Accueil > Crucifiés

de ROBERTO ZANINI traduit de l’italien par karl&rosa
On ne doit pas toucher au crucifix dans les salles de classe parce qu’il "est un symbole apte à exprimer le fondement élevé des valeurs civiles, qui sont les valeurs qui dessinent la laïcité de l’organisation actuelle de l’Etat". Cette sentence du Conseil d’Etat atteint un nouveau sommet dans la diatribe sur les symboles catholiques dans les bâtiments publics italiens : justement la laïcité de l’état est le fondement et le motif du crucifix en classe. Voila un juge qui met littéralement une croix sur l’état laïc, et ce n’est pas la seule extravagance. Il y a quelque temps, il y eut un tribunal qui décida de ne pas décider, en se déclarant incompétent à juger des règlements.
C’était la Cour constitutionnelle, l’organisme de garantie le plus haut du pays. Les bienveillants en dirent du bien, naturellement. Les malveillants disent qu’elle raisonna ainsi : si je dis oui à la croix je me fais bouffer par les laïcs, si je dis non je me fais bouffer par les catholiques, si je dis voila comment je me fais bouffer par le parlement. Donc elle ne dit rien. Nombre de tribunaux de tout niveau ont été investis par la question croix, quasiment aucun n’osa sentencier contre le symbole catholique par excellence. Il y aura bien un juge à Berlin, dit quelqu’un qui en voulait au roi de Prusse. Peut être il y en a un à Rome, mais le trouver est un sacré travail.
"Tout institut a le drapeau national et toute salle de classe l’image du Crucifix", dit le décret royal de 1924. "Je prescris que dans les salles d’audience, au dessus du banc des juges et à côté de l’effigie de Sa Majesté le Roi, soit remis le crucifix selon notre ancienne tradition" - ça, c’est le ministre Rocco, celui du code, en 1926. Cela paraît impossible, mais les normes qui crucifient les écoles et les tribunaux résistent au temps et aux intempéries, y compris la fin du catholicisme en tant que religion d’état, décidée il y a plus de vingt ans. Dans un pays normal le parlement aurait profité de ce raisonnable laps de temps pour approuver des lois et clore la question. Mais aucun pays normal n’a le Vatican à ses frontières et justement l’avocat de l’état, de ce fameux état laïc, a soutenu en audience la nécessité de la décoration catholique derrière la maîtresse, naturellement au nom des valeurs communes.
Il est compréhensible que la droite confessionnelle festoie - on l’aurait dite jadis clérico fasciste, mais donnez-lui du temps, pour le fasciste elle est en train de s’équiper. Moins compréhensible le fait que même pas un seul représentant de la gauche n’ait senti le besoin de commenter, à l’exception des radical-socialistes, plus seuls qu’une particule de sodium dans une bonne eau minérale. La bataille pour la laïcité dans ce pays est presque complètement à charge d’une astronome, Margherita Hack - honneur au mérite - et presque pas du tout de députés ou de sénateurs qui, ces cinq dernières années, ont produit au maximum une poignée d’interpellations.
Le fait est que la croix est très populaire, qu’elle soit juste ou pas cela passe au deuxième plan. Un vrai bonheur que les laïcs italien soient des personnes bien éduquées et les Islamistes des gens tolérants. Si les rôles étaient inversées, un adhérent moyen de la Ligue aurait déjà fait des malheurs.
Messages
1. > Crucifiés, 25 février 2006, 09:46
Nous rendons compte aussi de ce qui se passe en Italie sur le blog de l’Association des athées des Pyrénées-Orientales à l’adresse :
URL ://associations.midiblogs.com
2. Réedission n°1 aprés censure, 25 février 2006, 11:05
interdire les signes religieux dans une école est il un signe de fanatisme athé ?