsables de l’Etat. Comment gagnerai-je ? » Un membre de son staff a été interpellé trois fois dans la journée puis relâché, accusé à tord de vouloir saboter le scrutin.

Lorsque nous avons regagné Mutsamudu, vers 21h00, c’est une ville qui cachait mal son deuil. Abdou Sidi, un candidat mais proche du pouvoir est lui aussi battu. Pas à Mutsamudu, mais à Mirontsy. Les bureaux de vote de cette localité, aurait basculé miraculeusement vers la mouvance et le taux de participation qui été très faible à 17h00, aurait cassé l’aiguille de la balance. Abdou Sidi, dénonce une récupération illégale de ses représentants par la mouvance. « J’ai tenté de joindre mon staff technique de Mirontsi depuis 18h00, mais en vain. Et pourtant à 17h00, nous nous sommes parlés au téléphone et ils m’ont rassuré que tout allait, sauf que le taux de participation allait être trop bas par rapport à nos estimations. J’ai eu des informations sûres qu’ils auraient été soudoyés par la mouvance. Je n’ai aucun doute, ce deuxième tour a battu les records des fraudes. » Abdou Sidi est resté tout de même serein et savoure une certaine victoire. « Petit Flon que je suis, je suis très honoré par ma ville natale, qui a en même temps rejeté les grosses pointures du pouvoir, comme Ahmed Djaafar, Ombade Mirhane, Dossar je ne peux pas les citer tous.

Comment pourront-ils continuer à tromper le président. Ils n’ont plus de crédit. Malgré, les millions de francs des contribuables qu’ils ont dépensés, ils n’ont pas pu me battre chez eux à Mutsamudu ville. Dans tous les bureaux de vote je suis largement en tête, sauf dans les deux bureaux de Hampanga où ils m’ont battu de quelques 50 voix. Et c’est grâce au porte à porte arrosé d’Ahmed Djaffar et les autres. » Aboubacar, un électeur de la 6em circonscription, lui pense que « le peuple est mal informé et ne mesure pas les inconvenants de leur laisser faire. Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour il y aurait une assemblée sans opposition. Nous évoluons sans détour vers une monarchie qui ne dit pas son nom. Ce n’est qu’après que le peuple se rendra compte et il sera trop tard. »

La soirée électorale a tout de même était clôturé vers 22h00, par un baroud d’honneur d’une dizaine de voitures soigneusement escorté par les forces de l’ordre. A sa tête le candidat Mouhtar, cote à cote avec le conseiller spécial du présent en guirlandes de jasmin. Ce n’est qu’après qu’on apprendra que le cortège a été accueilli le long du boulevard du cœlacanthe, à coup de pierre et ustensiles de cuisine par les riverains. Les forces de l’ordre y sont appelées à la rescousse pour éviter le pire.

Ce qui sursaute aux yeux, pour ce deuxième tour de scrutin à Anjouan, est l’absence manifeste des leçons tirées de la première, comme nous l’a affirmé un des observateurs nationaux qui a préféré garder l’anonymat. « je suis choqué par le fait que la Commission Electorale Insulaire, n’a pas du tout tiré les leçons du premier tour. Nous assisté à un scrutin entaché d’irrégularités et je me demande si les membres de cette commission métrisaient le code électoral qu’ils sont sensés faire respecter ou bien ils faisaient exprès pour favoriser les candidats de la mouvance ? »

Kamal Ali Yahoudha

Source : http://roinaka.skyrock.com/