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Confiance de classe

Publie le mardi 1er décembre 2009 par Open-Publishing

Les salariés perdent confiance dans leur employeur

La situation se dégrade encore plus dans le public que le privé, révèle un sondage pour le quotidien Les Échos, qui dresse un sombre portrait des relations que les travailleurs entretiennent avec leur patron.

Perdants.
Plus qu’une brouille, une cassure, un désamour. Une forte majorité de salariés ont perdu confiance dans leur employeur. C’est la principale leçon d’un sondage publié hier par le quotidien Les Échos (1). Non pas qu’on n’aime pas son travail. Mais avant, on « aimait » sa boîte. Maintenant, elle nous déçoit. Entre ce que les salariés estiment apporter à leur entreprise et ce qu’ils reçoivent en retour, 59 % se trouvent « perdants », c’est dire. Pire : dans ces rapports tendus, 64 % des salariés estiment que « dans certains cas, il est normal d’avoir recours à la force pour faire valoir ses revendications »... Ambiance.

Fonctionnaires désenchantés.
La rupture est plus marquée encore dans le public que dans le privé. Seuls 29,6 % des agents ont confiance dans les dirigeants de leur entreprise, contre 42,7 % de salariés du privé. L’administration n’apparaît plus comme une bonne fée bienveillante et protectrice pour ses fonctionnaires : seuls 12 % des agents estiment avoir une relation de qualité avec leur administration et un agent sur trois craint pour son emploi ! La réforme de l’État (mobilité, réorganisation, réduction d’effectif) a alimenté ce désenchantement.

Trop de stress ? Non. On en parle beaucoup, mais non, ce n’est pas le principal sujet de préoccupation des salariés ! Ils sont même 52 % des salariés à s’épanouir dans leur travail. Mais attention, pas satisfaits pour autant : une majorité n’a pas de perspective d’évolution (69 %), ne trouve pas sa rémunération satisfaisante (66 %), n’estime pas ses efforts et compétences reconnus (53 %).

Pour le sociologue Michel Lallement, qui s’exprime dans Les Échos, ce qui est en cause, profondément, c’est l’évolution du visage de l’entreprise, son mode d’organisation. Place de la finance, durcissement des conditions de travail (flexibilité, management autoritaire, injonctions contradictoires, etc.). Des phénomènes nés à partir des années 1980, et accentués par la crise. Logique, dans ces circonstances, que le malaise soit moins palpable dans les petites entreprises : on s’y plaît, le dialogue est plus direct.

La « reconnaissance sociale » est fondamentale, dit le sociologue, et pas seulement en terme de salaire. « Les salariés manquent cruellement de petits gestes simples au quotidien, des félicitations, des encouragements, explique Michel Lallement [...] Aujourd’hui, la manière dont l’entreprise apporte de la reconnaissance est encore très manipulatrice. Par exemple, quand on désigne l’employé du mois, on met en réalité les gens en concurrence. »

(1) Sondage TNS Sofres-Altedia, 14 au 23 octobre, auprès de 1 005 salariés du privé et du public.

 Ouest France du mardi 01 décembre 2009