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Comores : La lettre ouverte des Watwaniya de Magudju à Monsieur l’ambassadeur de France aux Comores
Publie le vendredi 6 novembre 2009 par Open-PublishingLa lettre ouverte des Watwaniya de Magudju à Monsieur l’ambassadeur de France aux Comores
Il y a plusieurs jours de cela, l’ambassadeur de France à Moroni faisait une tournée dans les quartiers de la capitale. Invité par ses amis comoriens, dont « Kiki » (Direction de la Douane nationale/ France Comores Echange) et Moussa Said (Historien), il est officiellement parti visiter les foyers culturels de Badjanani/ CCLB, Mtsangani/ CASM et Magudju/ BARGUM.
Les détracteurs du fameux Kiki, dont le travail actuel consiste à défendre les intérêts français en terre comorienne, ont prétendu à la suite de cette visite qu’il s’agissait d’une manœuvre pour booster sa présence aux prochaines élections, législatives. Se montrer aux côtés des autorités françaises serait une manière pour lui de donner une visibilité à d’éventuels appuis, qui se terrent d’habitude dans l’ombre. Vrai ou faux ? Simple bla bla de détracteur ou réalité qui ne dit pas encore son nom ? Kiki de la République, comme il se fait appeler, serait le dernier joker qu’utilisent les Français à Moroni, avec le Mahmoud patron de la CBE, et quelques autres personnalités moins intrigantes certes, mais toutes aussi troubles dans leurs comportements publics. A se demander s’ils ne confondent pas leurs intérêts avec ceux d’une nation sous contrôle...
Il est probablement temps pour les électeurs de commencer à se poser certaines questions sur ce plan. Nous autres, du Collectif Komornet, qui n’avons pas la science infuse ni l’analyse trop claire, nous nous interrogeons, à priori, et sans vraiment savoir pourquoi, sur ce qui se profile derrière les cancans de la politique comorienne vus depuis Moroni. Sommes-nous en train de jouer à cache-cache avec la France de Sarkosy sous les tropiques au point d’oublier qui nous sommes et pourquoi nous en sommes là ? Que souhaite l’ambassadeur Luc Hallade dans son approche du milieu associatif et culturel comorien à Moroni ? Serait-il en train de distribuer quelques visas aux leaders d’opinion en signe d’amitié pour préparer les minorités de blocage demain contre Sambi ou contre les Mohéliens à l’assemblée ? On ne sait jamais où se niche le fond du cœur dans la relation coloniale à tête banalisée...
Ce qui est sûr, c’est que les Watwaniya de Magudju se sont fendus d’un texte, à l’intention de l’ambassadeur de France en visite, l’interrogeant sur ce qui l’amène dans nos quartiers. Ce texte, dont nous vous rapportons ci-dessous le contenu exact, est en diffusion sur la place publique depuis cette visite. Il commence ainsi :
A Monsieur l’Ambassadeur de France à Moroni
La France, et son action aux Comores, sont l’objet d’une interrogation permanente sur nos places publiques. Nous sommes, nous, citoyens de ce pays, conscients du rapport complexe entretenu par nos dirigeants avec ce qui passe pour être l’ancienne puissance coloniale, bien que nos pas soient encore inscrits dans un processus de décolonisation ratée. Notre regard accroche bien souvent sur la même question, celle de Mayotte la séparatiste, sans que n’éclatent les non-dits de la relation sous domination.
Connaissant cela, et bien d’autres choses, il était nécessaire de saluer la venue du représentant de cette France dans notre quartier par un sentiment de réserve. Que veut-il ? Que souhaite-t-il raconter à la jeunesse de cette ville ? La tradition d’hospitalité du Comorien oblige à s’incliner, et nous n’avons pas de rancœur à exprimer à son égard. Nous nous demandons simplement le pourquoi de ce déplacement à Magudju. Souhaite-t-il nous aider ? A quoi, et à quelles fins ?
Le malheur d’un pays pauvre est de toujours quémander sans trop s’inquiéter de ce qui est donné par la main qui nous sourit. Il nous semble nécessaire de dire à Monsieur l’ambassadeur de France à Moroni que sa présence parmi nous suscite un débat pour le moins intéressant : vient-il en ami ou en ennemi ? De le dire n’empêche pas de bien le recevoir, et nous le faisons en respect de la mémoire des nombreuses victimes du néocolonialisme en ces îles.
Les Comores sont ce pays pauvre sans cesse mis en déroute à cause du maintien de la présence française à Mayotte, et nous ne l’oublions pas. Mais voilà que nous sommes sommés d’applaudir la présence de cette même France dans nos quartiers. Nous demandons à ceux, qui, parmi nous, ont cherché à ce que que Monsieur l’ambassadeur vienne saluer nos mémoires défraîchies, de bien vouloir lui faire entendre nos interrogations, sans que cela ne devienne un crime de lèse-majesté.
Watwania de Magudju
*Rappelons que ce tract a été distribué sous tension à Magudju lors de la visite de l’ambassadeur Luc Hallade dans ce quartier de Moroni. Une des personnes qui tractaient... s’est vue confisquer son tee-shirt sur lequel était marqué ’emblème de Watwaniya (patriote) par les amis (ou nervis) de Monsieur Kiki. Quelques jours plutôt, le même Kiki aurait offert de l’argent à un membre des Watwaniya de Magudju en échange d’un service rendu contre ses propres camarades, à l’occasion de cette virée de Monsieur l’ambassadeur de France dans le quartier. Kiki aurait ainsi voulu prouver son amitié envers la France, en lui servant des têtes d’agitateurs politiques supposés sur un plateau. Vérité ou mensonge ? Moroni raconte tellement d’histoires que nous ne saurons jamais ce qui est de l’ordre ou non de la fiction à deux sous. Nous nous contentons juste de rapporter ce qui est dit ici, et vous laissons maître, vous, cher lecteur, de l’analyse. Que ceux qui ne saisissent pas nos limites dans cette histoire nous écrivent, nous répondrons.
Collectif Komornet
Source : http://roinaka.skyrock.com/