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Crise d’identité aux ïles Marshall

Publie le samedi 18 février 2006 par Open-Publishing

par Aenet Rowa, Yokwe Online, 13 février 2006
http://www.yokwe.net/index.php?name...

Traduit de l’anglais par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (tlaxcala@tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft.

[NDT : indépendantes depuis 1986 après avoir été une colonie US, les îles Marshall sont une république combinant le système politique occidental (parlement élu qui élit le président) et le système coutumier (un conseil de 12 chefs coutumiers). Les USA disposent d’une très importante base militaire et d’un site d’essai de missiles sur l’atoll de Kwajalein qui est le plus grand atoll du monde avec une centaine d’îles. Cette présence militaire est réglée par la Convention de libre association (Compact of Free Association) entrée en vigueur en 1986. Cette Convention vient d’être renouvelée pour 50 ans, sous le nom de “Compact II”, sans aucune consultation des chefs coutumiers et des propréiatires des terrains concernés.]

Il faut regarder la réalité en face. La coutume marshallienne - le “manit” - est ce qui a soutenu et protégé notre peuple pendant des siècles. Elle est maintenan menacée de disparition. Le seul et unique aspect des valeurs traditionnelles des îles Marshall est le respect pour les Iroij - les chefs traditionnels - et le système foncier.
Certains Marshalliens, poussés par ds forces extérieures et par leurs propres ambitions, sont en train d’essayer de se débarrasser du Manit concernant les chefs traditionnels et la propréité foncière, en utilisant l’espace plitique national et le système judiciaire.
Ils politisent les éléments les plus fondamentaux de la culture insulaire. C’est une trahison de notre identité sociale marshallienne et risque de nous laisser dépouillés de tout.
Les attaques contre notre système coutumier et contre les leaders traditionnels sont en augmentation. L’administration actuelle et certains de ses fonctionnaires ont montré une attitude irrespecteuse à l’égard de nos chefs coutumiers alors qu’ils représentent un gouvernement établi par une constitution qui respecte la légitimité et le rôle des Iroij et de notre culture.

il y a quelques semaines, le parlement national a du ajourner ses sessions de manière abrupte après qu’un sénateur du parti au pouvoir eut fait des remarques désobligeantes sur les Iroij siégeant au Nitijela (parlement) et tenté d’affronter physiquement un leader traditionnel. Les Marshalliens écoutant la radio publique ont été atterrés par ce drame.
Dans un des actes de mépris pour les chefs traditionnels et les droits fonciers marshalliens les plus graves, l’équipe de négociateurs gouvernementaux du “Compact II” ont signé un accord stipulant le prolongement de l’usage militaire (par les USA) de l’île de Kwajalein pour 50 ans à partir de 2016, donc jusqu’en 2066, avec une option pour prolonger cette utilisation de 20 ans, et cela sans avoir associé ni demandé l’approbation des Iroij et des propriétaires des terres de Kwajalein. Ce n’était pas au gouvernement de disposer des terres puisqu’il ne possède aucune terre aux Marshall et que ce sont les propriétaires eux-mêmes qui doivent signer en 2016 l’accord sur l’usage des terres.

Maintenant, dans un amendement à la proposition de Convention constitutionnelle, il est fait mention de ce que le gouvernement possède des terres.
Il est aussi question de mettre des limites aux droits des Iroij à servir comme fonctionnaires élus à l’échelle nationale ou locale.

En 2004 le Jésuite Francis X. Hezel, du Séminaire micronésien http://www.micsem.org avait expliqué, durant les consultations sur l’enregistrement des terres, que, selon la tradition marshallienne, “l’un ou l’autre des chefs suprêmes ou Iroij, possède certains droits sur chaque parcelle de terre, en tandem avec les droits du alab - ou régisseur de terres - et le drijerbal - ou personne vivant sur cette terre.
Cette construction de la culture marshallienne pourrait être mise à bas.
La résolution prise par le chef suprême Mike Kabua au parlement concernant le titre traditionnel de alab (propriétaire de terre) a été mal interprétée comme une affaire “homme contre femme”, alors qu’il s’agit d’un trait culturel distinctif de longue date. Ses connaissances de la culture et des rôles coutumiers a été érodée par ceux qui cherchent à affaiblir l’autorité traditionnelle.

Une interview à la radio australienne a laissé entendre qu’il ne s’agissait là que d’une question de conflit de sexes et qu’il s’agissait d’un “nouvel” effort pour radicaliser la culture marshallienne.

En 1990 l’analyste politique marshallien Norman Mller avait souligné l’importance de l’Iroij (chef suprême) et du système foncier en tant que “base indigène de l’identité sociale aux îles Marshall”.

Cela pose aujourd’hui un problème à certains que l’Iroij soit juste l’Iroij et l’Alab soit juste l’Alab, car ils n’ont aucun égard pour la tradition séculaire qui attache les Marshalliens à leur terre.

Il faut attribuer ce manque de respect à des influences extérieures qui n’ont rien à voir avec l’agenda des Marshalls et se soucient peu du maintien de la culture marshallienne.. Des organisations internationales de bailleurs de fonds et de finances ont exprimé leur opposition au système marshallien de gestion de la terre, la qualifiant de “féodale”. Elles disent que ce système est un obstacle et une barrière institutionnelle pour les investissements étrangers. La nouvelle Loi sur l’enregistrement des terres n’a pas fait grand-chose pour changer le climat entrepreneurial mais a par contre causé beaucoup de perturbations dans les familles, chez les Alab et les Iroij.

“Les chefs d’autres îles ont perdu leurs antiques droits résiduels sur la terre, mais aux Marshall les Iroij continuent à être la voix de la terre”, a dit Hezel.
Tout au long des siècles, les Iroij ont été nos leaders, avant même qu’apparaisse un gouvernement organisé sur le mode occidental. Une telle oppposition à nos leaders traditionnels, indépendamment des positions partisanes, n’a pas de sens.

Combattre les droits fonciers en ignorant les modes traditionnels est un suicide culturel.
Si nous ignorons lles Iroij et perdons notre Manit, nous perdrons notre terre et notre identité.
Regardez Hawaï et les Hawaïens et vous y verrez l’avenir des Marshall et des Marshalliens, si nous empruntons ce chemin.