Accueil > Contribution de la LCR pour la réunion des collectifs des 9 et 10 décembre

Contribution de la LCR pour la réunion des collectifs des 9 et 10 décembre

Publie le vendredi 8 décembre 2006 par Open-Publishing
22 commentaires

L’unité exige
démocratie et clarté politique

Selon les dirigeants du PCF, les trois étages de la
fusée antilibérale seraient sur le point de s’assembler.
Celui de la stratégie - le rassemblement des antilibéraux
sur une base de rupture avec le social-libéralisme
 fut monté le 10 septembre, celui du
programme le 15 octobre. Rendez-vous
aujourd’hui pour l’étage final, celui de la candidature.
Dans une lettre adressée aux collectifs, le 6
décembre, Marie-George Buffet a décrit le scénario
tel qu’elle le concevait pour cette troisième phase
et a distribué les rôles dans son organigramme de
campagne.
Bien des militants sont irrités de voir ainsi la
direction du PCF donner leur feuille de route aux
collectifs.

Le mouvement a désormais deux visages, celui
des meetings et celui des coulisses. Les meetings
qui se suivent, du Mans à Montpellier, témoignent
de la vitalité de l’aspiration unitaire, née dans la
campagne référendaire. Des meetings où l’on affiche
une volonté unitaire sans faille, où l’on appelle,
même de la tribune, Olivier Besancenot ou Jean-
Luc Mélenchon à rejoindre de plein pied le mouvement.
Mais dans les coulisses, la réalité est moins
reluisante : la bataille a fait rage entre les partisans
de telles ou telles candidatures. Pour les uns, il
s’agirait de désigner Marie-George Buffet parce
qu’elle est la plus connue, qu’elle est une « femme
d’Etat » et qu’elle émane de la principale force
engagée. Pour les autres, il faudrait à tout prix éviter
cette candidate car elle marquerait trop du sceau du
PCF le rassemblement unitaire. Comme la méthode
de désignation du candidat n’a pas été réglée
consensuellement, les accusations de manipulation
se sont multipliées à l’encontre du PCF. Le climat
est tendu dans les collectifs locaux. Ces remous ont
provoqué le départ de Raoul-Marc Jennar et de
José Bové.

Ces tensions s’expriment sur la place publique
sans qu’aucune des composantes des collectifs ne
leur donne un contenu politique de fond.
Faute de n’avoir pas pris en compte le débat
posé par la LCR, et par d’autres, sur la question des
rapports avec le PS, le 10 septembre ; faute d’avoir
longtemps fait croire qu’il n’y avait pas de divergence
majeure au sein du mouvement du 29 mai,
notamment entre le PCF et la LCR, on a préparé un
autre type d’affrontement, celui sur le nom du
candidat à la présidentielle.

José Bové dans la lettre qui annonce son retrait,
Michel Onfray, dans une tribune à Libération, ou
des dizaines de militants des collectifs unitaires
disent qu’il n’y aurait pas de désaccord sur la question
des rapports avec la direction du PS ; que ce qui
nous rassemble sur le fond serait supérieur à ce qui
nous sépare. Bien sûr qu’il existe de nombreux
points d’accord entre les forces qui se sont retrouvées
pour mener la campagne du « non » de gauche et
que ce n’est pas rien. Bien sûr que le programme
adopté le 15 octobre formule bien des exigences
que nous partageons, bien que nous aurions
souhaité plus de netteté sur le Smic à 1500 Û net
(et pas brut), l’exigence de la rupture immédiate
avec l’OTAN, de la sortie du nucléaire, de l’adoption
du droit de vote de tous les résidents étrangers à
toutes les élections, ou l’affirmation que le changement
de société ne procèdera pas des élections, mais de
mobilisations sociales d’une ampleur inégalée.
Mais le désaccord essentiel se concentre sur les
rapports avec la direction du PS. Et ce désaccord-là
n’est pas virtuel, prétendu ou feint. Il est bien réel
et la direction du PCF l’a reconnu à de multiples
reprises, dans les déclarations de sa secrétaire
nationale, dans les textes adoptés par ses dirigeants
ou dans les colonnes de l’Humanité. Pierre
Laurent, dans l’Huma hebdo (numéro du 30 nov au
6 déc) a raison de résumer ainsi la divergence :
« Pour les uns, le PS est plus que jamais irrécupérable,
le refus de gouverner, voire de constituer une
majorité parlementaire avec lui doit devenir
l’engagement solennel de la campagne qui
s’engage. (....). Pour les autres, qui ne mésestiment
pas le tournant constitué par la désignation de
Ségolène Royal, la situation créée plaide au
contraire pour un appel plus large que jamais au
rassemblement. »

Si nous ne sommes pas d’accord pour soutenir la
candidature de Marie-George Buffet, ce n’est pas
simplement parce qu’elle est la secrétaire nationale
du PCF. C’est aussi parce que nous sommes en
désaccord avec l’orientation qu’elle défend. Une
orientation qui a déjà conduit son parti à gouverner
avec le PS, pour le résultat que l’on connaît. Et qui
s’appuie sur la gestion, en commun, de centaines
de collectivités locales, municipalités, départements
ou régions, avec le Parti socialiste.

Nous disons les choses simplement : nous ne
voulons pas gouverner avec l’équipe de Ségolène
Royal. Nous ne voulons pas participer à sa majorité
parlementaire. Nous ne voulons pas voter son budget.
Pourquoi ? Pas par sectarisme, car nous partageons
bien des aspirations à la transformation avec de
nombreux militants, sympathisants et électeurs
socialistes. Mais, tout simplement, parce que le
programme qui est le sien, celui du Parti socialiste,
est incompatible avec le nôtre. Il n’y a pas de plus
petit dénominateur commun entre ces deux programmes.

Le PCF veut réunir « les deux gauches »,
la gauche gouvernementale et sociale libérale et la
gauche radicale : nous maintenons que cela n’est
pas possible. Et pas de faux débat, nous souhaitons,
nous aussi, la défaite de cette droite particulièrement
réactionnaire. Mais le débat porte sur le programme
et les conditions d’application d’une politique anticapitaliste.
Il est illusoire de penser faire basculer le
PS dans le camp antilibéral, il s’est pleinement
adapté à la mondialsiation capitaliste.
Dès lors, quel sens politique cela a-t-il de vouloir
allier à la tribune des meetings pour la présidentielle
Jean-Luc Mélenchon qui prône l’union des
gauches au pouvoir et Olivier Besancenot qui la
rejette ? Ces deux politiques sont incompatibles
électoralement, tout simplement parce qu’elles sont
contradictoires politiquement.

Loin d’être mineure, cette divergence est essentielle
mais nous nous refusons à hypothéquer l’avenir.
Nous disons cela animés d’un esprit unitaire,
solidaire et démocratique. Les divergences n’ont
pas été surmontées, il nous faut les assumer et prendre
nos responsabilités. Cela veut dire aussi que nous
souhaitons préserver les liens militants qui se sont
tissés entre nous, continuer le débat à la lumière des
expériences que nous allons vivre, ensemble, dans
les luttes sociales et politiques.

Ne pas hypothéquer l’avenir, cela veut dire
continuer de faire vivre l’unité dans les résistances
et les mobilisations, continuer de faire vivre un
front social et politique contre la politique du gouvernement
Villepin aujourd’hui et, demain, après les
élections, pour continuer de porter les exigences
sociales et démocratiques du monde du travail.
Alors, l’union, oui, mais l’union dans la clarté.
Car c’est la condition d’un rassemblement anticapitaliste
durable qui lui reste plus que jamais à
l’ordre du jour au-delà de l’horizon de la présidentielle
de 2007.

La délégation de la LCR au collectif national :
Anne Leclerc, Frédéric Borras, Yvan Lemaître,
Léon Crémieux, Pierre-François Grond

Messages

  • ce qui est dommage c’est que tous unis, PC, LCR, Vert, collectifs, etc..., c’est le PS qui aurait voté pour nous au second tour.

    j’ai lu je ne sais plus ou que sarko+sego rassemblaient 28% à eux 2...

  • Je ne comprends même pas pourquoi ils gâchent encore du papier, du temps à nous expliquer qu’ils ne reviendront pas...
    Yves Salesse, Marie-George Buffet, Clémentine Autain ont été très clairs, il n’y aura pas de gouvernement avec le PS ! Il n’est de pire sourd que celui qui ne veut entendre.

    Le dessein de la LCR est tout autre, ils veulent faire mieux que le rassemblement antilibéral pour des raisons de boutiques. POINT FINAL. Le reste n’est que du blabla politicien.

    Le scénario ce sont des hommes et des femmes qui vont tenter de se mettre d’accord, la lettre de Marie-George Buffet, c’est une proposition où il y a trois candidats à égalité.
    On joue la gagne tandis que la LCR joue le pourrissement, tout en pleurnichant les parrainages jusqu’à la droite, c’est un bon calcul car il n’y a bien que la droite qui ait intérêt à une candidature besancenot. Quand la LCR aura des élus, elle pourra toujours rendre la pareil à la droite pour l’aider à se présenter "au nom de la démocratie".

    Je ne comprends pas pourquoi personne ne dénonce ces pratiques d’un autre temps.

    • la logigue de la lcr qui apparamment ne sait pas lire nos textes
      ou fait comme si elle ne les avait pas, eux qui dénonçaient le
      ségo-show et le sarko-show sont entré dans le star système avec
      besancenot que l’on voit omniprésent dans les médias.
      ça veut tout dire.

      Jean Claude

    • Je suis en désaccord avec la LCR et sa tactique de pourrissement (s’ils voulaient appuyer leur candidat depuis le début, ils ne s’y prendraient pas autrement qu’en torpillant discrètement toute tentative unitaire, passage en force du PCF ou pas), mais sur un point précis (bien appuyé ici) ils ont raison : concernant le PS le PCF prend les anti-libéraux pour des imbéciles. Vu leur passif et les echos qu’on peut avoir des verts (rigolade générale quand MGB s’engage verbalement à la rupture avec le PS), qui connaissent de près les loustics pour avoir participé avec eux au gouvernement Jospin, on est en droit d’exiger autre chose que des promesses orales. Pourquoi le PCF fait-il la sourde oreille à cette demande bien précise ?

      Toutefois je jugerai le PCF sur ses actes et si après la présidentielle ils coupent effectivement tous les ponts avec le PS, même après un résultat minable, et quitte à perdre leur groupe parlementaire, LA ça voudrait dire qu’ENFIN le PCF n’est plus dirigé par un appareil préhistorique prêt aux pires trahisons pour garder ses miettes de pouvoir et du coup je m’en rapprocherais immédiatement. Mais franchement ce serait pas loin de la surprise de ma vie.

      Et aux militants PCF ici qui croient sincèrement que les engagements oraux sont solides, qu’ils s’engagent sur leur honneur à brûler leur carte d’adhérent si le parti retourne sa veste par la suite, par exemple en nouant des accords électoraux pour les législatives.

    • La LCR fait moins la fine bouche quand il s’agit de se présenter avec le parrainage d’une majorité de maires socialistes . Ils ne sont pas génés et voudraient des leçons de dignité !!!

  • CETTE DIVERGENCE EST D’AUTANT PLUS ESSENTIELLE POUR LA LCR QU’IL LUI FAUT UN PRETEXTE POUR REFUSER L’UNION.
    LA CLARTE POUR TOUS CEUX QUI ESPERENT, C’EST QUE TOUS LES COURANTS ANTI LIBERAUX S’UNISSENT SUR UN CANDIDAT.
    CELA NE SEMBLE PAS ETRE CLAIR POUR LA LCR

    DOMAGE POUR TOUS CEUX QUI VOUDRAIENT QUE CA CHANGE

  • Faudrait plutôt parler de la fusée à 3 etages de la LCR (majo)...

    1er étage : surenchère et candidature de Besancenot.
    2e etage : Participation active à la tentative d’exclusion de MGB candidate à la candidature.

    Et maintenant le 3e :
    Tentative d’exclusion de Mélenchon et des socialistes du NON, ne se reconnaissant pas dans la candidature Royal...

    Et malgré leur refus de participer à l’ AU, les 4 représentants de la direction LCR continuent à sieger au collectif national et continuent à vouloir nous donner des lecons d’unité.

    Alors BASTA ! J’espère que demain, ils auront la décence de ne pas se présenter à la réunion nationale !

    • C’est incroyable d’affirmer qu’il n’y pas de divergence : quelques phrases qui sont sans réponse

      ....Une orientation qui a déjà conduit son parti à gouverner avec le PS, pour le résultat que l’on connaît. Et qui s’appuie sur la gestion, en commun, de centaines de collectivités locales, municipalités, départements ou régions, avec le Parti socialiste.....

      ...Le PCF veut réunir « les deux gauches », la gauche gouvernementale et sociale libérale et la gauche radicale : nous maintenons que cela n’est pas possible.... (texte de MGB)

      Je pense que la solidarité de gestion avec le PS est claire dans les régions, conseils généraux et villes (On ne reviendra sur le gvt de privatisation PS-PC-Verts de 1997 et l’attitude des députés PC dans une assemblée nationale à majorité "plurielle")

      Il y a bien divergence sur ce sujet entre le PCF et la LCR sinon pourquoi ne pas avoir accepté les amendements de la LCR dans le texte ambition-stratégie sur le refus de toute alliance ultérieure avec le PS, au lendemain des présidentielles pour les circoncriptions laissées au PCF par le PS ?? si on ne veut pas d’écrit sur le sujet............ c’est qu’on trahira une fois de plus après !

    • ex du pc,militant sud,membre des collectifs du 29 mai je trouve le programme un peu léger,surtrout contre les banques ,assurances et multinationales,mais c’est un début je pense m^me si le smic à 1500 euros brut me laisse sur ma faim je veus 1500 nets.
      J’ai subi de plein fouet la politique de la gauche plurielle avec le pc au gouvrenement avce la privatisation des services publics,l’application des mesures balladur contre les retraites du privé.
      aussi c’est une expérience douloureuse que s’appuie ma méfiance vis à vis du pc.
      Il gere une palanquée de municipalités avec le ps !!!
      Et qu’ai je à reprocher à la lcr ????
      Rien !
      Je prefererais qu’elle rejoigne les comités car son apport serait interressant ;mais si dimanche c’est MGB qui est désignée je fais la campagne de Besancenot.
      Car dans la pratique reélle de la lcr le souci des travailleurs passe avant l’appareil et ses positions ,ce qui n’est pas le cas au pc (je sais de quoi je parle:12000élus ça pése).
      Ce sera une deception,mais moins dur que d’avoir voter contre les privatisations en 1997 et 15 jours apres apprendre que jospin et ses ministres pc entamment une longue série de rpivatisation par ma boite France télécom.
      Ne demandez pas à un travailleur de FT de votre MGB,il se sont pas maso !!!

    • L’Unité oui, mais pour quoi faire ?

      * Si c’est pour, après négociation, apporter son soutien au PS : votez buffet (5 ans de participation au gouvernement jospin qui privatisait à tour de bras...).

      * Si c’est pour un vrai changement de politique, s’en prenant à la logique du capitalisme, pouvant changer les choses : alors la position de la LCR est juste.

      C’est aussi simple que ça : un choix à faire entre deux possibilités politiques très différentes.

    • Malheureusement, ne te fais pas trop d’illusions, sans être aussi archaïques qu’au PCF ou à LO les logiques d’appareil fonctionnent aussi à plein à la LCR. Si la LCR n’a pas trahi c’est d’abord parce qu’elle n’a pas eu le pouvoir, mais je suis persuadé que si ça arrive ça les pervertira aussi sûrement que le PC dans les années 80-90. Le seul parti qui soit satisfaisant à ce niveau, en fait, ce sont les verts. Ca fait un beau bordel à chaque université d’été, ça accouche de positions bien molles (et là vraiment je suis pas méchant), mais le mode de fonctionnement est sain (même si pour quiconque fasciné par l’ "ordre", c’est vraiment "n’importe quoi").
      Personnellement, je te conseillerais de te tourner vers les collectifs et les associations, surtout les anarchistes, eux savent où ils veulent aller et ils y vont sans avoir besoin de se désigner un "chef" (même si quand on parle "clans", ils ont aussi historiquement leurs petites guéguerres stupides... mais à ce niveau là tout le monde s’en fout)

    • Effectivement c’est l’exemple du PCF, qui je l’espère permettra à la LCR de ne pas connaître les mêmes dérives sinon aucun problème si le point mentionné (incontournable) le refus de tout accord avec le PS était inscrit dans le texte .........et dans la réalité, alors la LCR serait dans l’AU ou ses militants seraient au PCF. Sans remonter loin dans le temps, l’expérience du gvt jospin avec ses ministres PCF est là pour nous montrer que le PCF n’a tiré aucun enseignement des sa participation gouvernementale avec Mitterrand, alors 2 fois la même pratique ce n’est pas une erreur c’est une ligne politique. Et c’est bien pour ça que la direction du PCF ne veut pas que celà soit inscrit dans le texte

    • INTERESSANTS A RELIRE ! LES 2 ARTICLES QUI SUIVENT...
      POUR MIEUX COMPRENDRE COMMENT UN JOUR FUTUR L’ANGELOT BESANCENOT FINIRA CADRE NATIONAL DU PS A L’INSTAR DE JOSPIN, DRAY, CAMBADELIS, WEBER ET COMBIEN D’AUTRES...
      En mendiant aujourd’hui ses 500 signatures au PS, il dévoile déjà sans vergogne et sans fard son allégeance à son futur Parti. Aussi, quand il exige du PCF de la clarté pour ses alliances futures, il ferait mieux de balayer devant sa porte.
      En fait, c’est lui, par son chantage et double discours qui menace réellement l’émergence et la victoire au premier tour d’une candidature anti-libérale. En cela, il sert bien le PS ( préposé ) et surtout la Sarkolène... peut-être un maroquin en vue pour le facteur !!!!!!!!! Un secrétariat d’Etat à la révolution DURABLE ou à la phraséologie PARTICIPATIVE...

      ****************************************************************************
      lu sur socdem.blog.lemonde, blog des amis de DSK
      ****************************************************************************
      DU BON USAGE DES EX...

      Le Monde de cette semaine a publié un portrait de Sophie Bouchet Petersen, la conseillère principale de Ségolène Royal en titrant "du trotskisme au royalisme" ou un truc du genre.

      Dans un article du Figaro paru en 2002, Pascale Sauvage avait enquêté et dressé un tableau passionnant.

      "Venus de la LCR, de l’OCI, parfois de LO, ils sont représentés dans tous les courants. Rue de Solférino, chaque écurie a son ancien trotskiste...

      Ils ne sont jamais très loin de leur chef d’écurie. Au Parti socialiste, chaque leader, ou presque, s’est attaché les services d’un ancien « gauchiste ». Le terme est suffisamment large pour rassembler des personnalités issues de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ou de l’OCI (Organisation communiste internationaliste). Voire de Lutte ouvrière (LO), même si la formation trotskiste d’Arlette Laguiller compte peu de « transfuges » au sein du PS, la seule personnalité notable étant le député du Nord Bernard Roman, bras droit de Pierre Mauroy à Lille.
      Ces rapprochements entre militants issus de l’extrême gauche et leaders socialistes ne sont pas nouveaux, rappelle Jean-Christophe Cambadélis, passé de l’OCI au PS en 1986. Léon Blum lui-même s’était appuyé sur le meneur de la « gauche révolutionnaire », Marceau Pivert, pour accéder au pouvoir en 1936, avant de lui offrir une place de premier plan au secrétariat général du gouvernement, l’équivalent du cabinet du premier ministre d’aujourd’hui.

      L’arrivée au pouvoir de François Mitterrand a accéléré le mouvement d’intégration des trotskistes, maoïstes et révolutionnaires de tout poil dans les rouages de la machine socialiste. « Il avait très bien compris qu’il n’y avait rien à redouter de l’entrisme des trotskistes au PS », estiment Jean-Christophe Cambadélis et Henri Weber, fondateur dans les années 60 de la LCR. Ainsi, François Mitterrand, qui n’ignorait rien des engagements de Lionel Jospin dans l’OCI, n’a-t-il pas hésité à en faire son bras armé contre Michel Rocard. En toute connaissance de cause évidemment.

      « Ceux qui rompent avec le trotskisme le font parce qu’ils sont convaincus que celui-ci mène à une impasse totale. Quand ils l’ont compris, ils se dirigent naturellement vers la social-démocratie avec l’intention de la fertiliser. Les « gauchistes » sont foncièrement anti-staliniens, donc anti-communistes », analyse Henri Weber, aujourd’hui sénateur et fabiusien du premier cercle. La double appartenance, récemment confirmée, de Lionel Jospin à l’OCI lambertiste et au PS mitterrandien est une exception. Les autres « gauchistes » du PS ont effectué leur conversion à ciel ouvert.

      « Quand on rentre au PS, c’est pour constituer un courant ou pour compléter une majorité », affirme Jean-Christophe Cambadélis, sollicité par Mitterrand pour conforter Lionel Jospin au sein du PS au moment de l’affrontement Jospin-Fabius. C’est donc par strates successives, au gré des opportunités politiques rencontrées par le PS, que Jean-Luc Mélenchon, le premier, suivi par Julien Dray, enfin par Henri Weber et Jean-Christophe Cambadélis, sont entrés au PS. Avec les troupes d’adhérents des syndicats étudiants qu’ils dirigeaient. « La démarche de Weber est plus personnelle. Il en avait fini avec tout ça et son cheminement l’a conduit vers le PS », précise Julien Dray, qui revendique, pour lui comme pour son aîné dans le syndicalisme étudiant, Jean-Luc Mélenchon, « une analyse purement stratégique ».

      « Le pari de Mélenchon et de Dray a longtemps été de tirer le socialisme tout entier vers la gauche. Je suis passé pour ma part directement du trotskisme au réformisme », affirme Henri Weber. « Quand on vient de l’extrême gauche, on sait que tous les sociaux-démocrates se ressemblent, puisqu’ils ont choisi le réformisme. Dans mon cas, fondateur de la LCR et ayant de ce fait une dent contre l’OCI, je ne pouvais pas me ranger derrière Jospin. J’ai donc choisi Laurent Fabius », explique-t-il. De fait, il n’y a pas aujourd’hui d’affinités particulières entre les anciens trotskistes. Henri Weber est avec Fabius. Julien Dray, ancien de la Gauche socialiste (GS), un temps proche de François Hollande, fait équipe avec Arnaud Montebourg. Son ancien compère de la GS, Jean-Luc Mélenchon, reste dans une logique de rapport de force avec « l’axe majoritaire » du PS et se retrouve aux côtés d’Henri Emmanuelli contre François Hollande. Jean-Christophe Cambadélis a choisi Dominique Strauss-Kahn, héritier le plus évident du jospinisme de la période 1997-2002. François Rebsamen, qui garde de son passage à la LCR des talents d’organisateur, est le bras armé de François Hollande rue de Solferino, où il est secrétaire national aux fédérations, poste stratégique dans la perspective du congrès de Dijon. Enfin, Henri Emmanuelli a confié son fief de la fédération PS des Landes à un ancien lambertiste, Stéphane Delpeyrat.

      Les anciens trotskistes, formés à la rhétorique révolutionnaire et à l’animation de mouvements sociaux (beaucoup ont été à la pointe de mai 68), font apparemment preuve de qualités prisées par les socialistes. Jean-Christophe Cambadélis leur trouve des traits communs qu’il résume ainsi : un goût évident pour la conceptualisation (lui-même a théorisé la gauche plurielle pour le compte de Lionel Jospin) ; une grande capacité organisationnelle (« Quand on nous confie l’organisation de quelque chose, ça fonctionne ») ; une inclination naturelle à « instrumentaliser », c’est-à-dire à faire d’une idée et d’une personne le fondement d’un clivage politique. Une petite phrase de Mélenchon, et Hollande devient la tête de turc du PS. Une tribune de Weber dans la presse devient l’argumentaire du PS. Une saillie de Cambadélis et le PS est sommé de choisir entre réformisme et radicalité. Dray parle de « refondation » du PS et voilà que Montebourg et ses amis incarnent les « rénovateurs ». « Nous avons appris de notre jeunesse qu’une situation politique se crée », résume Cambadélis, qui revendique « la dimension obsessionnelle de la militance » commune aux ex-trotskistes, anciens chefs de troupes étudiantes ou syndicales. Ni Fabius, ni DSK, ni Emmanuelli, ni Hollande n’assistent dans leur intégralité aux longs conseils nationaux du PS, pour cause d’agendas surchargés. Weber, Cambadélis, Mélenchon et Rebsamen, si. Leur histoire leur a appris à tout observer avec minutie, à détecter dans une confidence ou un regard la stratégie ou les mouvements tactiques des uns et des autres. S’ils n’existaient pas, les sociaux-démocrates auraient sans doute dû les inventer. « Finalement, au bureau national du PS, il y a les énarques et les anciens d’extrême gauche », ironise Jean-Christophe Cambadélis. Un seul fut les deux à la fois, c’était Lionel Jospin."

      Historiquement, dans les années 50 ou 60, quand on entre en politique, à gauche, face à un parti communiste stalinien et un parti socialiste impopulaire, ambigu sur la question coloniale, un jeune, en quête de radicalité choisit alors cette curieuse famille politique. Le trotskisme fut une autre manière d’être communiste, en en condamnant les crimes... Aujourd’hui, les choses ont changé. La Chute du mur a emporté le stalinisme et de fait, même s’il s’obstine à exister, le trotskisme doit "trouver les raisons de sa propre existence". Il reste que ce fut une excellente école de formation.

      S’agissant des idées, eh bien, la seule qui vaille c’est celle de l’unité de la gauche. Mais les socialistes y sont plus fidèles que leur bouillants camarades de la IVe Internationale...

      Tout l’enjeu idéologique de la gauche réformiste est de s’assumer telle qu’elle sans rougir, si on peut dire devant les doigts vengeurs du facteur...
      12 mai 2006

      *****************************************************************************
      lu dans le MONDE du Jeudi 11 MAI 2006 article d’Isabelle Mandraud
      *****************************************************************************
      SOPHIE BOUCHET-PETERSEN DU TROTSKISME A SEGOLENE ROYAL
      Tête chercheuse politique, rabatteuse d’intellectuels, trotskiste convertie à la réforme, féministe à la gouaille peu commune, irrésistiblement sympathique.
      Voici Sophie Bouchet-Petersen, la conseillère spéciale de Ségolène Royal.
      Plus spéciale que conseillère, étant entendu, dit-elle, que "les conseillers autoproclamés c’est une race haïssable". Elle préfère se présenter comme celle qui "donne des billes à une vraie patronne". Et précise : "Ce que je kiffe dans ma vie, c’est que les choses auxquelles je crois avancent." Au service des autres, toujours. Et de Mme Royal en particulier, qui lui interdit de dire des "gros mots".
      Dans l’ombre de la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, Mme Bouchet-Petersen, 57 ans, s’investit sans retenue pour imposer la candidate à l’investiture du PS, "seule chance pour la gauche de battre Sarko". Elle engloutit, comme à son habitude, des kilos de livres pour comprendre la société française, noircit des notes pour les discours, met son expérience en pratique. Le budget participatif des lycées, mis en place dans le laboratoire poitevin de Mme Royal, c’est son oeuvre, rapportée d’un voyage en 2001 à Porto Alegre, royaume altermondialiste. "J’ai toujours marché sur deux pattes, j’aime le terrain et j’aime le pouvoir qui permet de transformer les choses. Au début, je pensais être tiraillée par une contradiction, aujourd’hui je me dis qu’avec "Ségo", je recolle les morceaux."
      Il faut assembler le puzzle. Et quel puzzle ! Au départ, une petite fille passionnée de latin et de grec, bien née dans une famille catholique et gaulliste. Le père, mi-pied noir, mi-danois, est chef de grande entreprise ; la mère, italo-provençale, autorise Sartre et Camus alors que le reste de la famille subit l’influence de l’OAS. De ses parents, Sophie Petersen extrait des "valeurs" : "le courage, la grandeur de la France, une certaine forme de modernité". Il ne manque personne pour lui rappeler ses origines bourgeoises, pas même Ségolène Royal, qui lui envoie, un jour de discussion du budget régional, un cuisant : "Tu ne sais pas ce que c’est d’être à 2 ou 3 francs près !"
      A 16 ans et demi, en 1966, Sophie Petersen traverse le 16e arrondissement pour s’inscrire à la fac de Nanterre et longe des bidonvilles avec le sentiment qu’"on ne (lui) a pas tout dit". Elle découvre l’extrême gauche. "Fallait alors vraiment avoir la vue basse pour ne pas tomber dans ce bouillonnement." Mais rejette les maos et les lambertos de l’OCI - dont fit partie Lionel Jospin. Trente minutes d’AG coincée sur un banc d’amphi entre deux de ses leaders, dont le futur producteur Jacques Kirsner, alias Charles Berg, l’ont convaincue "de leur machisme et de leur dogmatisme". "Ces gars-là m’ont parlé de leurs mensurations sexuelles. Je l’ai vécu comme une violence sur le dos d’une petite oie." Il lui en reste quelque chose : "Je me marre aujourd’hui quand j’observe au PS des réflexes lambertistes récurrents. Ce sont des cultures dogmatiques d’appareil et de manipulation d’appareil."
      Ce sera donc, entraînée par Daniel Bensaïd, la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), ancêtre de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), pour son "ouverture au monde, son rapport à l’histoire et en même temps sa modernité". Mme Bouchet-Petersen s’engage à fond sous le pseudonyme de Sarah, se lie d’amitié avec la future sociologue Nicole Lapierre et entre à Rouge, la publication de la LCR, comme claviste.
      Membre de la cellule Renault-Billancourt, elle passe cinq ans à distribuer le quotidien trotskiste, à l’aube, aux portes de l’usine. Elle entre au comité central de l’organisation, dont Alain Krivine est le porte-parole, et qu’elle quittera en 1978, après y avoir passé onze ans. Durant cette période, elle se marie avec Dominique BOUCHET, le maquettiste du journal, alors que sa génération envoie promener le rituel bourgeois. "C’était la seule façon de l’imposer à ma famille", justifie-t-elle. Le couple vit en communauté avec Denis Pingaud, journaliste à Rouge, et sa compagne dans une maison de Vincennes. Les enfants naissent. Des jumeaux, Jonathan et Rebecca, pour les Bouchet-Petersen.
      Puis tous s’éloignent de la LCR d’un même mouvement, sur la pointe des pieds. Aujourd’hui directeur de stratégie chez Euro-RSCG, M. Pingaud conseille Laurent Fabius. "Pour les ex de la LCR, la dégénérescence s’arrête au PS", éclate de rire son amie, qui a pris sa carte en 1993. "Personne ne peut la détester, s’amuse M. Pingaud. C’est une fille entière, qui possède une très forte intelligence de la société. Nous avons eu des débats sur le voile. Elle était contre la loi, sans angélisme. C’est la première qui m’a aidé à penser au voile comme revendication d’identité."
      Mme Bouchet-Petersen a pourtant toujours été féministe. A partir de 1974, elle est de toutes les manifs. Elle envahit L’Express pour protester contre sa couverture sur le film Histoire d’O et barbouille de rouge à lèvres le bureau de Jean-Jacques Servan-Schreiber, un fouet à la main. "Jubilatoire !"
      C’est dans l’armée des conseillers de François Mitterrand qu’elle rencontre "Ségo" en 1983. Recrutée pour s’occuper des PME en difficulté, elle fait partie du comité de restructuration industrielle piloté par Alain Boublil, futur directeur du cabinet de Pierre Bérégovoy et qui sera condamné dans l’affaire Pechiney. "Je n’ai pas eu à m’en plaindre. Je n’ai aucune raison de cracher dans la soupe", dit-elle. En 1988, elle devient conseillère culturelle du président - "un grand bonhomme".
      Juste avant 1993, elle est recasée au Conseil d’Etat. Elle n’y reste pas deux ans, se lance dans une nouvelle aventure, l’association Droit de cité, chargée d’animer des réseaux de quartier. Cinq ans à sillonner les banlieues dans un bus, des nuits passées dans les dortoirs de LEP ou les hôtels Formule 1. Son couple n’y survit pas. Les résultats de l’association sont mitigés. Et c’est fauchée qu’elle atterrit en 1999 au cabinet de Mme Royal, alors ministre de l’enseignement scolaire, puis ministre déléguée à la famille et à l’enfance. Elle combat "les ancêtres du déclinisme et les apôtres du tout-fout-le-camp" pour fonder "une politique de gauche de la famille". Se dit "fière" des luttes contre le bizutage et de l’institution de la journée de préparation à la défense "pour les filles aussi".
      Entre les deux femmes, "pas de désaccord", même si elles appréhendent "les problèmes par des rampes différentes".
      Puis elle s’en va encore voir ailleurs, au ministère de l’outre-mer. Axel Urgin, directeur du cabinet de Christian Paul, qui ne l’avait pas choisie, se souvient de l’avoir très mal accueillie. "Un soir, je lui balance : "Jospin va à la Réunion, je veux un discours demain à huit heures"." A l’heure dite, il trouve "Sophie étendue les bras en croix sur la moquette". Le discours est prêt. "C’était tout simplement brillantissime, tellement que les technos de Matignon l’ont transformé en jargon."
      Ce talent, elle l’emploie depuis deux ans à conseiller Mme Royal, d’abord au conseil régional Poitou-Charentes, puis dans son équipe de campagne, où elle a participé au lancement de son site Internet Désirs d’avenir. "Je suis faite pour servir."

      ****************************************************************************

    • 83***153 nous dit:le PCF gére une palanquée de municipalité avec le PS et tout de suite aprés qu’ai-je à reprocher à la LCR rien.
      C’est vrai on ne peu rien reprocher à une organisation qui ne se mouille nul part !Parce que que font les élus PC ?ils tirent dans le dos des salariés ?ou ils essaient d’alleger la soufrance des gens les plus fragiles ?
      C’est quand même incroyable ça on félicite celui qui ne fait rien.Pour la LCR la pauvreté,la soufrance des gens au travail,le chomage ne sont que des arguments de campagne,médiatique de préférence et quand on a dans son comité de soutien ockrent,duhamel et quelques autres peut on se permettre de donner des leçons ?
      Jean Claude des Landes

    • Salut, ta boite est aussi la mienne. La privatisation de FT a été votée par tous les groupes sauf un : Le groupe PCF ! C’est pour cela, entre autre, que je voterais sans aucun problème pour MGB, ou pour n’importe quel autre candidat de l’AU !

      CN-46400

  • Texte très instructif avec un seul défaut : il faudrait achever le changement de nom de la LCR pour ne plus garder que le mot "ligue". Parce que pour la révolution et le communisme, ce n’est pas à l’ordre du jour !
    pour la ligue, tout le parti socialiste, tous ses élus, tout son électorat sont iirrémédiablement des sociaux libéraux donc, y a plus rien à faire ! On les laisse faire leurs petites affaires avec la droite au parlement comme ils le font déjà au parlement européens, on les laisse gérer peinard les communes, les départements.... Et, comme LO, on attend le grand soir de la constitution du grand parti de la classe ouvrière... Arlette l’a promis en 74 puis en 81 puis en 88 puis en 95 puis en 2002 et le promettra en 2007.

    Cà arrange tout le monde : la droite et le medef qui savent qu’ils ne risquent rien, le PS qui est sûr que Royal fera le plein de voix de ceux qui veulenrt chasser la droite et qui ne voient rien de crédible ailleurs,. ça arrange la ligue qui s’assurre son petit succès personnel dans les émission de teleréalité et qui jouit à l’idée de dépasser le PC. ça arrange même MGB car ça lui assure un petit espace à gauche du PS sans trop se poser la question d’une stratégie de dépassement du capitalisme.

    OB, MGB même combat ! (*)

    Alors que l’"on sait très bien que pour offrir des perspectives à ceux qui souffrent dans ce pays, il faut investir tous les lieux de confrontation (et donc de pouvoir) pour remuer les choses, pour bousculer le train train pépère des élus assagis, pour proposer à tous les niveaux des actions unitaires dépassant les logiques de boutiques.....

    (*) ils feront d’ailleurs le même résultats 2 ou 3 % !

  • J’ai eu l’occasion d’apporter mon point de vue ici quant à la désignation du candidat de la gauche anti-libérale. J’espère ardemment que chaque membre du collectif national fera preuve de responsabilité ce week-end en défendant non seulement sa propre opinion, mais en reflétant l’ensemble des opinions diverses et parfois contradictoires qui se sont manifestées et confrontées au sein des collectifs locaux.
    Il va revenir à ces amis et camarades de démontrer qu’ils ont une grande capacité à tenir compte des avis des uns et des autres pour que la gauche antilibérale parvienne à démontrer que la diversité n’est pas antagonique à l’unité. Leur décison pèsera lourd : ou bien ils seront en capacité de prendre en compte cette diversité sans aucune exclusive d’aucune sorte, et ils parviendront très certainement à un accord ou bien chacun campera sur ses positions, en ne faisant valoir que son propre point de vue et nous irons sans doute à l’échec.

    Ce que nous tentons de construire relève d’ une démarche inédite qui bouscule les habitudes et qui a davantage rapport à la dialectique qu’à des schémas politiques traditionnels. Oui la politique ce sont des rapports de forces, mais les rapports de force sont de nature différente selon que ce sont des rapports de classe ou pas. Or objectivement qui dans les collectifs et qui dans notre peuple a intérêt à ce que la gauche antilibérale échoue ? Personne !

    Au contraire nous avons chacun intérêt à son unité dans sa diversité comme exemple même d’un nouveau rapport des citoyens à la politique. Je ne partage pas l’idée selon laquelle, il ne serait pas possible de faire bouger les partis politiques qui seraient figés sur leur position de façon inconditionnelle.

    La démocratie, les luttes, l’intervention des citoyens et la place des individus dans les rapports sociaux sont des éléments consubstantiels des orientations et décisions des partis politiques. Plus l’intervention des citoyens revêt des contenus et inséparablement des formes démocratiques, plus les partis politiques censés représenter les intérêts de ces citoyens sont interpellés et conduits à adopter des positions, des orientations et des propositions démocratiques. Certes ce mouvement n’est pas linéaire, il y a des résistances au changement, et nous en vivons quelques épreuves aujourd’hui. Mais penser que rien ne puisse bouger à gauche, que le Parti socialiste et ses électeurs seraient rangés comme un seul homme derrière Ségolène Royal, que ce parti ne serait pas traversé par de réelles contradictions nous conduirait à tirer un trait définitif sur la possibilité de modifier la donne à gauche et sur l’idée essentielle que le mouvement anti-libéral devienne majoritaire dans les urnes.

    Il ya une époque où l’on disait "que ce sont les masses qui font l’histoire", si aujourd’hui d’autres termes peuvent être employés, le concept est toujours pertinent. Et c’est justement la chance qu’offre la gauche anti-libérale si elle réussit à mettre en mouvement et en éveil les capacités de chaque citoyen qu’il soit membre ou pas d’une organisation.

    Il s’agit de proposer à toutes les victimes du libéralisme, à la majorité de notre peuple, cette nouvelle démarche politique qui consiste à aller vers son collègue, vers son voisin pour débattre de l’urgence de mesures anti-libérales, de l’importance de l’engagement de chacun dans sa singularité, à cent lieues du suivisme et du marketing politicien prôné par Le Pen, Sarkozy ou Royal. Il s’agit de faire émerger une une expression massive des besoins populaires à travers le vécu de chaque personne et de les mettre en relation, voir en conjonction avec notre programme. . Tisser des millions de liens, susciter des centaines de milliers de rencontres, où les gens s’empareront des propositions antilibérales comme élément de réflexion pour leur propre vie et ainsi donner corps et enrichir la perspective de changement profond et durable que nous proposons.

    C’est ce que j’appelle l’autogestion de la politique, dans laquelle , les partis ont leur rôle à jouer. Moins que jamais ils ne doivent être des "avant-gardes à suivre" mais ce qu’on attend d’eux c’est qu’ils vivifient le débat démocratique, l’enrichissent de leur apport spécifique, proposent au mouvement populaire des pistes sur lesquelles il pourrait décider de s’engager. Les partis politiques représentent aussi un vivier de citoyens, des centaines de milliers d’élus et de militants impliqués dans la vie sociale et démocratique animant souvent la réflexion et l’action politique dans la cité, et plus rarement dans l’entreprise.

    Vu de façon dynamique, le rapport social-libéral / anti-libéral au sein de la gauche peut être modifié au profit de ce dernier, tout dépendra vraiment de notre capacité à faire vivre cette autogestion de la politique. Cette nouvelle démarche peut créer un enthousiame de lutte et d’espoir, basé sur une nouvelle conscience de classe dans laquelle les individus ne sont plus des "masses" mais des acteurs engagés et souverains de la transformation sociale.

    Jean-Paul LEGRAND

    http://creil-avenir.com

  • y met un pied dedans
    y met deux pieds dehors
    et vous trouvez çà drôle