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Cotiser plus pour gagner moins
José Ferré sur 15 novembre 2007
Qu’il faille cotiser entre 20 à 42 ans pour bénéficier d’une retraite pleine, selon qu’on est député (20 ans), officier (25 ans), employé de la SNCF, EDF-GDF, RATP (37,5 ans) ou salarié du secteur privé (40 et, bientôt, 42 ans), illustre mal le principe d’Egalité.
Que l’âge du départ à la retraite ou la base de calcul des pensions soient également variables, à la tête du client ou de son métier (salaire de la dernière année, des 10 ou des 25 meilleures années) est tout aussi déplorable, en morale comme en droit.
Mais trois choses sont également inacceptables, qui rendent ce débat confus :
• quid du type qui s’est engagé il y a longtemps dans un métier (mineur, marin, cheminot, etc), dont on compensait les contraintes présentes (modicité des salaires, horaires décalés, déplacements fréquents, dangerosité éventuelle, durée de vie moins longue que la moyenne, etc) par quelques avantages à venir et auquel on dit sans ménagements, en cours de partie : “à partir de maintenant, les règles du jeu changent, ce que tu as donné, ça, c’est fait, ce qu’on te reprend, tant pis pour toi“ ? Quelle confiance accorder dès lors à la parole ou à la signature de l’Etat ?
• quid de l’exemplarité de “la France qui gagne“ : comment est-il acceptable qu’on exige des sacrifices de la part de ceux, qu’avec l’aide des médias, on qualifie abondamment de “privilégiés“, quand on laisse faire ou qu’on encourage les vrais “privilégiés“, en faisant des cadeaux fiscaux aux ménages les mieux dotés, en taxant à la marge les stock options d’un ridicule 2,5%, en continuant d’autoriser des primes scandaleuses accordées à des grands patrons sur le départ, parfois même pour cause d’incompétence, etc ?
De quel principe d’Egalité parle-t-on dans ce cas, sinon d’une égalité à géométrie variable ? Et au nom de quoi serait-elle acceptable sans bruit par ceux qui la voient varier à la baisse ?
• Et enfin, de quoi parle-t-on avec ces durées de cotisation et ces âges de départ à la retraite ? Allons-y pour 42 ans de cotisation, 45 s’il le faut, 50 pourquoi pas : c’est sans doute la durée à laquelle il faudra arriver à l’horizon 2035, si la durée de vie moyenne continue de progresser.
Mais on est en pleine fiction : en 1969, l’âge moyen d’entrée dans la vie active était de 18 ans et 3 mois. Il ne cesse de reculer. En 1999, il était déjà de 21,6 ans (selon le rapport du Sénat linké ci-dessus). Il doit, depuis, avoir largement dépassé les 22 ans (pas trouvé de chiffres).
Chacun connait des jeunes gens qui, passées les études, multiplient stages ou emplois précaires jusqu’à 28 ou 30 ans : ajoutez 42 ou 45 ans de cotisations, vous obtiendrez l’âge d’une retraite pleine.
Mais n’oubliez pas de considérer qu’au-delà de 50 ans, ces mêmes jeunes gens seront condidérés comme trop coûteux, rassis ou obsolètes sur le marché du travail. Loin d’avoir cumulé 40 ou 42 ans de cotisations, ils n’en auront que la moitié.
Le concept de “retraite pleine“ tend ainsi à devenir un mythe désuet ou une légende urbaine.
Que ce débat est maladroit, hypocrite et faussé...
Messages
1. Cotiser plus pour gagner moins, 17 novembre 2007, 10:47
L’Insee révèle les "vrais" revenus
le 15 novembre 2007
L’Insee reconnaît que le niveau de vie des 5 % les plus riches est de 20 % supérieur à ce que les données officielles indiquaient jusqu’à présent. Un coin du voile se lève sur les revenus. L’analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.
http://www.inegalites.fr/spip.php?article772