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Cours de code gratuits

Publie le lundi 1er mars 2004 par Open-Publishing

Au fond de la classe

Cours de code gratuits

Par Sonya FAURE lundi 01 mars 2004

Marie-Thérèse Dufour déplie les petits papiers qu’à la fin du dernier cours les élèves lui ont fait passer. A haute voix, elle lit : « Pour quelles fautes peut-on être licencié ? » « Quand peut-on dire qu’on est victime de harcèlement moral ? » Elle distingue faute sérieuse, grave et lourde : « Sauf exception, elles ne privent pas du versement des Assedic. » Explique la loi de modernisation sociale de 2001 ou la mise en place du RMA (Revenu minimum d’activité).

Marie-Thérèse Dufour est inspectrice du travail à la retraite. Autour d’elle, dans la salle Léon-Jouhaux de la Bourse du travail à Paris, ils sont plus d’une soixantaine venus suivre le deuxième cours gratuit de droit du travail, organisé par le réseau Stop Précarité. Thème du jour : le contrat de travail. Le CDI « qui, contrairement à ce qu’on croit, représente encore 90 % des emplois en France », et les contrats de la précarité - CDD, intérim, temps partiel - qui forment le quotidien de la plupart des « élèves » rassemblés.

« Ce sont des cours de droit du travail, pas des consultations », rappelle Bernard Hasquenoph, membre de Stop Précarité. Tout de même. A chaque nouvel article du code du travail cité par Marie-Thérèse, une main se lève, une voix conteste : « Vous êtes sûre ? Ce n’est pas du tout ce qui se passe dans mon entreprise. » On compare à sa propre expérience : « Mais alors, avoir un contrat intérimaire pendant trois ans, ce n’est pas normal ? »

Créés à l’origine pour lier les jeunes syndicalistes du commerce et de la restauration rapide, les débats de Stop Précarité avaient l’habitude de réunir toujours les mêmes têtes de militants. Les cours de droit du travail, eux, attirent des étudiants, des non-syndiqués, des salariés du bâtiment... « Les précaires ne connaissent pas leurs droits. Tout est fait pour qu’ils ne les connaissent jamais, dit Abdel Mabrouki, syndicaliste de Pizza Hut et membre de Stop Précarité (1). Ça devrait être aux syndicats de combler ce manque... alors on a pris le relais : nous voulons renouer avec la tradition de l’instruction populaire, comme aux premiers temps du syndicalisme. » Un peu de culture générale, beaucoup d’informations juridiques, concrètes, pratiques.

La dernière demi-heure de cours est consacrée aux questions. « A l’école, on nous apprend à travailler, à être utile à l’entreprise, estime un informaticien au chômage. Mais jamais, on ne nous parle de nos droits. » Leila, 25 ans, habite à Bobigny et travaille dans la restauration. « En une session, je me suis déjà rendu compte que je m’étais fait avoir plusieurs fois dans le passé... » Les cours du droit du travail ont lieu chaque premier lundi du mois (2). Ce soir : « Le contrat de travail dans sa durée ».

(1) Abdel Mabrouki vient de sortir Génération précaire au Cherche-Midi.

(2) A 19 heures, à la Bourse du travail, 67, rue de Turbigo, 75003 Paris.
www.stop-precarite.org

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