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Confédérons-nous

Publie le vendredi 5 janvier 2007 par Open-Publishing
8 commentaires

CONFEDERONS-NOUS !

L’année 2006 s’est conclue par un échec. Les forces ou courants de gauche qui ont appelé à voter non au traité constitutionnel n’auront pas voulu ou su transformer les aspirations antilibérales du peuple de gauche en force électorale. Rarement la gauche de transformation n’aura trouvé circonstances aussi favorables pour changer la donne et renvoyer les socio-libéraux au statut minoritaire qui pourrait être le leur. Résultat ? Elle se retrouve dans l’incapacité de peser réellement sur les élections présidentielles ! Au Parti socialiste, les courants de gauche vont faire campagne pour une tenante du « oui » au TCE qui ne cache pas ses sympathies pour le Blairisme et a pris le programme de son parti – cette synthèse que nombre de leurs ténors brandissaient comme preuve de leur influence retrouvée ! – pour un chiffon de papier. A « gauche » du PS, Jean-Pierre Chevènement a rallié Ségolène Royal dès premier tour pour de maigres garanties de survie électorale. On se demande encore comment le pourfendeur du « pareil au même » en 2002 va convaincre ses militants que la relance de l’Europe à partir des régions ou le possible droit de véto de ces dernières sur des décisions de l’état – entre autres « idées » avancées par la candidate - se marient aisément avec leur culture républicaine ? A l’extrême gauche on n’attendait rien d’Arlette Laguiller et de Lutte Ouvrière. Un peu plus d’Olivier Besancenot et de la LCR qui vont retrouver la posture favorite du « on vous l’avait bien dit » comme si leur décision de s’écarter du processus unitaire n’avait été d’aucun effet sur son issue.

Car on sait donc désormais que « nous » - la gauche antilibérale - ne serons pas à même de rebattre les cartes de cette élection. Nous serons donc tombés devant l’obstacle d’une 5ème République qui n’en finit plus de personnaliser le débat politique. Notre diversité était telle – une richesse aussi ! – que nous savions périlleux de vouloir la synthétiser en une seule figure. La raison initiale de notre échec vient de là : certes nous affirmions en cœur vouloir subvertir, au cours même de la campagne, ce régime présidentiel que notre programme se fixait pour priorité d’abolir mais combien, parmi les sensibilités ou les principales personnalités de notre démarche, ont réellement cru possible d’imposer notre collectif de porte parole au même titre que celui ou celle que nous aurions retenu pour le bulletin de vote ? Or cette construction qui a fait le succès des meetings de la campagne référendaire et de ceux de novembre dernier n’était pas seulement la manière de contourner cette difficulté objective mais bien la condition d’un bon résultat. Car soyons convaincus qu’il n’y aura pas dans notre pays de transformation sociale sans un changement radical de ses institutions. Forgées historiquement pour un homme providentiel, elles sont en effet désormais parfaitement adaptées au bipartisme mou dont rêvent l’UMP et bon nombre de dirigeants du parti Socialiste. Sauf à justement composer avec cette mise en spectacle du politique comme le font, chacun à leur manière, Lutte Ouvrière avec Laguiller et la LCR avec Besancenot, il n’y a pas de demi mesure entre la personnalisation assumée totalement par Mme Royal et une démarche qui serait pour le coup radicalement « anti système » parce que soumettant au débat citoyen sa stratégie et son programme sans l’artifice du vedettariat. En admettre vraiment le bien fondé nous eut permis de relativiser l’identité du candidat et de lui donner un profil « trait d’union » entre toutes les sensibilités.

La tâche était encore plus rude qu’imaginée et rétroactivement il serait trop simple d’en réduire l’échec aux intérêts d’un parti fut-ce-t-il le plus important. En imaginant en réalité aucune autre candidature que Marie-George Buffet, le PCF a largement participé à gripper la machine mais il est loin d’être le seul.

Mais il est une seconde raison dont il est impératif de tirer les leçons. Cet échec clôt en effet une période qui a vu le rapport privilégié entre des secteurs – organisés ou pas – de la « gauche critique » (pour aller vite nombre de signataires de l’appel dit « Ramulaud ») et le PCF. Initiée sur le champs électoral lors des Régionales en Ile de France, cette alliance aura notamment servi de matrice à « l’appel des 200 » et, pour finir, donné la plupart des acteurs du collectif national pour des candidatures unitaires. Problème : s’il y a un accord tacite – l’alliance se fait avec un PCF pièce essentielle de l’échiquier mais pas autour de lui – la réalité dit toute autre chose car, sans même parler du dessein réel ou pas de sa force principale, l’évolution parait prévisible quand il y a si forte disproportion de militants, de moyens financiers, d’élus. Cette ambiguïté explique bien des illusions qui auront explosé de rude façon : jusqu’au bout le PCF a cru que ses « alliés », trop petits pour ne pas être satellisés, allaient accepter la candidature de Marie-George Buffet, jusqu’au bout ces derniers (dont le Mars) ont cru que le PCF allait privilégier la démarche en cours à toute auto-affirmation quitte à trouver en Francis Wurtz un compromis de dernière minute.

Qu’au sortir de sa campagne en solitaire le PCF reste ou pas (à partir de la faiblesse prévisible de son score on ne peut malheureusement pas exclure une satellisation mortelle autour du PS ou au contraire une crispation sectaire) disponible pour le rassemblement de la gauche antilibérale, il appartient à tous ceux qui viennent de montrer jusqu’au bout leur disponibilité pour reconstruire une vraie force de gauche de tirer les leçons de l’année passée. Elles imposent de s’unir pour créer à l’avenir les conditions de la réussite de toute la gauche antilibérale. Nous disposons pour cela de plusieurs acquis essentiels et inédits : nous avons une stratégie et l’ébauche solide d’un programme, nous sommes des milliers de « militants » (organisés ou pas) désireux de les porter, forts d’une expérience dynamisée par des victoires (TCE, CPE notamment), porteurs de cultures politiques différentes et de la richesse innovante du mouvement social.

Pour réussir il conviendra de se garder de tout sectarisme, de rester ouverts aux apports de chaque courant mais, aussi, de s’organiser. Une construction de type confédérale parait la mieux appropriée car souple et pouvant réunir aussi bien des mouvements de formes différentes que des adhérents directs tout en restant ouverte aux organisations qui souhaiteraient la rejoindre. Ses premières apparitions pourraient avoir lieu par des prises de position pendant la campagne présidentielle et, surtout, par une affirmation plus forte aux législatives. Si du formidable élan citoyen que nous vivons depuis deux ans devait sortir pareille promesse pour la gauche, l’année 2007 commencerait alors mieux que n’aura fini celle de 2006.

Eric Coquerel

Président du Mars (Mouvement pour une Alternative Républicaine et Sociale)

Messages

  • Encore un qui professe un mauvais score pour MGB... on dirait que cela leur ferait plaisir ???

    Jean-Claude

  • Il me semble que la responsabilité du MARS est engagée dans la sectarisation et la déunion, plus particulierement au cours de la réunion du 20 décembre 2006 puisqu’aucun des participants hors PC n’a voulu s’engager sur la candidature de F.Wurtz,d’autre part les propos de Claude Debons sur la "situation mondiale qui conduit à ce que le communisme ne peut plus prétendre être un élement moteur du mouvement de transformation.Une recomposition d’ensemble est indispensable-" n’ont été malheuresement pas déavoués ,conduisant certains à rejoindre dés le premier tour Ségoléne et son social-libéralisme .C’est d’ailleurs ces idées de confédération reprises aujourd’hui qui tente de masquer la question de fond du rassemblement pourquoi faire ?

    La clarification se fait petit à petit les menbres des collectifs ont leur libre arbite et dans les luttes qui se developpent dans de nombreuses directions ,les communistes apparaissent comme les militants unitaires qu’ils ont toujours été .

    Marie Georges Buffet a quitté ses responsabités de secrétaire nationale du PC sa candidature de rassemblement va rapidement ,portés pas des millers de citoyens , devenir la candidature de rassemblement et de lutte que nous avons besoin pour changer vraiment.

    Roger bretagne

  • Salut, Eric Coquerel et salut Mars !

    A quel moment le PS a-t-il commencé sa mortifère mutation en auxiliaire du libéralisme ? Lors des assises de Grenoble, en 1974, quand le ralliement de Rocard a bouleversé les rapports de force au sein du parti puis au sein de la gauche entière dont l’ancrage dans les fondements du socialisme a dès lors été durablement compromis.

    On assiste aujourd’hui à un mouvement similaire, mais cette fois en forme d’aboutissement d’un lent processus, avec l’adhésion en masse de "supporters" libéralisants, avec l’intégration à l’équipe Royal de membres de la "société civile", le tout s’abattant comme une chape de plomb sur le PS qui ne parvient même plus à faire émerger ce qu’il avait à grand peine élaboré pour son fameux "programme".

    Nul doute qu’on est en chemin vers une alliance objective avec un centre mou dont le PS constitue déjà l’une des ailes bientôt motrices.

    Rien n’a pu endiguer cette progression, rien n’a pu, au cours de ces trente années, contenir les dérives d’abord social-démocrates puis franchement libérales. Les Poperen, Chevènement, Emmanuelli, Joxe puis aujourd’hui les Mélanchon, Filoche, Vidalies, Généreux et consort se sont avec plus ou moins de résistance laissés engloutir par la voracité d’un système bien huilé et dont la méthode Hollande est parfaitement représentative.

    Le PC lui-même s’est trouvé atteint et n’aura pas su mettre en œuvre le moindre mécanisme de défense. Cédant aux sirènes de la récupération il s’est laissé travestir avec les oripeaux d’un pouvoir illusoire ; à tel point qu’il vient de céder aux mêmes tropismes, quitte à lâcher la proie pour l’ombre. Tout juste parvient-il à maintenir un vague discours néomarxiste qu’il n’ose d’ailleurs pas même revendiquer. Demain sera "d’orange amère"pour nos camarades ! alors qu’ils auraient pu constituer le nerf d’une formidable poussée de gauche, contribuer à la structurer, reconquérir une crédibilité.

    Il n’est plus temps d’épiloguer. Du moins tirons les leçons de ce long et retentissant échec. Demandons-nous si le moribond peut encore servir, si le souffle qu’il exhalera peut-être encore, à l’issue du premier tour, ne pourrait faire au moins frémir quelque voilure. Y aurait-il absurdité à envisager, plutôt que la fédération suggérée par l’ami Coquerel, un décisif renforcement du PCF, une sorte de nouvel Epinay qui tiendrait compte des écueils, revisiterait le concept de "parti"… Je rêve à haute ligne !

    Le PCF n’est certes pas disposé à une telle révolution mais qu’en sera-t-il demain ? Aura-t-il uniquement les moyens de se saborder ? Pourra-t-il, pour le temps qu’il lui restera, continuer d’ignorer les forces potentielles qui l’entourent, de croire qu’il peut en tirer la substantifique moelle sans jamais la moindre greffe ???

    Le PCF n’entend-il pas l’écho des avertissements de Rosa Luxemburg ???

    D’accord, toujours le rêve… mais pour l’instant c’est plutôt le cauchemar ! Alors… on y pense ? on réfléchit ? On ose ?

    Mais pendant ce temps … quid de ceux qui n’ont justement pas le temps d’attendre ????

    Muncerus

    • Gardons le sens des réalités la construction du comité antilibérale cela regroupe quoi ?? Eh bien, en fait, pas grand chose (4000 à 6000 personnes si on retire les adhérents du PCF) - Et pourquoi voulez-vous que je m’embarque dans une aventure de reconstruction reposant sur un tel chateau de sable ??? Et qui a en plus le défaut majeur d’être de fait une conctrustion d’états majors aux mains d’une élite parisienne auto-proclamée - Se rassembler CONTRE comme le 29 Mai c’est simple se rassembler POUR c’est un processus forcément long et complex. En fait cette élite se croit autorisée de parler pour et à la place des autres - Rien ne se fera sur la base de la construction de cartel -Mars en Gironde c’est un adhérent !!!!!! Bernard Trannoy PCF Gironde

    • Salut Bernard, comment ça va ?
      Gabriel Massou

  • Je partage bien des points de vues exprimés plus haut... il y aura peut être besoin pour certains de se confederer comme le dit eric Coquerel car a vrai dire je ne sais même pas à quoi ressemble un Martien ;
    j’aurai aimé qu’il developpe lorsqu’il dit que le PCF n’est pas le seul responsable... les attendus de son propos m’interessent.
    mais en dernier lieu il ne donne pas d’indication sur ses intentions de vote......
    Pour moi c’est sur devant tant de vent, de postures parisianistes, d’incoherence je voterai pour la seule qui s’est comporté dignement et en coh&érence Marie George Buffet