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Cuba est plus qu’une démocratie

Publie le vendredi 24 novembre 2006 par Open-Publishing
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Cuba face à l’empire

de Carlos Rena

”La démocratie doit être un début et non une fin”, me rappelait Julio Anguita quand, encore Secrétaire Général du PCE, il assistait au spectacle de certains députés et membres du gouvernement espagnol qui s’emplissaient la bouche de ce mot sacré comme si, en vérité, ce mot avait eu un sens pour eux et comme si l’Espagne avait franchi le Rubicon. C’était pathétique d’écouter un franquiste comme Fraga Iribarne ou un soi disant socialiste comme Felipe González étaler leurs leçons de démocratie.

Le temps a remis chacun à sa place et, aujourd’hui, cette démocratie pour laquelle nous avons combattu dans la clandestinité, mais pour laquelle on continue de lutter encore au XXIº siècle, (la loi sur les Partis Politiques qui contrôle ces collectifs est une aberration juridique aussi grande que l’Europe, votée pour museler l’opinion de centaines de milliers de citoyens) puisqu’elle n’est que l’ombre, que l’ébauche de ce dont quelques uns parmi nous, Espagnols, rêvions.

Depuis plus de 28 ans, une monarchie de la famille des Bourbons, imposée par la dictature franquiste, préside une nation qui singe le mauvais exemple d’autres nations dont les électeurs ne peuvent pas prendre part aux décisions les plus fondamentales, ni avoir un réel pouvoir de décision dans des sujets politiques importants (par exemple : approuver l’invasion d’un pays, l’envoi de troupes en Irak ou au Liban), autrement qu’au travers de ces groupes de pression, dirigés, sauf honorables exceptions, par un homme d’affaires plus que réactionnaire, auxquels on donne le nom de partis politiques et dont les militants décident (ou pas) au nom de millions de citoyens, de tout ce que ces mêmes citoyens ne peuvent éviter.

En effet, est-ce l’électeur espagnol qui décide du montant des loyers, du prix de l’essence, du prix du lait, des fruits et des légumes, du téléphone, de l’électricité, de l’eau ? Est-ce qu’il décide, par hasard, qui doit être le directeur des écoles, des entreprises, des trusts, des lycées, des universités ? Est-ce qu’il décide, par hasard, ce citoyen, qui doit être inscrit sur la liste des candidats présentés par un parti politique ? Sait-il pourquoi on tire à boulets rouge sur Euríbor, très nuisible et complexe bestiole qui détruit la fragile économie d’une famille, hypotéquée pendant plus de trente ans ? Sait-il pourquoi son salaire se dévalue sans arrêt devant la hausse du prix des biens les plus élémentaires ? En somme, pourquoi le peuple espagnol serait-il intéressé par la politique, comment peut-on parler de démocratie alors qu’il est absolument certain que, lors des dernières élections, moins de 51 % des électeurs ont participé au vote ? Heureusement, il existe des pays où le mot « parti » a une signification unique : le peuple. Tout le peuple.

Dans son étude « Notre Chemin : Analyse du processus de rectification » le philosophe, écrivain et essayiste cubain Darío Machado (1) avait écrit il y a déjà quelles années : « .nous sommes parfaitement conscients, nous, les sociologues politiques, de ce paradoxe plein d’ironie qui consiste à exiger de nous, Cubains, des formes apparentes de démocratie, comme par exemple le pluripartisme, formes qui, depuis bien longtemps, ne peuvent faire valoir rien d’exemplaire à ce sujet ».

Après le triomphe de la Révolution sur la dictature de Batista, Cuba a trouvé son propre modèle de démocratie basé sur un système économique et politique qui se donnait comme but, avant toute autre condition, la justice, la pleine souveraineté et l’égalité des chances pour tous les citoyens en garantissant à la population son droit inaliénable à l’éducation, à la santé, à un logement décent, à l’accès à la culture et au sport et qui, en outre, garantissait l’indépendance du pays et l’identité du peuple cubain.
Bien que de nombreuses démocraties fondées sur le multipartisme, tenues à l’oil par les grandes multinationales et qui ne peuvent afficher plus rien d’exemplaire dans le domaine des droits fondamentaux de la personne humaine, déclarent qu’elles sont parvenues aux mêmes ou équivalentes conquêtes que celles atteintes dans l’île, rien n’est plus éloigné de la réalité dans la mesure où ces mêmes partis politiques dont les principaux chefs ne se présentent jamais devant leurs concitoyens mais figurent sur des listes fermées que la majorité de la population ignore, passent leur temps à afficher des programmes d’action politique intérieure ou extérieure qu’ils ne réaliseront jamais, dans des meetings où le mensonge est le but principal puisque ces promesses qu’ils font aux éventuels électeurs jamais ne deviennent réalité, sauf rares exceptions sur des points très particuliers comme, par exemple, la décision du président Zapatero de retirer ses troupes d’Irak tout en bénissant cette invasion illégale et, donc, tout en faisant alliance, au final, comme toute la Communauté Levinsky (je veux dire l’Europe), avec un personnage aussi fascisant que George W. Bush.

Aujourd’hui, on peut dire sans crainte d’être démenti, qu’aux EE UU, la censure, la surveillance et l’espionnage des personnes, la délation, les détentions arbitraires et les exécutions sommaires dictées par des tribunaux militaires transforment le pays en un immense camp de concentration dans lequel la participation politique du citoyen se borne exclusivement à déposer un bulletin dans une urne une fois tous les quatre ans. Le succès de cette formule est si grand que plus de la moitié de la population refuse d’exercer ce droit parce qu’elle le considère totalement inutile sachant que l’un et l’autre des deux partis, le Républicain ou le Démocrate, sont pratiquement jumeaux. Bipartisme exporté avec succès en Europe, laquelle évolue entre deux courants libéraux qui rivalisent de radicalité, mais sans que le citoyen ait pour autant une chance réelle de voir sa vie s’améliorer. Aucun système qui se dise démocratique ne peut refuser à ses citoyens le premier de ses droits : une économie au service de la société, laquelle à son tour garantira les autres droits.

A Cuba, cette démocratie s’incarne dans un véritable socialisme qui, malgré les attaques et le blocus qui ont coûté au pays des milliards de dollars (blocus condamné par l’ONU des dizaines de fois sans que les EE UU aient tenu compte une seule fois de ce qui leur était demandé), a su atteindre des niveaux planchers de subsistance et de développement et placer Cuba en tête de tous les pays d’Amérique Latine pour l’indice d’espérance de vie, à la queue pour celui de la mortalité infantile, faire de Cuba le premier pays à avoir éradiqué totalement l’analphabétisme (ce que ni les EEUU, ni l’Espagne n’ont encore réussi à faire) avec un niveau d’assistance sanitaire dont sont exclus 46 millions de personnes aux USA. Bref, Cuba est un pays qui dépasse bien d’autres pays de la même zone géographique, même si on exhibe des chiffres faux et trompeurs comme le produit intérieur brut, le salaire moyen, etc. En effet, l’économie de marché est incompatible avec la véritable démocratie, avec les authentiques droits de l’homme.

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ces soi disant démocraties à partis multiples se sont efforcées de détruire le socialisme et elle y sont parvenues, du moins dans ce qu’il est convenu d’appeler la zone d’influence soviétique, mais elles n’ont pas réussi à faire disparaître le système politique et social que la Chine défend avec un succès économique étonnant même si certains orthodoxes taxent d’hypocrisie et trouvent indéfendable un système où une double économie a élevé au rang de millionnaires quelques individus pendant que des millions d’autres continuent de vivre plongés dans la pauvreté. En supposant même que telle soit la réalité, la Chine continue de développer des programmes d’une extraordinaire portée politique et sociale pour parvenir à ce que le plus grand nombre, et particulièrement la population paysanne, accèdent aux biens et aux avancées des sociétés urbaines. De quel droit exige-t-on des autres ce qu’on est soi même incapable de réaliser chez soi ?

Il est évident que les formes d’organisation sociale expérimentées en Europe n’ont rien à offrir à Cuba. L’exemple des Etats-Unis n’est pas non plus valable, parce que leur régime politique écrase les droits de l’homme en discriminant les minorités ethniques, en établissant d’énormes inégalités sociales, et parce que leur système électoral compliqué, dominé par la propagande et l’argent, est entre les mains des classes les plus riches. Aux Etats-Unis, un président est élu par à peine plus du quart de la population puisque l’abstention, en hausse constante, démontre la totale indifférence de la masse des électeurs et leur désenchantement en ce qui concerne leur participation à la vie politique. Au delà du pluripartisme, on peut affirmer que l’économie de marché et le néolibéralisme sauvage ont déjà connu leur temps dans l’histoire Cubaine (Machado, Batista) et ils n’ont pas résolu les grands problèmes de société cubaine d’alors.

Un examen méticuleux du monde d’aujourd’hui a enrichi l’expérience des Cubains. Ils observent la partie positive (insignifiante) et la partie négative (bien plus grande) des sociétés contemporaines de ce dénommé premier monde. Dans cette île, où presque 90 %de la population dispose de l’électricité, d’eau potable, de la santé, d’un travail et de l’éducation, on peut aussi affirmer qu’un système à l’européenne supprimerait d’un revers de main tout cet état de choses et creuserait un énorme fossé entre les citoyens en instaurant un système fondé sur la domination des classes sociales les plus élevées, la différenciation, l’injustice, la violence policière, la censure, la surveillance extrême, la délation et l’inégalité la plus vile. Ce n’est pas là un modèle dont rêvent les Cubains. Leur modèle est sûrement perfectible, mais le citoyen comprend parfaitement que le blocus assassin qu’on lui applique depuis 45 ans empêche un progrès qui n’est certes pas rapide, mais qui est cependant constant. La « période spéciale » qui a marqué toute une génération a été enterrée définitivement et les bonnes relations avec des pays comme le Venezuela, la Bolivie ou la Chine garantissent que les progrès vont être visibles même si, j’insiste, les transports urbains ou le logement dans les grandes agglomérations sont encore un grave problème qui reste à résoudre. Mais des milliers de citoyens, de responsables politiques, de vrais démocrates y travaillent malgré les énormes difficultés pour accéder aux matériaux de construction à cause de l’embargo et malgré l’agressivité permanente déployée par les USA qui font même du chantage auprès des autres pays qui conservent des relations commerciales avec Cuba. Le processus démocratique cubain s’est donc développé au milieu des agressions permanentes de l’impérialisme.

Le but de la démocratie cubaine c’est que tout citoyen se sente et se sache partie intégrante du peuple, partie fondamentale de la société, à égalité de conditions et de chances. L’idéal que poursuit la démocratie socialiste cubaine ne peut se fonder sur la formule de l’offre et de la demande pour assigner à chacun un salaire résultat d’un marché dirigé par des mains privées, péniblement promu par la publicité et le mensonge. La démocratie socialiste cubaine ne peut tomber dans le piège d’assimiler le bonheur et le bien être seulement à la possession de biens matériels. Ici, on aspire à offrir une consommation responsable, adéquate, capable aussi de créer les conditions qui assureront un développement plus complet de la personne humaine, en rejetant l’idée d’élever à la catégorie de religion la possession d’objets superflus présentés comme indispensables par des spots télévisés, des placards dans la presse et des annonces à la radio, des concours, etc., alors que ce qui est réellement nécessaire n’est l’objet d’aucune promotion ni publicité.

La démocratie socialiste a exigé une Révolution et du temps pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui et elle a bénéficié d’un lent perfectionnement continu en s’encrant et en se développant dans la conscience et dans l’énergie des travailleurs. Et elle a eu besoin de leur union. Dans la société cubaine s’est développée, en même temps, une culture qui permet à un nombre toujours plus élevé de citoyens de comprendre que leur vie de chaque jour et leur participation aux tâches de la société sont essentielles pour construire un Etat dans lequel tous les individus se sentent égaux dans les domaines fondamentaux.
En guise de simple information et puisque aucun media écrit ne l’a jamais publié en Espagne, voici les principales caractéristiques du système politique électoral cubain.

1. L’inscription sur les listes électorales donnant le droit de vote est universelle, automatique et gratuite pour tous les citoyens à partir de 16 ans.

2. Le choix des candidats est fait directement par les électeurs eux-mêmes au cours d’assemblées publiques (dans nos pays « démocratiques », ce sont les partis politiques qui désignent leurs candidats)

3. Il n’y a pas de campagnes électorales discriminatoires, à coup de millions, conquérantes, diffamatoires et manipulées.

4. Il y a une honnêteté et une transparence totales dans les élections. Les urnes sont gardées par des enfants et de jeunes pionniers ; on les scelle en présence de la population et le décompte des voix est public, ouvert à la presse nationale et étrangère, aux diplomates, aux touristes et à toute personne qui veut y assister.

5. Tout élu doit avoir obtenu la majorité des suffrages. Un candidat n’est élu que s’il obtient plus de 50% des voix exprimées. Si ce résultat n’est pas atteint au premier tour, les deux candidats arrivés en tête sont départagés par un second tour.

6. Le vote est libre, secret. Tout citoyen cubain a le droit d’élire et d’être élu. Comme il n’y a pas de liste de parti, on vote directement pour le candidat de son choix.

7. Tous les organes représentatifs du Pouvoir d’Etat sont élus et renouvelables.

8. Tous les élus sont tenus de rendre compte de leur action.

9. Tout élu peut être révoqué à n’importe quel moment de son mandat.

10. Les députés et délégués ne sont pas des professionnels, donc ils ne touchent aucun salaire.

11. Au cours de toutes les élections qui ont eu lieu depuis 1976, plus de 95% des électeurs inscrits ont voté. En 1998, pour l’élection des Députés à l’Assemblée Nationale, la participation a été de 98,35% du corps électoral, 94,98% de bulletins exprimés, 1,66% de votes nuls et 3,36% de votes blancs.

12. Les députés à l’Assemblée Nationale (le Parlement) sont élus pour un mandat de 5 ans.

13. Le Parlement est représentatif des secteurs les plus variés de la société cubaine

14. On élit un député pour 20 000 habitants ou un député par tranche supérieure à 10 000. Tous les territoires communaux sont représentés à l’Assemblée Nationale et le noyau de base, la circonscription électorale, participe activement à sa composition. Chaque commune élit, au minimum, 2 députés et ce nombre atteint, on élit autant de députés que nécessaires par tranches de 20 000 habitants. 50% de l’ensemble des députés doivent être élus par les circonscriptions électorales et ont donc obligation de résider dans leur circonscription.

15. L’Assemblée Nationale élit, en son sein, le Conseil d’Etat et le Président de ce Conseil d’Etat. Le Président du Conseil d’Etat est le Chef de l’Etat et le Chef du Gouvernement. Cela signifie que le Chef du Gouvernement cubain doit être élu deux fois : d’abord être élu comme député par la population au cours d’un vote libre, direct et secret, ensuite il doit être élu par les autres députés également au cours d’un scrutin libre, direct et secret.

16. Comme l’Assemblée Nationale est l’organe suprême du Pouvoir d’Etat et comme les fonctions législatives, exécutives et judiciaires dépendent d’elle, le Chef de l’Etat et du Gouvernement n’a pas le pouvoir de la dissoudre.

17. L’initiative législative est le patrimoine de multiples acteurs de la société, pas seulement des députés, du Tribunal Suprême et de la Chancellerie, mais aussi des organisations syndicales, étudiantes, de femmes, sociales et des citoyens eux-mêmes et pour cela, il faut et il suffit que soient recueillies au minimum 10 000 signatures d’électeurs inscrits sur une pétition de loi nouvelle.

18. Les lois sont soumises aux députés pour un vote à la majorité. Trait spécifique de la méthode cubaine : un projet de loi n’est pas soumis au vote du Parlement réuni en assemblée plénière tant que n’aura pas été trouvé un consensus majoritaire pour son examen et son adoption. Ce consensus est recherché par un va et vient répété de consultations avec les députés ce qui permet d’intégrer à ce projet les amendements et les propositions faites par les députés. L’application de cette méthode prend un intérêt tout particulier quand c’est la participation de la population qui entre en jeu, à côté des députés, dans l’analyse et l’examen des questions stratégiques. Dans ces cas-là, le Parlement se transporte sur les lieux de travail, usines, université, coopératives agricoles, et la démocratie directe et participative devient réalité.

Telle est essentiellement la démocratie cubaine, le système que l’immense majorité des Cubains ont institué, ratifié et défendu. Cependant Cuba n’a nullement la prétention de l’imposer à aucun autre pays. Elle ne claironne pas avoir atteint un niveau de développement démocratique parfait. La principale qualité du système politique cubain c’est sa capacité à s’améliorer en permanence, selon les besoins qui surgissent et que fait apparaître le but recherché : obtenir une participation pleine, véritable et systématique du peuple dans la construction et le contrôle de la société, essence même de toute démocratie. Le Parti Communiste cubain qui n’a pas le droit de présenter des candidats officiellement est le garant de la Révolution. Les gens s’expriment en son sein. Les gens le nourrissent et le font vivre avec leurs propositions constantes et leurs discussions.
Mais examinons aussi comment la Révolution, c’est à dire le peuple cubain, fait face aux différents problèmes de tous les secteurs de la société.
L’Enfance et la jeunesse

L’Etat protège les droits de l’enfant à travers la Constitution de la République à travers les divers codes, lois, et décrets-lois qui en émanent. Entre autres : Le Code de l’Enfance et de la Jeunesse, le Code de la Famille, le Code Civil et le Code Pénal. Cuba a un grand nombre de mesures législatives, judiciaires, administratives et d’autre nature en rapport avec les droits de l’enfant qui permettent de gérer les diverses questions en rapport avec la maternité, la paternité et la filiation en général.

Adjointe à l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire, fonctionne, avec un statut d’organisme permanent, la « Commission des Soins à l’Enfance, à la Jeunesse et pour l’Egalité des Droits des Femmes » qui, sur les questions de protection, développe son action en aidant le Parlement et le Conseil d’Etat pour plus d’attention apportée à l’enfance, à la jeunesse et aux femmes.

Les droits des enfants cubains sont protégés par la mise en place, l’application et l’évaluation de politiques sociales, de programmes et de projets spécifiques dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la sécurité sociale, et d’autres, par le lancement de programmes comme celui de l’Attention Materno-Infantile qui inclut divers objectifs lesquels, pour leur plus ample développement, sont devenus à leur tour des programmes ; citons : le Programme pour la Promotion de l’Allaitement Maternel, le programme pour la Réduction du Faible Poids à la Naissance, celui pour le Développement de la Périnatalogie, pour la Lutte contre les Maladies Diarrhéiques Aigües, celui contre les Infections Respiratoires Aigües, le programme National d’Immunisations, celui pour une Prévention et Diagnostic Précoce des Maladies Génétiques, celui pour l’Action contre les Accidents dont sont victimes les moins de 20 ans, celui pour une Maternité et une Paternité Consciente, celui pour la Prévention et le Contrôle des Syndromes Neurobiologiques Infectieux et le Plan du Contrôle du Suivi de la Croissance chez l’enfant de moins de 5 ans.

Cuba a été le premier pays à signer la Convention sur l’élimination de toutes les formes de Discrimination contre les Femmes et le second à la ratifier. En 1996, le rapport remis par le Comité d’Experts de la CEDAW (en Français : Comité pour l’Elimination de la Discrimination à l’égard des Femmes) rend hommage au travail réalisé par Cuba en faveur de ces droits humains, et cela : « .en dépit des circonstances économiques et politiques dans lesquelles se trouve le pays depuis 1989, qui sont la conséquence de l’escalade opérée dans la mise en place du blocus économique par les Etats-Unis et qui ont eu des répercussions sérieuses sur la situation de la femme et de l’enfance et ont conduit à la détérioration de la qualité de vie du peuple. Cependant Cuba n’a pas cessé d’avancer vers la réalisation d’une totale égalité entre les sexes. »
Education

Le principe de base est la participation démocratique de toute la société dans les tâches de l’éducation du peuple. Ce principe assimile la société à une grande école, exprime le caractère démocratique et populaire de l’éducation cubaine ; celle-ci s’étend non seulement à toutes les zones et régions du pays, mais concerne toutes les couches de la population. Et le caractère transcendant en est le suivant : c’est le peuple qui participe à la réalisation et au contrôle de l’éducation et qui garantit son développement. Après 40 ans, Cuba dispose d’un système scolaire gratuit et d’une effective couverture nationale.
Santé et soins médicaux.

A l’étape prérévolutionnaire ; l’attention médicale et hospitalière se caractérisait par la prédominance de services privés et mutualistes. Cette modalité empêchait l’accès aux soins des personnes aux revenus les plus bas qui n’avaient pas d’autre solution que le recours aux Casas de Socorro (Centres de Secours) qui s’occupaient en priorité des urgences. Les installations et le personnel médical étaient, pour l’essentiel, concentrés dans à la capitale où l’on trouvait 65%du corps médical et 62% des lits disponibles. Dans les zones rurales, il n’existait en pratique aucune assistance médicale et il n’y avait qu’un seul hôpital rural.

Dès le triomphe de la Révolution, on a commencé à travailler à la mise en place du Système National de Santé qui a permis aux travailleurs du secteur santé d’intervenir jusque dans les zones les plus reculées du pays. Le système ainsi créé a commencé à réaliser d’importantes réformes à partir des années 60, comme partie fondamentale des transformations de la période révolutionnaire et application du respect le plus absolu d’un des droits fondamentaux de tout citoyen. On peut affirmer, aujourd’hui, comme le constatent divers organismes internationaux qui dépendent de l’ONU, que le niveau des soins médicaux dont bénéficie l’ensemble de la population, à Cuba, dépasse celui de tous les autres pays d’Amérique Latine ; y compris celui des Etats-Unis :
Culture.

La préoccupation constante de la Révolution pour le développement de la culture, en suivant la recommandation de José Martí « Un peuple cultivé est un peuple libre » a été un pilier fondamental sur lequel a reposé le développement de la société cubaine dans ce domaine. Depuis 1961, deux ans après le triomphe de la Révolution seulement et comme élément d’une politique définie et mise en ouvre par l’Etat, fut menée à son terme la Campagne d’Alphabétisation qui commença à combler le fossé entre les riches et les pauvres, entre la ville et la campagne. Malgré les remarquables succès obtenus dans ce domaine, le pays se lance cependant dans une véritable révolution culturelle dont le but fondamental est d’apporter la culture à tous les citoyens avec la volonté de parvenir à un développement complet de chaque citoyen. Pour la réussite de ces aspirations, il existe un ensemble imposant d’institutions, d’organismes, d’entreprises ou de fondations ainsi que des biens et des industries culturelles dont la liste serait aussi longue qu’impressionnante par leur diversité et leur efficacité.

Droits de l’homme

Dans sa campagne contre Cuba, Washington et la C E prétendent démontrer l’incompatibilité du système politique établi par la Constitution du pays avec quelques unes de règles internationalement acceptées dans le domaine de la démocratie et des droits de l’homme et il fabriquent l’image d’une société cubaine intolérante, qui ne permet pas la moindre diversité ni pluralité politique. Pour ce faire, ils peuvent compter sur de puissants moyens de propagande et d’énormes moyens financiers qu’ils utilisent pour recruter, organiser et financer des groupuscules contrerévolutionnaires présentés comme « l’opposition politique » tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Mais aucun de ces pays qui brandissent bien haut le drapeau des droits de l’homme n’ose piper mot quand on lui rappelle les millions de personnes qui, sur son propre territoire, ne peuvent disposer du minimum (nourriture, éducation, logement, travail et soins médicaux). Cuba pourtant, est parvenu à ce que 95% de ses citoyens puissent disposer de ces biens dans une mesure digne, suffisante, mais qui impose cependant à l’Etat l’obligation de continuer à les améliorer.

Les mandataires du dénommé premier monde refusent d’accepter que les droits de l’homme dont ils parlent ne sont rien d’autre que les droits des patrons lancés dans la course à l’accaparement des biens et des richesses du pays à travers des organismes bancaires toujours entre des mains privées. Un contrat de fait est passé entre le gouvernement et un collectif de personnes influentes et dotées d’un formidable pouvoir économique pour le contrôle absolu de toutes les industries, depuis l’armement jusqu’aux moyens de communication.

Je ne peux m’empêcher, pour en finir avec la question de savoir s’il y a ou non une démocratie à Cuba, de rappeler cette excellente remarque de Marta Harnecker (2) éminente psychologue chilienne qui a dit :

« Nous ne devons tomber ni dans le fétichisme du pluralisme ni dans le fétichisme du parti unique. Il y a des types de pluripartisme qui sont purement formels. Cela se produit quand il y a des partis différents mais qui ont un programme très semblable comme c’est le cas du Parti Républicain et de Parti Démocrate aux Etats-Unis. Mais cela ne veut pas dire qu’il en soit toujours ainsi. Il existe des formes de pluripartisme dans lesquelles les différents partis reflètent réellement différents intérêts de classe comme cela est le cas dans quelques pays européens. De la même façon, le parti unique - qui a été un instrument efficace dans quelques pays socialistes - peut dériver, si on en exclut le débat interne et toute forme de contrôle populaire sur ses militants, (comme cela s’est produit dans les pays socialistes de l’Est) en une dictature du parti. Dans ces pays-là, le parti avait perdu son caractère d’instrument pour devenir un objectif en lui-même, totalement déconnecté des masses.

Et que pouvons-nous dire sur le sujet tellement rebattu du parti unique à Cuba ? La première chose dont nous devons tenir compte c’est la réalité historico-sociale qui existe dans ce petit pays, à 90 milles de l’empire le plus puissant du monde et nous devons nous demander quelle structure politique et quels outils de direction Cuba devait-elle se donner pour mener sa lutte pour une libération nationale et pour le socialisme ».
Et elle poursuit après avoir analysé le processus révolutionnaire :
« .Pourquoi, aujourd’hui, quand la direction cubaine affirme que Fidel Castro peut compter sur l’immense soutien de la population, on ne permet pas la création d’autres partis ? Je pense que la comparaison suivante peut permettre de comprendre le refus cubain du multipartisme. Posons-nous la question : pourquoi a-t-il été si important, pour l’avenir de Cuba, d’écraser les plans que l’impérialisme avait ourdis lors de l’invasion de Playa Giron ? Parce qu’il était fondamental d’empêcher que s’établisse une « tête de plage » contrerévolutionnaire qui aurait permis ensuite d’installer, sur le territoire cubain, un gouvernement provisoire qui aurait aussitôt reçu l’appui des Etats-Unis pour commencer la reconquête, à partir de là, du reste du territoire. Eh bien, de la même façon, permettre la création, à Cuba, d’autre partis politiques en cette période-ci reviendrait à accepter, sur le territoire national, une « tête de plage » politique qui servirait pour faire entrer par ce canal toutela propagande politique et tous les moyens de la contrerévolution en place à Miami et ceux du gouvernement même des Etats-Unis. Il serait absurde qu’après 40 ans de développement indépendant et souverain, sous prétexte de satisfaire la demande de quelques secteurs autoproclamés « démocrates conséquents », les Cubains cèdent cet espace à la contrerévolution et de façon gratuite. Ce serait là une énorme naïveté politique. L’histoire nous a bien assez démontré la naïveté politique de Gorbatchev qui a conduit au désastre le camp socialiste pour que nous évitions de recommencer pareille erreur ».

Quelle déception pour les éternels devins le fait que Cuba ait élaboré une démocratie qui évolue de façon constante vers une pleine souveraineté. Il n’y a pas de doute, Cuba est aujourd’hui davantage qu’une véritable démocratie, c’est une société unique, exemplaire et surprenante qui, même sans Fidel Castro, poursuivra sa route vers ce futur dans lequel on peut entrevoir un monde meilleur, possible, désirable et auquel on ne peut renoncer.

Notes

(1) - Darío Machado est né à Sagua la Grande, Villa Clara, Cuba. Il est chercheur, membre du Conseil Supérieur des Sciences et membre de l’Académie des Sciences de Cuba ; licencié en Sciences Politiques de l’Université de la Havane. Il est membre des conseils éditoriaux des revues théoriques Cuba Socialiste et Contrecourant. Il est membre du Groupe d’Experts du Programme des Sciences et Techniques de la Société Cubaine, Défis et Perspectives ; professeur adjoint à l’Institut International de Journalisme José Martí, à l’Institut Supérieur Adriana Corcho et à l’Université des Sciences Informatiques.

(2) - Source : La Page de Harnecker - (Rebelión - 19 mai 2002) : « Le Parti Unique à Cuba et la Question de la Souveraineté Nationale ». Née dans une famille allemande immigrée au Chili dans les années quarante, après des études universitaires, elle voyage à Cuba en 1960 où elle adhère à la révolution, ce qui détermine son avenir professionnel et intellectuel, lui fait prendre des distances avec les mouvements catholiques auxquels elle appartenait. Elle poursuit sa carrière de sociologue et de psychologue à Paris où elle rencontre le philosophe marxiste Luis Althusser, son grand maître. Elle retourne au Chili où, pour payer ses études, elle doit travailler comme employée dans une librairie. Elle publie : « Les concepts élémentaires du matérialisme historique », lecture devenue incontournable dans les lycées et universités. Elle a milité dans le Parti Socialiste apportant son soutien au gouvernement d’Unité Populaire de Salvador Allende, mais, après le coup d’état fasciste de Pinochet, en 1973, elle doit s’exiler à Cuba où elle a travaillé comme journaliste, professeur et intellectuelle jusqu’au début de ce siècle. Elle réside actuellement à Caracas, où elle travaille pour le gouvernement d’Hugo Chávez.

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=37554

Messages

  • Comment est révoqué un élu ? D. Lemercier

  • Je suis entièrement d’accord. Cuba est une démocratie exemplaire que le monde entier envie. Tous les citoyens sont à égalité devant la misère et personne sans exception ne peut s’exprimer librement. De ce point vue il n’y a pas de privilèges.

  • Attention de ne pas faire de raccourci trop rapide sur la chine. C’est de fait beaucoup plus complexes qu’il n’y parait. Exemple d’actualité La chine veux mettre en place un système de code du travail. Période d’essai limité à un mois puis CDI. Temps de travail limité à 44 heures. Obligation de négocier des conventions collectives, accord du syndicat pour les licenciements collectifs. La multinationale WALT MART qui ferme des magasins aux USA pour ne pas permettre la mise en place d’un syndicat. a été contrainte d’en accepter dans 62 de ses magasins Chinois. Cette volonté de mettre en place un minimum de droit c’est aussitôt heurté aux multinationales américaines et autres, la chambre de commerce américaine de Shangaî menaçant les autorités chinoises de délocalisation. Simple à dire, pas simple à faire, le poids économique de la Chine est tel qu’elle peux ignorer relativement ce genre de pression. Elle dépasse désormais le Japon pour les avoir en dollar, elle met en fabrication des ordinateurs équipés de ses propres processeurs (échappant ainsi à INTEL ou à AMD). 2008 elle produira son propre moyen courrier.

    Bernard Trannoy

    • Qu’on le veuille ou non Cuba est la meilleure démocratie actuelle dans le monde.C’est d’ailleurs pour cela que les fachos et le gouvernement des USA attendent la mort de Fidel espérant pouvoir changer cette démocratie qui les dérange tant.

      François.

    • Quand est-ce que nous allons franchir le mur de la propagande impérialiste, de la dictature des médias "occidentaux" ? Vous voulez un exemple du totalitarisme ? Lisez la Propagande de la Poste en voie de privatisation : les facteurs doivent travailler gratuitement plusieurs jours par an (distribution de prospectus, on a aussi tenté de les faire enquêter sur le train de vie de leurs "clients") reçoivent 3 journaux richement illustrés par mois, sans compter les imitations de tracts syndicaux, les campagnes de pub dans lesquelles nous sommes sommés de nous intégrer. La surveillance au boulot de chaque instant pour les guichetiers, un "breefing" quotidien, des entretiens complets trimestriels afin de préparer l’entretien annuel d’appréciation pour l’attribution de la note dont dépendent certaines misérables primes (en attendant les amendes sur les salaires comm autrefois ? ) JdesP